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Le gala de la Croix-Rouge, j’y étais !

Par Nathania Cahen, le 5 décembre 2019

Journaliste

Comme Monaco, Marseille a son gala de la Croix Rouge, têtes couronnées en moins. L’édition du 28 novembre dernier a été l’occasion de découvrir les dessous d’un événement caritatif particulièrement prisé, qui a rapporté 185 000 euros cette année à l’une des plus vieilles associations humanitaires de France.

 

Le gala de la Croix-Rouge, j’y étais ! 1Marcelle ne court pas les mondanités, mais une fois n’est pas coutume, et la cause est noble. D’où notre discrète présence au milieu d’une marée noire de robes longues et costards-nœuds pap’, rassemblée sous les ors et les projecteurs du Palais de la Bourse pour garnir les caisses de la Croix Rouge locale. Il est vrai que cette manifestation est devenue rituelle pour de nombreuses personnalités et chefs d’entreprise phocéens : en être et donner. Lors de cette soirée exceptionnelle, l’apparat sert la philanthropie, dont acte. Et tous ceux qui jouent un rôle ce soir-là, le font de façon totalement gratuite (de la communication jusqu’aux fourneaux). Les sommes en jeu sont importantes, et représentent près de 20% des ressources annuelles de la Croix Rouge de Marseille. Les dons affluent sous trois formes : la réservation de tables, le don d’œuvres d’art et de « moments d’exception » qui seront vendus aux enchères, ou encore tirés au sort à l’issue de la vente des billets de tombola (30 euros l’un, 50 euros les trois).

Forcément, on n’atterrit pas à cette soirée de gala par hasard. La trentaine de tables pour 10 à 12 convives est réservée par des organismes ou des entreprises : le Cercle des Nageurs de Marseille, l’Ordre des experts-comptables de PACA, la CMA-CGM, Provepharm, Pellegrin & Fils, la BNP, le groupe Swaton, la galerie David Pluskwa, la Chambre syndicale de l’habillement, la Fédération du BTP13… entre autres. Cette 12e édition a rassemblé près de 500 invités.

 

« Pour les bonnes œuvres et pour l’image »

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Julien Ruas (Croix Rouge), Thalie Testot-Ferry (organisation), les acteurs Avy Marciano et Michel La Rosa (présentation).

Nous sommes une dizaine de femmes à avoir bravé la consigne « robe longue » pour évoluer en smoking ou tailleur chic. Au gré des présentations, je discute avec Pierre-François Duwat, directeur du cinéma Europacorp de la Joliette, sollicité pour offrir un moment d’exception : « J’ai volontiers proposé aux enchères une nuit au cinéma pour 15 personnes, ainsi que, pour la tombola, une séance privée pour 50 personnes avec plateaux repas »… Je croise Lionel Canesi, président de l’Ordre des experts-comptables de PACA. Pourquoi réserve-t-il une table pour la troisième année consécutive ? « Parce que cette soirée est doublement importante, pour les bonnes œuvres, et pour notre image (ndlr – en effet rajeunie). On peut aussi soigner son réseau, faire des connaissances mais sans faire de business. »

Éclectique, ma table accueille Jean-Pierre Barade, ex vice-président en charge de la commission internationale à la CCIMP, avec sa famille. À leurs côtés, le maître de cérémonie de la Mairie, un expert en immobilier, le directeur d’une publication locale, le nouveau directeur régional d’Air France (venu offrir deux vols long courrier pour la tombola, au nom sa compagnie), ainsi que Sandra Négrel, développeuse digitale qui s’est occupée gracieusement de la mise à jour du site de la soirée de gala. Pour information, le tarif d’une table de 10 personnes se monte à 4 500 euros et celui d’une place à 450 euros.

Le dîner est concocté par des chefs Maîtres Cuisiniers de France, 23 toques prestigieuses de Provence qui ont mis en commun spécialités, recettes et savoir-faire pour concevoir un menu exceptionnel élaboré à partir de produits locaux (dont certains offerts par de généreux fournisseurs) et servi par les élèves du lycée hôtelier de Marseille. Alors que se déroule le ballet des plats, la vente aux enchères débute : 13 œuvres d’art offertes par des artistes ou des galeristes, et un thème, les super héros.

