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[Série] Pollution de l’air #3 Une appli pour devenir écomobiliste !?

Par Olivier Martocq, le 10 mai 2019

Journaliste

« Du 25 avril au 23 mai, des entreprises, des organismes et des citoyens se challengent pour la qualité de l’air à Marseille grâce à l’application Geco air, qui transforme le smartphone d’un automobiliste en baromètre d’émissions polluantes et lui permet de réduire jusqu’à 50% la pollution émise par son véhicule ! » Ce communiqué de presse ne pouvait nous laisser indifférent !

 

[Série] Pollution de l’air #3 Une appli pour devenir écomobiliste ? 4Et donc ! Comme je ne circule qu’à deux roues j’ai demandé à ma consœur de France Info Marie-Christine Lauriol de télécharger l’appli qui est gratuite. Opération d’une facilité déconcertante vue la technologie apparemment déployée. Ainsi, pour renseigner son véhicule, il lui a suffi d’indiquer le numéro de sa plaque d’immatriculation. L’appli a alors affiché le modèle de sa voiture et ses caractéristiques, notamment la norme Euro dans laquelle elle s’inscrit. En l’occurrence Euro 5, c’est un modèle essence qui fait donc partie des véhicules dernière génération, les moins polluants. Et nous voilà partis pour un premier test entre la gare Saint-Charles et la place de la Joliette. Problème, il ne se passe… rien. J’ai beau appuyer encore et toujours sur le bouton sensé déclencher le démarrage. Rien. Passager frustré, je contacte sans attendre la chargée de communication d’Atmosud, puisque le communiqué de presse émane de cet organisme, pour apprendre que si les données des trajets sont bien analysées en temps réel, le verdict sur la conduite ne s’affichera qu’une fois le véhicule définitivement arrêté. Ce que je constate effectivement une fois rentré au bureau.

 

Geco air, une foultitude de données !

[Série] Pollution de l’air #3 Une appli pour devenir écomobiliste ? 1Sur l’écran s’affichent plusieurs informations, dont certaines avec un dégradé de couleurs allant du vert au rouge. Après quelques jours d’utilisation, une plongée dans les données de l’appli donnent une idée sur ses habitudes de conduite. Ainsi, sur 24 trajets, Marie-Christine en a effectué 5 dans le vert, 11 dans le jaune, 4 dans l’orange, et aucun dans le rouge. À l’énoncé de ces chiffres, on constate qu’il manque quatre parcours. Après un nouveau coup de fil, cette fois aux créateurs de Géco air, l’explication, toute simple, nous est fournie. L’appli prend aussi en compte les trajets à pied mais ne les note pas. « Cela permet à l’utilisateur de se questionner sur les raisons qui le poussent ou pas à prendre sa voiture », précise Laurent Thibault, le chef de projet. Effectivement, le conducteur visualise exactement le chemin parcouru, le nombre de kilomètres et l’émission de polluants, ce qui doit, normalement, le dissuader de prendre son véhicule pour aller chercher une baguette au coin de la rue. Parmi les données affichées, celle qui intéresse plus particulièrement l’automobiliste devrait être le pourcentage des émissions imputables à sa conduite. C’est cet indicateur qui doit lui permettre de prendre conscience des efforts à accomplir pour polluer moins. L’accélération et un freinage plus ou moins souples bouleversent par exemple la donne. « On a fait des tests sur un même trajet à bord d’un même véhicule, dans les mêmes conditions de circulation. L’écart entre le très bon conducteur et le plus mauvais est de 300% pour les émissions de particules fines alors qu’il n’est que de 20% sur la consommation d’essence. » Et Laurent Thibault de préciser que Geco air calcule à la seconde et au mètre près, tout en tenant compte du pourcentage de pente.

 

Une mine d’or pour Atmosud

[Série] Pollution de l’air #3 Une appli pour devenir écomobiliste ? 2L’organisme de contrôle de la qualité de l’air de la région, partenaire de l’opération, entend se servir des mesures des trajets effectués à Marseille pour constituer « une base de données dynamique des émissions en usage de conduite réelle ». Derrière ce vocable technique, Dominique Robin, son directeur, affirme pouvoir réaliser à court terme une cartographie et des modélisations à fine échelle des émissions de particules fines issues du trafic routier. « Mais l’objectif est que chacun prenne conscience de la pollution qu’il génère selon le type de comportement qu’il a au volant. On peut sans difficulté la diminuer par deux. Juste en adoptant une conduite souple ». L’étape suivante sera vraisemblablement de renseigner l’automobiliste en direct, en lui indiquant quand il accélère ou freine à mauvais escient. « C’est une appli d’ingénieurs, donc on n’affiche qu’une infime fraction des données pour les utilisateurs. Et ça on sait d’ores et déjà faire techniquement » affirme Laurent Thibault. « Mais, à ce stade, être trop intrusif serait contre-productif ! » Tout comme serait anxiogène l’affichage instantané de la pollution au regard des normes constructeurs. « En moyenne, en ville, entre 10 et 12 fois les rejets annoncés ».

 

Le Challenge Euromed Ecomobilistes

[Série] Pollution de l’air #3 Une appli pour devenir écomobiliste ? 3Du 25 avril au 23 mai, une vingtaine d’entreprises ont décidé de jouer le jeu. Des salariés ont accepté d’être « fliqués » afin de nourrir la base de données marseillaise. En 15 jours, 2 250 trajets et 30 000 km ont été réalisés. À la CAF des Bouches-du-Rhône, cette expérimentation donnera lieu en octobre à des stages d’écoconduite. « Au-delà de la bonne pratique et de la notion de développement durable, il s’agit aussi de mettre l’accent sur la sécurité et de pousser à privilégier ,quand c’est possible, les horaires décalés pour éviter les embouteillages ». Natacha Davin, responsable de la communication de cet organisme qui compte 900 personnes au siège, dans un 14e arrondissement particulièrement mal desservi par les transports en commun, mise beaucoup sur cette prise de conscience qui pourrait améliorer les conditions de travail, notamment celles liées au stress des trajets quotidiens. ♦

 

Bonus

  • Développée par IFP Énergies nouvelles (IFPEN), avec le soutien de l’ADEME, Geco air est disponible gratuitement sur les stores iOS et Android.
  • Au niveau national, depuis son lancement en 2017, l’application Geco air a été téléchargée plus de 20 000 fois et compte 1 500 utilisateurs actifs qui ont parcourus 40 millions de kms.
  • Si votre société souhaite s’inscrire au Challenge Euromed Écomobilistes, il suffit de créer un groupe à son nom dans l’onglet Challenge de l’appli Geco air. Ici le flyer participants.
  • Pour profiter des conseils de l’appli Geco air et participer au Challenge :

1)      Renseigner les données du véhicule dans Mobilité

2)      Autoriser l’appli à utiliser sa position

3)      Laisser le GPS actif pendant le Challenge

Comment rejoindre votre Groupe ?

4)      Télécharger l’appli gratuite sur Google store ou Apple play

5)      Cliquer dans l’onglet Challenge

6)      Rejoindre votre Groupe dans la liste proposée