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Théâtre de nos histoires

Par la rédaction, le 10 novembre 2019

Ancien de l’ERACM, (École régionale d’acteurs de Cannes et Marseille), le metteur en scène Baptiste Amann livre le 3e et dernier tome de sa trilogie « Des territoires ». La chronique d’une fratrie de banlieusards qui vient de perdre ses parents et qui appartient à la génération désenchantée. Ce moment clé ouvre sur de nombreux questionnements : l’héritage, les origines, le déterminisme, la politique. Quand le quotidien des petits riens et de l’intime croise la grande marche de l’Histoire. Chaque pièce s’inscrit dans une double temporalité : le jour après jour et le siècle après siècle, avec l’évocation d’un chapitre révolutionnaire de l’Histoire de France dans chaque opus : la Révolution Française, la Commune de Paris et la Révolution Algérienne.

 

Donc la Révolution Algérienne pour ce 3e et dernier volet intitulé « Et tout sera pardonné ? ». Pourquoi cet épisode de l’histoire, Baptiste Amann ?

« La Révolution Algérienne, qui marque la fin de l’empire colonial français, constitue pour moi la vraie révolution française du 20e siècle, plus que Mai 68 par exemple. Cela m’intéressait d’inscrire les mouvements de décolonisation dans l’héritage révolutionnaire français. C’est un moyen pour moi de célébrer la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le spectacle commence d’ailleurs avec une citation de Condorcet : « Apprendre à ne point dépendre… »

La guerre d’Algérie est un sujet éminemment éruptif, c’est pourquoi je veux le traiter avec délicatesse, mais sans manichéisme, en l’inscrivant dans un patrimoine insurrectionnel qui puisse générer du « commun ».

Après l’épisode du déni et de la colère sur les deux volets précédents, voici venu le temps de la réparation. Mais le point d’interrogation vient souligner le fait qu’il n’y aura pas de rapport au pardon angélique ou moralisateur. »

 

Qu’est-ce qui vous a inspiré cette trilogie ? Une lecture, l’actualité, une sensibilité, un histoire de famille, un intérêt pour l’histoire… ?

« En 2013, j’ai joué dans un spectacle mis en scène par Hubert Colas : « Gratte-ciel » de Sonia Chiambretto, qui a fait l’inauguration de la salle de spectacle de la Villa Méditerranée, à Marseille. Il s’agissait d’une pièce qui entremêlait trois époques de l’histoire algérienne : la guerre d’Algérie (années 50-60), la décennie noire (années 90), et la vie contemporaine de la jeunesse dorée Algéroise (années 2000). Le tout traversé par l’évocation du « projet obus » imaginé par Le Corbusier pour Alger en 1930. Cette approche kaléidoscopique de la narration, tissant des liens étroit entre l’intime, le politique, le géographique et l’historique m’ont profondément marqué.

Il y a également une dimension autobiographique indéniable dans mon travail car la pièce est inscrite dans un environnement que je connais bien, pour y avoir grandi. Et puis j’écris pour des acteurs que, pour la plupart, j’ai connus à l’école il y a 15 ans. Eux aussi ont largement, par leur nature, inspiré cette trilogie. Et même au-delà, car je peux dire que, d’une certaine manière, ils m’ont fait auteur. »

 

« Et tout sera pardonné ? ». Les 14 et 15 novembre au ZEF, scène nationale de Marseille. De 7 à 15 euros. Réservations en ligne. Le 19 novembre à La Garance à Cavaillon. Entre 3 et 21 euros. Réservations ici.