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Un programme pédagogique qui alerte sur la pollution de l’air

 

Un programme pédagogique pour alerter sur la pollution de l'air 1Par Victor Hugo Espinosa, ingénieur spécialiste en risques majeurs, Président de la Fédération L’Air et Moi.

 

 

 

Rien de mieux que des travaux pratiques pour comprendre la pollution de l’air et son impact sur la santé ! C’est l’objet de la formation organisée ce mercredi 7 novembre par AtmoSud, en partenariat avec Les Petits Débrouillards PACA.

« Nous respirons 15 000 litres d’air par jour, un air souvent pollué, qui a des conséquences sur notre santé. Notamment pour un grand sportif qui peut inspirer jusqu’à dix fois plus d’air quand il fait du sport. C’est pour cette raison que nous recommandons à la population d’éviter de faire du sport lors des pics de pollution.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la pollution de l’air est désormais le premier facteur environnemental affectant la santé et causant en moyenne chaque année la mort prématurée de sept millions de personnes dans le monde, dont 500 000 en Europe (48 000 en France). Les femmes et les enfants pauvres paient un lourd tribut à la pollution de l’air intérieur, car ils respirent les fumées et la suie que dégagent les fourneaux à bois ou à charbon mal ventilés.

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Un filtre d’AtmoSud testé dans le tunnel de La Major à Marseille : vierge (blanc) et noir en 30 minutes !

Depuis juin 2012, les gaz d’échappement des moteurs diesel sont classés parmi les « cancérogènes certains » pour les humains par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l‘Agence contre le Cancer de l’Organisation mondiale de la santé.

Une croissance incroyable des sources de pollution.

D’une part, le parc automobile mondial était en 1907 de 25 000 automobiles. En 2010, un siècle plus tard il dépasse le milliard. De son côté, la production mondiale de produits chimiques a explosé, passant d’un million de tonnes en 1930 à plus de 400 millions aujourd’hui. Or, on ne connaît l’impact toxicologique que de 3 000 substances sur les 100 000 commercialisées en Europe. On estime aujourd’hui à 37 millions le nombre de substances chimiques utilisées par l’homme.

En plus de conséquences sanitaires, la grande majorité des experts mondiaux est unanime pour affirmer que l’activité humaine menace notre Planète, avec le réchauffement et les dérèglements climatiques dus notamment à l’augmentation du GES (gaz à effet de serre).

La pollution de l’air est une aberration économique. 

Un rapport du Sénat chiffre la pollution de l’air en France chaque année à 101,3 milliards d’euros. Le coût de l’inaction est 12 fois plus élevé que l’action ! Le coût pour la Sécurité sociale atteignait en effet 1,82 milliard d’euros en 2010. Avec un nombre inquiétant de nouveaux cas annuels : 1,40 million pour l’asthme, 1,07 million de bronchites, 72 000 bronchopathies, 33 530 hospitalisations et 4 400 cancers de voies respiratoires.

Comment se faire entendre, pour des vrais changements ?

Pourquoi, par qui et comment ? Aujourd’hui, il y a urgence : nous devons stopper et réduire le réchauffement climatique, agir sur les conséquences catastrophiques de la pollution de l’air. Nous parlions jusqu’à maintenant des générations futures comme étant celles exposées, beaucoup aujourd’hui pensent que le danger menace aussi notre génération.

Nous devons sensibiliser le pouvoir politique, économique et médiatique, tant au niveau local, national, européenne et planétaire. Pour espérer des vrais changements, la sensibilisation, le renforcement de l’éducation et une meilleure information pour citoyens est impérative.

Priorité à la sensibilisation à la qualité de l’air 

Un programme pédagogique pour alerter sur la pollution de l'air 2
A l’école primaire Saint-Georges, Marseille

Comme la pollution de l’air est un sujet majeur de santé publique, il était urgent de créer le programme pédagogique L’Air et Moi, gratuit, coopératif et évolutif qui explique ce problème. L’Air et Moi est un support pédagogique sur la pollution de l’air fait de diaporamas animés, quiz, vidéos, guides pédagogiques regroupant des compléments d’information, chiffres-clés, définitions, travaux pratiques, conseils pédagogiques pour accompagner les enseignants, parents et animateurs désireux de sensibiliser des enfants à la qualité de l’air.

