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Au nom du fils

Par Guylaine Idoux, le 25 janvier 2019

Journaliste

Non, il n’est jamais trop tard pour s’engager, la preuve avec Georges-Edouard Legré, co-fondateur en 2015 de l’association « Un déchet par jour ». L’action collective lui a tellement plu que le Marseillais y a puisé la force -et l’envie- de s’impliquer bien plus encore, cette fois dans l’accompagnement des autistes, ces « personnes extra-ordinaires » qu’il a découvert grâce à son fils Samson, à qui il dédie toutes ses batailles. Retour sur le parcours d’un homme libre.

 

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l’équipe  »Un déchet par jour ». @Christophe Siberkat

Combien sommes-nous à rêver d’une vie plus engagée ? Combien sommes-nous à regarder le temps passer, en pensant qu’un jour, peut-être, nous trouverons le temps de mettre nos forces au service de combats qui font sens ? Georges-Edouard Legré, lui, a plongé. C’était en 2015. Rappelez-vous : « Un Déchet par Jour », ce challenge propreté relayé à coups de selfies sur les réseaux sociaux qui a fait un sacré buzz à Marseille, c’était lui et deux de ses copains. « Edmund, Romain et moi sommes partis de zéro en septembre 2015. Aujourd’hui, 25 000 personnes nous ont rejoint sur Facebook et Twitter ». Depuis l’association organise régulièrement des ramassages collectifs dans les lieux emblématiques de Marseille ; et bien d’autres actions encore. Georges-Edouard arrive justement d’une répétition, celle du flashmob de la Marche pour le climat, dimanche 27 janvier à 14h.

 

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Ramassage Zéro Déchet à la Bonne Mère, photo JC Luong

Signe particulier ? Un multi-engagement, bénévole, nourri -entre autre-grâce à son métier de « community manager ». Pour ceux qui ne verraient pas bien ce que c’est, disons, qu’en gros, Georges-Edouard Legré est un pro des réseaux sociaux. Depuis le lancement de « Un déchet par jour », ses engagements se sont multipliés, dans une sorte de cercle vertueux. « J’ai essayé d’amener mes compétences professionnelles au service de causes qui font sens. » Et ce qui fait d’abord sens pour Georges-Edouard Legré, c’est Samson, douze ans. Son fils, sa bataille, comme le scande la chanson. Son fils, son trésor, comme on le pense en l’écoutant parler longuement, tendrement, de cet enfant unique et « extra-ordinaire », dont il s’occupe énormément avec son épouse. Samson, le fil rouge de tous les engagements paternels.

 

« Même en créant « Un déchet par jour », c’est à lui que j’ai tout de suite pensé. On sait aujourd’hui que l’autisme est en partie lié à des facteurs environnementaux. J’aimerais aussi lui laisser un monde un peu moins pourri que celui que ma génération a construit pour la sienne ». Ce monde-là, Georges-Edouard Legré le voudrait également un peu plus ouvert à la différence. Et c’est pour cela qu’il a fondé son autre association, « Étoiles des Autismes ». Plus discrète que la première, mais pas moins importante, elle favorise l’accompagnement scolaire et social des autistes, petits et grands, encore trop mis à l’écart par notre société. Un constat cruel, qui, plutôt que de le désespérer, l’a conduit vers son troisième projet, peut-être le plus ambitieux : porter, aux côtés de son fondateur Cyril Delattre, la création de l’Ecole Inspire, une structure incluant des enfants qu’on dit handicapés, et dont Georges-Edouard Legré a une toute autre vision : « Ils sont porteurs d’une richesse différente, massacrée par nos écoles trop formatées ». D’ici 2021, l’équipe veut construire une école test, unique en son genre, mêlant tous les enfants, de toutes les origines sociales, dans une ouverture d’esprit totale.

 

Au nom du filsUtopiste ? Georges-Edouard Legré s’en défend. Mais l’heure tourne et cet échange-là sera pour une autre fois. Car, comme pour tous ceux qui plongent ainsi dans l’engagement associatif, sa vie s’est emballée. Il jongle avec les emplois du temps, court d’un rendez-vous à l’autre, un éternel sourire vissé sous la casquette, se débrouillant pour faire tout coller dans un joyeux équilibre. « C’est compliqué de tout concilier mais ce qui est génial, c’est que je rencontre des gens positifs, qui portent le changement. Nous sommes aujourd’hui entourés de belles personnes et mon fils en a déjà tiré beaucoup. Moi, cela me porte et m’amène une énergie incroyable ». L’action collective, carburant de vie… ♦

 

Bonus –

Flashmob de la Marche pour le Climat, dimanche 27 janvier de 14h à 14h30 sous l’ombrière du Vieux-Port. Une autre manière de demander aux élus de de freiner le réchauffement climatique, et sensibiliser les citoyens à être acteurs de la transition.

 

-Prochain rendez-vous de « 1 déchet par jour » : ramassage collectif samedi 16 févrierde 14h à 18h à Notre-Dame-de-la-Garde, « pour déclarer ta flamme à la ville » (deux jours après la Saint-Valentin, donc).