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« Une ville bienveillante qui prend soin de tous ses habitants »

Par Agathe Perrier, le 27 février 2020

Journaliste

[Aux urnes] #9 Guillaume Debrie, coordinateur régional de Médecins du Monde, ONG qui milite en faveur de l’accès aux droits et à la santé pour tous.

 

guillaume-debrieSon état des lieux : « Au sujet de l’accès aux droits et aux soins, c’est très difficile pour les plus démunis à Marseille. Il existe des territoires que l’on peut qualifier de « déserts médicaux », dans les quartiers nord notamment. Le problème aussi est que beaucoup de personnes ne connaissent pas leurs droits et ne se soignent donc pas. D’autres ne peuvent pas les ouvrir car, une des conditions obligatoires, est d’avoir une adresse stable.

Concernant l’environnement de vie et l’habitat, une autre cause que l’on porte, la situation sanitaire est catastrophique à Marseille. On la qualifie nous de « ville malade ». D’après les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, 100 000 habitants risquent leur santé dans des logements indignes. Cela représente 40 000 logements dans le parc immobilier de la ville. Les effondrements de la rue d’Aubagne ont été un gros révélateur pour le grand public, mais ce n’était pas une découverte de notre côté. À la suite de ce drame, 4 000 personnes ont été délogées en 2019. C’est en plus une situation chronique, loin d’être terminée tellement l’habitat est dégradé.

En parallèle, Marseille compte 43 bidonvilles regroupant 1 300 personnes. Et au moins 14 000 individus vivant dans la rue, dans des conditions d’indignité totale. La ville ne compte que 185 bornes-fontaines, huit sanisettes et aucun bain-douche. Si on compare avec Lyon, c’est trois fois moins pour les bornes-fontaines et 20 fois moins pour les toilettes ».

 

Ses 100 premiers jours à la mairie : « De nombreuses choses peuvent être engagées en 100 jours s’il y a une vraie politique volontariste sur ces sujets. Cela permettrait de faire de Marseille une ville plus bienveillante, plus solidaire, qui prend soin de tous ses habitants.

Je commencerai par mettre en place un plan d’accessibilité à l’eau potable, à l’hygiène et à la vaccination pour tous.

Je ferai également en sorte que l’offre de santé soit au plus près des lieux de vie des personnes. À l’image de ce que l’on a déjà créé avec la Pass de ville (ndlr : Permanence d’accès aux soins de santé). C’est un dispositif qui permet aux personnes sans couverture maladie de se faire soigner sans être facturées. Tout en renforçant en même temps le lien avec l’hôpital.

Une autre mesure serait l’arrêt des expulsions de logement sans solution derrière. Or le problème aujourd’hui est qu’il n’y a pas assez de logements disponibles à Marseille. Il faudrait donc lancer une vraie politique en termes de logements sociaux. En attendant, j’améliorerai au moins les conditions de vie de ces personnes jusqu’à leur relogement ». ♦