 

Record à 16 000 euros : un tableau de Saype

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« 7h13, Marseille », de Saype.

Notre préférée, « Wonder Simone » (Veil) par le graffeur DIRE part pour 8 000 euros sous le marteau de Yonathan Chamla et Romain Rudondy. Le record est pour un tableau de Saype, adjugé à 16 000 euros. Du côté des moments d’exception, la moto BMW Cruiser 850 C de 2000 customisée par Christophe Fort est acquise pour 13 000 euros. C’est bien moins débridé que je ne le pensais !

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David Pluskwa à droite.

Le galeriste David Pluskwa est présent pour la cinquième fois. « La première, j’étais invité, et j’ai trouvé l’action magnifique. Dès l’année suivante, j’y ai participé et pris une table avec des artistes de mon écurie. Cette année, chacun de mes 5 artistes phares a offert une œuvre, et j’offre également un lot. Il peut m’arriver aussi d’acheter une toile aux enchères ! » Le collectionneur confie ne pas s’en tenir à ce gala et donner aussi au Secours Populaire via l’événement Solidart. « Quand on la chance de gagner correctement sa vie et de ne manquer de rien, il me semble normal de donner. Donner est aussi jouissif que gagner, a fortiori quand on sait où vont les fonds. »

Pour la Croix-Rouge de Marseille, les 185 000 euros récoltés à l’occasion du gala constituent une manne considérable – l’an passé la collecte avait atteint 210 000 euros mais 600 convives étaient présents, la jauge a été révisée. « C’est essentiel, et cela nous assure un trimestre de fonctionnement, souligne Julien Ruas, président de la Croix Rouge depuis six ans (par ailleurs directeur d’une maison de retraite). Cet argent permettra l’acquisition d’une ambulance toute équipée ainsi que le soutien à différentes structures » – car comme moi, vous l’ignorez peut-être, mais la Croix Rouge, ce ne sont pas seulement des secouristes, mais aussi des maisons de retraite, des foyers ou encore des crèches. ♦

 

Bonus

  • L’histoire – En 2007, le précédent président de la Croix-Rouge française à Marseille, Christian Saman, entend rassembler les Marseillais autour d’une grande soirée de gala, à l’image des soirées de charité organisées dans certaines grandes villes du monde comme Monaco, Genève ou New-York. L’idée : récolter des fonds conséquents, auprès notamment des entreprises du territoire. Ancien chef d’entreprise, Christian Saman sait que les entrepreneurs locaux sont généreux. L’association, plus importante délégation de France, ne cesse de se développer pour faire face aux demandes de plus en plus pressantes d’aide et de soutien. La Croix-Rouge française a besoin de faire découvrir ses actions locales, valoriser les bénévoles qui donnent de leur temps toute l’année et diversifier ses ressources financières pour accompagner son développement. Martine Cadars, bénévole de la Croix-Rouge, proche du président, lui présente Francis Robin, Vice-Président des Maîtres Cuisiniers de France et propriétaire du restaurant le Mas du Soleil à Salon-de-Provence. Séduit par ce projet,  ce dernier va mobiliser ses amis chefs de la région. Le concept est né : les dîners de Gala de la Croix-Rouge française seront conçus grâce au savoir-faire culinaire des Maîtres Cuisiniers de France.

 

  •  À quoi servent les fonds récoltés – En 2018, le financement du vestiaire Vestiboutique pour enfants du bd Baille et du centre de distribution du Panier, le pôle jeunesse de Bernabo, la crèche de 35 berceaux de la rue Crillon et l’espace bébés/parents de la Belle de Mai. En 2017, pour des actions diverses : doubler les créneaux d’ouverture des pôles sociaux de Bernabo, du Panier et du bd Baille, augmenter les achats alimentaires, créer une ressourcerie au sein du pôle Bernabo et d’acquérir plusieurs défibrillateurs à utiliser dans le cadre des manifestations culturelles et sportives. En 2016 : achat d’une ambulance de secours d’urgence pouvant intervenir lors des grands rassemblements ou événements sportifs. En 2015 : financer le projet de première crèche de la Croix-Rouge, inaugurée cette semaine et ouverture d’un nouveau pôle d’aide sociale dans les quartiers Nord de Marseille (espace d’accueil, d’orientation et de distribution alimentaire et vestimentaire).