La société marseillaise Proneem est inconnue du grand public et de la plupart des journalistes. Il s’agit pourtant du seul laboratoire au monde à avoir décroché une AMM (autorisation européenne de mise sur le marché) pour un produit qui détruit les acariens et autres punaises de lit. Un traitement 100% naturel, inoffensif pour l’homme et son environnement, dans un domaine où les pesticides sont la norme.
Il a fallu la publication de plus d’une centaine d’études et quatre années d’instruction pour obtenir le sésame européen d’autorisation de mise sur le marché. Une bataille importante, car cela signifie que la palette de traitements élaborés par Proneem s’apparente désormais à la famille des médicaments. Ce qui ne coule pas de source pour des substances dont la vocation est de détruire des nuisibles. « L’Europe commence à réglementer les biocides, c’est-à-dire tout ce qui peut tuer, repousser ou attirer les insectes, les microbes, les bactéries », explique Nathalie Hagège, la présidente-fondatrice de la société. 
« Quand j’ai commencé à travailler sur ces thématiques, dans les années 2000 l’environnement n’était ni une priorité, ni tendance ». On comprend entre les lignes que c’était les années fastes de Monsanto et autres Bayer. À la différence de ces géants, le laboratoire marseillais ne paie pas de mine, n’est pas l’œuvre d’un architecte de réputation internationale. C’est une ancienne friche industrielle située dans un quartier pauvre, derrière le marché aux puces du Cap Pinède. Un quartier en devenir si l’on en croit les cartons d’Euroméditerranée – mais pas avant une bonne dizaine d’années.
Textiles intelligents
La fondatrice et présidente de Proneem est à l’image de cette société lancée en 2003 : d’un abord simple. Docteur en biochimie, Nathalie Hagège répond positivement au journaliste radio qui lui explique qu’elle a 35 secondes pour faire comprendre son invention à des auditeurs qui par définition ne sont pas des professionnels. « En résumé, nos produits sont inoffensifs pour l’environnement et pour l’homme et c’est pour ça que nous sommes la seule entreprise au monde à avoir une AMM ». Après s’être concentrée quelques instants, elle y arrive en une seule prise puis, malgré un emploi du temps au cordeau, accepte ensuite pour Marcelle d’approfondir le sujet. L’équipe de chercheurs et de laborantins qui travaille avec elle est spécialisée dans le traitement naturel des textiles, pour les rendre intelligents. Ce terme intelligent, mis en avant dans sa communication institutionnelle, est un raccourci pour signifier qu’en fonction de chaque utilisateur des composés peuvent, ou pas, se déclencher afin de répondre à ses attentes. C’est par exemple pour une de ses dernières inventions la réaction d’un matelas pour deux qui en fonction de la transpiration des personnes allongées, se refroidira uniquement sur l’emprunte concernée, pour lui donner une sensation de frais et autoréguler le phénomène. Sa technologie repose sur la maîtrise de la micro-encapsulation d’actifs naturels d’origines végétales, appliquée aux textiles quelle que soit leur matière (coton, chanvre, lin, laine, mousses, ou fibres synthétiques). Elle l’a brevetée dans le monde entier. Ce qui interpelle en l’écoutant, c’est le nombre de procédés élaborés par cette petite équipe composée de quinze personnes.
21 labels différents
En 15 ans, Nathalie Hagège a développé une large gamme de traitements performants s’adaptant à tous les textiles, dans des secteurs aussi variés que la literie, le sport ou l’habillement. Ce sont des anti-acariens, antibactériens, anti-insectes, antiodeurs, anti-transpiration, hydratant, relaxant, chauffant, amincissant, parfumant, rafraîchissant, tonifiant. Certains des logos affichés dans la salle de réunion rappellent vaguement aux visiteurs des étiquettes aperçues sur des produits distribués par des grandes marques. Mais la plupart sont inconnus, et pour cause, car les industriels qui les utilisent possèdent leurs propres marques. « Nous avons à cœur de développer chacun de nos actifs dans une optique de performance, de confort et de bien-être. Nos technologies mettent en synergie la science et la nature ». Proneem a déjà été adopté par de grandes marques française (Dodo) et distributeurs (Carrefour, La Redoute, Printemps, Habitat…). L’entreprise fabrique ses produits à Marseille et l’envoie dans des fûts aux industriels du textile qui traitent leurs matières avec. Et la chercheuse en chef d’insister sur le fait que « la production et le savoir-faire développés sont 100% français, depuis la sélection des matières premières, en passant par la conception des formules et leur fabrication ». Et ces actifs résistent aux lavages ménagers et industriels, une évidence ! ♦
Bonus
- L’AMM – Sur ce marché des produits biocide pour les draps et les couettes, il faut savoir que de nombreuses substances peuvent être allergisantes, voire toxiques, ce qui est problématique pour la santé des consommateurs puisqu’on passe beaucoup de temps dans son lit et que la substance active se retrouve en contact avec la peau. L’AMM dont bénéficie Proneem reconnaît son efficacité et son innocuité, à la fois pour les consommateurs et l’environnement. Il est naturel, écologique, durable, efficace, hypoallergénique et sans perturbateur endocrinien.
- Qu’est-ce qu’un biocide ? -C’est un produit destiné à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre par une action chimique ou biologique.
- De l’extrait de Margousier ?
Le margousier est un arbre originaire d’Inde. Ses fleurs violettes se transforment en petits fruits jaunes et produisent une amande. C’est de cette amande que l’on récupère l’extrait de Margousier, une substance active végétale, ne comportant aucun danger selon l’ECHA (European chemicals agency). C’est également un insecticide végétal utilisé en agriculture biologique, inoffensif pour l’environnement.
- Proneem en chiffres : Quelque 8,4 millions d’articles traités par PRONEEM dont 2 millions d’articles de literie vendus chaque année en France. La société est présente sur 7 secteurs (linge de maison, literie, habillement, cosmétique, détergente, vêtements et accessoires outdoor) dans 14 pays.
En dehors de l’actif anti-acariens, la société a développé plus de 20 traitements différents (anti insecticide, anti-transpirant, anti-odeurs, hydratant, relaxant, chauffant, amincissant…)
Elle emploie 15 personnes dont plus de la moitié sont des femmes. Son CA augmente de 15 à 20% par an et 22% du chiffre d’affaires sont alloués à la R&D (recherche et développement)