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Une cagnotte fruits et légumes pour les habitants de la Castellane

Par Agathe Perrier, le 5 juin 2020

Journaliste

Les casseroles s’activent pour aider les plus démunis 6Privés des ressources de leur jardin partagé depuis le début du confinement, certains habitants de la cité de la Castellane, à Marseille, manquent de moyens pour s’approvisionner en fruits et légumes. L’association en charge du potager a donc lancé une cagnotte pour leur fournir des paniers pendant six mois. Et fait appel à la générosité de chacun.

 

Fraises, oignons, fèves, menthe et plantes aromatiques attendent la cueillette au jardin partagé de la Jougarelle, à La Castellane (16e arrondissement de Marseille). Et surtout de retrouver la quinzaine d’habitants-jardiniers qui ont pris possession des lieux en juin 2019. Ils ne sont pas encore revenus jardiner malgré le déconfinement, par prudence,  car ils craignent la contamination au Covid-19 ou sont jugés à risque. Mais ils se retrouvent ainsi privés des récoltes du potager, qui allègent d’ordinaire leur budget course. Couplé à la baisse ou à l’arrêt de leur activité professionnelle en raison du confinement, ainsi qu’à la hausse générale des prix des fruits et légumes frais, l’isolement est lourd de conséquences pour ces foyers modestes.

jardin-jougarelle-castellane-marseilleUne triple peine face à laquelle l’association Les Rudologistes associés, gestionnaire du jardin partagé, n’a pu rester de marbre. Elle a donc mobilisé ses forces et son réseau dès le mois d’avril afin de mettre en place tout un circuit de solidarité à destination de ses adhérents et aspirants jardiniers. Avec en ligne de mire une distribution hebdomadaire et gratuite de paniers de fruits et légumes bio.

 

Cherche maraîcher bio désespérément

La première question à régler a été financière. « Le nerf de la guerre », reconnaît Sophie Barbaux, paysagiste et cheffe de projet du Jardin partagé de la Jougarelle. Les Rudologistes associés ne pouvant supporter le coût des paniers, ils ont lancé une collecte d’argent, toujours en cours. Son principe est simple : une personne – physique ou morale – finance un ou plusieurs paniers à 20 euros sur la durée de son choix (bonus). « Certains donnent une fois, d’autres s’engagent à hauteur de deux paniers par mois durant six mois… Les profils sont très variés et toutes les générosités sont bienvenues ».

L’étape la plus compliquée a finalement été de dénicher un maraîcher bio. « Ce qui paraissait le plus simple, a pris le plus de temps ! Les demandes de fruits et légumes bio ont énormément augmenté pendant le confinement. Il a du coup été difficile de trouver un producteur bio à qui il restait de la marge de production ».

ferme-bio-aubagneC’est du côté d’Aubagne que la perle rare a été repérée. La Ferme des Roselières fournit depuis les précieuses denrées à raison de 15 paniers par semaine. Au grand maximum, par souci financier et logistique. Car c’est la cheffe de projet elle-même qui s’occupe des livraisons. « Je passe commande le mercredi, vais chercher les paniers le jeudi soir et les apporte aux habitants le vendredi matin. Ma voiture ne peut pas en contenir plus et l’idée n’est pas de louer une camionnette ou de faire quelque chose de compliqué », souligne Sophie Barbaux. Dans la liste des bénéficiaires : les habitants-jardiniers et des adhérents de l’association résidant aussi à la Castellane.

 

Maintenir les paniers pendant six mois

La distribution des paniers a démarré dès le début du déconfinement. Quatre la première semaine, sept la deuxième, 15 la troisième… Ils sont achetés auprès du maraîcher au même prix que pour n’importe quel autre client. « La ferme ne nous fait aucune remise et nous n’avons pas cherché à en avoir. On considère que les maraîchers ont déjà fait beaucoup d’efforts depuis le début de la crise. Les dons financent l’achat des paniers et l’association prend en charge la logistique », précise la cheffe de projet. La chaîne de solidarité devrait perdurer au cours des six mois à venir. C’est en tout cas le souhait des Rudologistes associés. D’une part pour aider les familles le temps que l’activité de jardinage revienne complètement à la normale et que les prochaines plantations sortent de terre. D’autre part, parce que cela maintien des contacts et des échanges avec les jardiniers et adhérents.

 

jardin-partage-jougarelle-marseilleUn retour au jardin espéré en juin

Les Rudologistes associés espèrent revoir les habitants-jardiniers dès ce mois de juin et mettent tout en œuvre à cet effet. Notamment la remise en état des parcelles. « Avec le temps doux, les fortes pluies puis le retour du soleil ces trois derniers mois, cela ressemble plus à une prairie qu’à un jardin », sourit Sophie Barbaux.

Certains trépignent d’impatience à l’idée de remettre les mains dans la terre. En attendant, ils peuvent se consoler en profitant du fruit de leurs derniers mois de labeur. Les membres de l’association travaillent d’arrache-pied pour récolter les denrées mûres et ne pas en perdre la moindre pousse. Ils les glissent ensuite dans les paniers aux côtés des bons produits de la Ferme des Roselières. Une petite compensation qui, si elle ne remplace pas le plaisir de la cueillette, permet au moins de ravir les papilles ♦

* Le Fonds Épicurien, parrain de la rubrique « Alimentation durable », vous offre la lecture de cet article mais n’a en rien influencé le choix ou le traitement de ce sujet. Il espère que cela vous donnera envie de vous abonner et de soutenir l’engagement de Marcelle *

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Bonus – Comment financer un ou plusieurs paniers – Plus d’infos sur Les Rudologistes associés

  • Pour participer à la cagnotte, il suffit de remplir le formulaire de don ci-dessous. À envoyer à l’association des Rudologistes associés. Pour plus d’informations ou toute question, contactez Sophie Barbaux : sophie@orange.fr, 06 08 64 02 84.

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  • Les Rudologistes associés est un collectif fondé en 2008 par Colas Baillieul, sculpteur, et Sophie Barbaux, paysagiste. Du latin rudus, qui signifie décombres, la rudologie est l’étude systématique des déchets et des espaces déclassés, dépotoirs et décharges. D’une façon plus large, c’est l’étude du rejet et de la mise en marge, donc du déclassement des biens, des espaces, des fonctions, voire des acteurs. Les Rudologistes Associés se proposent de donner une seconde vie à ces lieux et ces objets, dans l’espace public comme dans la sphère privée, par un recyclage artistique et paysager.