Les 10 millions d’écoliers, de collégiens et de lycéens que compte notre pays sont, à l’évidence, les meilleurs ambassadeurs pour apprendre à mieux préserver l’air au quotidien. Sensibiliser les plus jeunes, qui deviennent à la tour conscients du danger, c’est aussi indirectement sensibiliser leurs parents, donc au total la moitié de la France. Nous savons que pour améliorer la qualité de l’air, nous devons agir sur nos modes de vie, de production, de planification territoriale. Mais la connaissance ne constitue-t-elle pas le premier levier d’action qui donne à chacun un sens durable à cette évolution indispensable ? Quels meilleurs ambassadeurs pour nous rappeler que, même si nous ne payons pas directement l’air que nous respirons, nous payons indirectement et lourdement les conséquences d’un air dont la qualité vient à être dégradée ?

Prenons conscience que nous sommes tous responsables, et que nous avons tous les moyens d’agir, chacun à notre niveau, depuis les décisions à l’échelle planétaire jusqu’aux actions individuelles au quotidien. Les enfants et les jeunes sont les décideurs et acteurs de demain ; leur sensibilisation donnera une place différente à la qualité de notre air, encore trop souvent aujourd’hui reléguée par méconnaissance au rang de variable d’ajustement des politiques publiques ou des décisions de chacun.

L’Air et Moi un programme pédagogique, coopératif et Humanitaire.

L’Air et Moi a été créé grâce à la participation de nombreux acteurs : enseignants, enfants, experts, animateurs, parents… Plus de 500 animations en écoles et collèges ont permis la construction des outils pédagogiques.

L’initiative L’Air et Moi a été lancée en 2009, en partenariat avec AtmoSud et la Maison de l’Ecologie de Provence et a rapidement reçu le soutien du Plan Régional Santé Environnement, puis de la Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur et de l’Union Européenne, dans le cadre du programme européen SH’AIR, et aujourd’hui le programme DIAMS.

Le 13 février 2018, nous nous sommes rendus au ministère de la Transition écologique et solidaire pour présenter notre projet (lien). Convaincue de l’importance de la sensibilisation à la qualité de l’air dès le plus jeune âge – vecteur indispensable au changement sociétal et environnemental sur le long terme – notre équipe se mobilise en effet pour déployer à l’international L’Air et Moi, projet humanitaire et moyen le moins onéreux pour lutter contre la pollution de l’air est la sensibilisation.

Le déploiement régional

Un programme pédagogique pour alerter sur la pollution de l'air 4L’année dernière, AtmoSud a organisé plusieurs journées de formation aux outils pédagogiques L’Air et Moi (Marseille, Nice, Avignon, Toulon et Martigues) et, dans le cadre des réunions départementales des infirmiers scolaires organisées par le Rectorat, animé deux conférences-débats, au Collège Henri Bosco de Vitrolles (120 infirmiers) et au Lycée Professionnel du Domaine d’Eguilles à Vedène (70 infirmiers).

Fort du succès de L’Air et Moi, AtmoSud, avec le soutien de la Région PACA et de l’Académie d’Aix-Marseille, adapte le programme aux lycées depuis un an : devenir écocitoyen avec la créativité, la prise de parole, le face-à-face, les jeux de rôle.

Un projet évolutif qui s’exporte.

Renforcé par ses succès, le programme pédagogique L’Air et Moi se déploie à l’échelle nationale, mais aussi internationale. Nos supports pédagogiques sont déjà traduits dans de nombreuses langues (airandme.org) : français, anglais, espagnol, italien, arabe, allemand, portugais, tchèque, danois, chinois, polonais et russe.

Par ailleurs, notre équipe propose d’accompagner les collectivités qui le souhaitent à la mise en place de ces outils pédagogiques dans les écoles, collèges, lycées et centres aérés, en les adaptant, au besoin, aux différents territoires concernés.

À la suite de centaines d’animations dans des écoles, nous avons constaté que dans la majorité des classes, le niveau de CO2 est 3 fois supérieur à celui de l’air libre. En seulement 15 minutes, en moyenne, nous atteignons le chiffre de 1500 ppm : le seuil règlementaire à partir duquel il est conseillé d’aérer.

Pour finir, n’oubliez pas vous non plus que bien aérer votre espace de vie, c’est de la vie en plus ! »