Société
Jours de confinement S#8
Les meilleures choses ont une fin : ce huitième article clôture un cycle, celui de cette période extra-ordinaire qu’a été le confinement. Le suivi des 43 membres de mon club de course marseillais a mis en exergue comment un même contexte pouvait donner lieu à des vécus et des expériences très différents. Il y a celles et ceux qui se sont retrouvés sur le front dès les premiers jours – médecins, pharmaciennes, infirmières, éducateur spécialisé, et bénévoles. La réorganisation de leur travail pour d’autres – enseignants, fonctionnaires, notaire, étudiants… Et un quotidien à réinventer pour certains, privés d’activité comme les professionnels du tourisme, les restaurateurs ou les commerçants.
Quand est tombé l’ordre de se confiner, le 17 mars dernier, ils étaient dans le dur de la préparation du marathon de Vienne, prévu à la mi-avril. Affutés, sous endorphine (la molécule du bonheur pour le sportif), l’arrêt brutal de l’entraînement a eu un effet immédiat sur leur physique mais aussi leur mental. Aujourd’hui, la reprise se profile. Dans ce sport individuel qu’ils pratiquent collectivement, les règles dans un premier temps vont changer, puisqu’ils vont se retrouver par groupes de dix maximum. Plus fondamentalement, il faudra se remotiver, pour courir comme pour reprendre le cours de la vie d’avant, ce qui ne sera pas évident pour tous, et même une épreuve pour certains.
Guillaume : « J’ai perdu le fil du temps »
Il a repris cette semaine sa casquette de président du club en envoyant un mail au vitriol aux organisateurs autrichiens du marathon de Vienne (qui 
Au quotidien, le confinement a fait perdre à Guillaume toute notion du temps – « Je ne fais plus la différence entre les jours ». Il a ainsi travaillé le 8 mai, et certains de ses interlocuteurs ont donc été surpris par ses coups de fil passés un jour férié. Cette semaine se termine pour lui en apothéose avec une bonne nouvelle pour un dossier que notre expert auprès de la Cour d’appel suivait depuis deux ans.
Mohammed : « Le Ramadan, c’est encore plus dur confiné »
Mohammed ne quitte plus son appartement depuis le 17 mars. Son magasin d’électroménager de la Porte d’Aix a en effet dû fermer. Mais lundi, il sera à pied d’œuvre. Il doit organiser un parcours pour les clients – 
Françoise : « Le confinement a été une période heureuse »

Du point de vue familial, le confinement a été une période heureuse : son mari qui travaille habituellement à Paris a rejoint le domicile conjugal pour se confiner, ainsi que leur fille de 26 ans, élève avocate. « On a tous télé-travaillé de concert, chacun dans une pièce et j’ai retrouvé la joie de la vie familiale avec force desserts maison, d’où une légère prise de poids !!! » Question course, l’entraînement a commencé très fort dans les ruelles du quartier. « Mais, trop de montées et de descentes, pas assez de plat… on a abandonné au profit d’une marche chaque soir. L’entraînement de groupe me manque pour courir, et j’ai du mal à m’astreindre seule à le faire ».
Christophe : « Des choses que je n’aurais jamais pris le temps de faire »
Privilège ou pas, son activité figurant dans la liste des métiers autorisés – ce qui peut sembler curieux pour un magasin qui vend du carrelage et des salles de bain – le directeur a pu aller bosser tous les jours depuis le 17 mars. « Il a fallu tout mettre en place pour pouvoir assurer le lien avec nos clients et, depuis deux semaines, tout mettre en place pour pouvoir rouvrir dans les meilleures conditions. Une drôle d’expérience pour un métier qui repose essentiellement sur les rapports humains », relève Christophe.
Paradoxalement, Christophe trouve que les semaines ne sont jamais passées aussi vite. À la maison, une de ses filles en télétravail est rentrée au bercail. Sa jumelle continuant à se rendre au boulot, les apéros Whatsapp se sont enchaînés.

Christophe a également repeint tout ce qui lui passait sous la main, planté des fraises et des tomates : « des choses que je n’aurais jamais pris le temps de faire dans la vraie vie ». Le cassidain de la bande a repris « un peu » la course le week-end dernier, histoire de se rassurer. Regrettant de ne voir la mer que de loin…
Mais sa grande question existentielle sur le confinement restera la suivante : « Comment vous avez fait, vous, avec vos cheveux ? »
Olivier : « Il était temps que ça s’arrête, mais je ne sais pas pourquoi »
« C’est donc la conclusion de cette série qui m’a permis d’approfondir le lien avec mes acolytes de course. On s’est entraînés ensemble des milliers d’heures, en discutant à bâtons rompus mais, finalement, on ne se connaît pas toujours. C’est aussi un des plaisirs de la course en club, une coupure avec la vie privée et le boulot.
Détail singulier de mon activité physique durant ce confinement : ma compagne et moi avons fini par faire course à part. Une évidence pour tous les deux. Un bol d’air que chacun prenait à son rythme » ♦