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Le Mucem collecte les objets du confinement

Par Nathania Cahen, le 28 avril 2020

Journaliste

Olivier Martocq : « Ce jeu n'avait jamais été déballé. On a testé dès le premier soir et depuis on alterne avec le tarot ».

Lundi 20 avril, le Musée des civilisations et de la Méditerranée (Mucem) a lancé une collecte participative sur le thème « Vivre au temps du confinement ».

Le Mucem s’intéresse aux objets du confinement
Guylaine Idoux : « Mon tapis et ma brique de yoga. Grâce aux tutoriels en ligne, je m’y suis mise. La pratique quasi-quotidienne m’aide à rester relativement sereine et en forme. »

« À l’heure où la moitié de la population mondiale vit confinée, nul ne niera que nous vivons un épisode majeur de ce début de 21e siècle qui bouleverse nos vies. Musée du contemporain et du quotidien, le Mucem ne peut que s’intéresser à cette situation exceptionnelle et appelle donc à la participation de ceux qui le souhaitent pour l’aider à collecter les traces de ce moment inédit », explique le site.

En une semaine, une centaine de mails sont déjà arrivés. Pour moitié postés par des personnes du quart sud-est de la France, le reste émanant du reste du pays, mais aussi de l’étranger pour trois messages. « C’est bien d’avoir un échantillonnage large. Nous avons une dimension Méditerranée, donc nous espérons bien toucher toute cette région », pointe Émilie Girard. La directrice scientifique et des collections au Mucem s’attend à recevoir des propositions variées et à toucher des réalités très différentes.

 

Un inventaire à la Prévert
Le Mucem s’intéresse aux objets du confinement 1
Marie le Marois : « Le fouet car j’ai beaucoup cuisiné avec mes ados (et parfois rêvé de les fouetter). Les jetons car nous jouons quasi tous les soirs au sept et demi ».

Ce qu’elle a reçu ces neuf premiers jours ? Des masques, des patrons de masque et des visières impression 3D. Un registre attendu, très symbolique, moins important que redouté, ouf. Mais aussi des éléments de protection bricolés, comme un crochet qui sert à ouvrir et fermer les portes sans les toucher. Ou une tyrolienne qui permet à des Parisiens de communiquer avec les voisins d’en face. Deux tapis de yoga. Des déguisements d’enfants. Le musée miniature qu’une petite fille a fabriqué de ses mains. Certaines propositions touchent davantage à l’intime : un puzzle, des dessins, des poèmes, des textes, des photos, des calendriers ou des emplois du temps. Des choses très fortes comme cette photo de pantoufles légendée « Détresse appartementale ». « Beaucoup parlent de leur vie en confinement, ce qui leur permet de passer le temps ». Il y a aussi un infirmier qui propose ses sabots de travail. Et un service hospitalier qui offre la vidéo de la première sortie d’un malade qui avait été placé sous respirateur.

 

Des initiatives similaires ailleurs
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Nathania Cahen : « Le paquet de lentilles que j’agite chaque soir à 20 heures ».

« Le Mucem n’a rien inventé, des musées anglo-saxons ou allemands avaient déjà lancé des mots d’ordre similaires. Même les archives départementales de Marseille et d’Avignon sont sur les rangs, relève Émilie Girard. Mais faire l’impasse était impossible ». Impossible également d’envoyer des chercheurs sur le terrain, d’où la mise en place de méthodes de collecte différentes. Il y a eu concertation avec les archives de Marseille qui, dans un esprit de cohérence, conserveront les documents et témoignages « papier » tandis que le Mucem exploitera les objets et explications les accompagnant.

 

La sélection des objets les plus intéressants

La date limite d’envoi des propositions a été fixée au 31 mai prochain. Il y aura ensuite un gros travail de tri, d’étude et d’analyse. Pour déterminer ce qui est le plus pertinent. « Puis il faudra archiver les documents et organiser la livraison des objets retenus, détaille Émilie Girard. Ils se verront alors attribuer un numéro d’inventaire et gagneront les réserves du musée en attendant d’être utilisés pour une exposition » ♦

 

  • Les propositions de dons sont à adresser par mail à confinement@mucem.org (en utilisant un service d’envoi de fichiers lourds si les pièces jointes de votre mail dépassent les 6 Mo). Chaque proposition de don doit être accompagné d’une ou plusieurs photographie de l’objet (dont certaines, si possible, de l’objet dans son contexte d’utilisation ou de fabrication). Et d’un témoignage (oral ou écrit en quelques lignes) expliquant la raison du don et l’importance de l’objet dans votre contexte actuel.
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  • Les journalistes de Marcelle se sont demandés quel(s) objet(s) de leur confinement ils proposeraient au Mucem. Des photos commentées dans l’article, et la suite ici.
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Rémi Baldy : « Une scie sauteuse parce que le confinement me permet (ou me force) à terminer les finitions de la rénovation de mon appartement qui traînent depuis des mois. Une manette de playstation car je joue avec mes amis en ligne, l’occasion de s’amuser quand même ».
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Antoine Dreyfus : « Un carnet de croquis car ce confinement m’a donné envie de reprendre le dessin, bien que je préfère l’aquarelle. Et le tire-bouchon : le temps contraint m’a donné envie d’approfondir un hobby, le vin. Je me suis même inscrit à une formation en œnologie ».
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Agathe Perrier : « Ma liseuse, mon tapis de Pilates et mon vieil ordi uniquement utilisé pour jouer à League of Legends (mon côté geek). Des activités que j’ai plus le temps de pratiquer en ce moment, et ça fait du bien. Et mon chat, qui s’incruste dès que je déroule le tapis ».
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Hervé Vaudoit : « Pas très geek par nature, l’ordinateur n’était pour moi qu’un outil de travail et – très accessoirement – de loisirs jusqu’à présent. Mais il est devenu le lien unique qui me relie au vaste monde, à commencer par la rédaction de Marcelle. L’outil qui me permet de lire les news du monde entier durant mon sevrage forcé des journaux papier. L’écran qui alimente ma cinéphilie, le transistor de substitution pour les matinales radio… Avant internet, sûr et certain, je serais devenu accro aux anxiolytiques. »
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Paul Molga : « Ce clavier d’ordinateur, sous mon nez 7 jours sur 7. C’est ma plume numérique que je quitte de temps à autres pour enquêter, interviewer, faire du sport, la cuisine et me détendre. 20 cm qui me relient à la vie, au monde ».