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Avec AlterSoin 44, les plus précaires ont accès aux médecines complémentaires

Par Paola Da Silva, le 18 juin 2020

Journaliste

Depuis 2016, AlterSoin 44 permet aux plus précaires d’accéder aux médecines dites complémentaires.  L’association nantaise organise plus de 700 consultations par an. Les 300 bénéficiaires peuvent ainsi mieux prendre soin de leur santé. Son fonctionnement a dû se réinventer lors de la période de confinement.

 

Depuis 4 ans, une trentaine de praticiens offrent une demi-journée de leur temps chaque mois à l’association nantaise AlterSoin 44. Quelques heures lors desquelles ils prodiguent des soins à un public précaire, qu’ils reçoivent très peu en cabinet. « Neuf disciplines sont proposées, toutes reconnues par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) », détaille Malika Darmoungar, fondatrice de l’association. « De l’art thérapie, de l’aide psychologique, de la diététique, des massages, de la médecine traditionnelle chinoise, de l’ostéopathie, de la réflexologie plantaire, du shiatsu et, enfin, de la sophrologie ». Des médecines dites « complémentaires », aujourd’hui rarement prises en charge par les mutuelles, alors que le bénéfice sur les personnes est souvent considérable.

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Art thérapie

« J’ai décidé de créer cette association car je sentais ce manque et ce besoin chez les personnes en situation de précarité, confie Malika Darmoungar. Ayant été un jour confrontée dans ma vie personnelle à une période difficile, j’ai réalisé que, dans ce cas, on ne pouvait plus s’offrir ce genre de soins. Pourtant, la santé est une priorité. Peut-être encore plus à ce moment de la vie. »

 

700 euros de quotient familial

Les 300 personnes reçues chaque année dans les locaux d’AlterSoin sont considérées en grande précarité. Leur quotient familial, en effet, ne dépasse pas les 700 euros. « Il y a beaucoup de gens au RSA, des personnes âgées isolées…  Il faut bien comprendre que 75% de nos bénéficiaires ont un quotient familial égal ou inférieur à 500 euros. Certains n’atteignent même pas 300 euros. Ces soins sont inenvisageables pour eux sans notre action. »

Les consultations sont néanmoins payantes : de 10 à 22 euros en fonction du quotient familial. Un coût qui permet au bénéficiaire de ne pas se sentir redevable, tout en participant à la vie de la structure. Quant aux praticiens, ils prodiguent pendant une heure exactement les mêmes soins que dans leur cabinet. « C’est également valorisant pour eux. Certains praticiens me disent qu’ils reçoivent autant qu’ils donnent en venant ici. »

Recommandée par des médecins

Victime de son succès, AlterSoin compte aujourd’hui une centaine de personnes sur liste d’attente. Si, au départ, des associations de quartier ou des CCAS dirigeaient les personnes vers AlterSoin, ce sont aujourd’hui des médecins qui la recommandent. Des généralistes comme des spécialistes. « Nous avons récemment rencontré le Pr Julien Nizard, qui dirige le centre d’évaluation et de traitement de la douleur du CHU de Nantes, qui souhaitait présenter notre action à son équipe. Certaines de nos disciplines complètent réellement la prise de médicaments antidouleur.»

Covid : réinventer le suivi des bénéficiaires
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Shiatsu

Après quatre années d’actions soutenues, l’association a été vivement bousculée lors de la période de confinement due à l’épidémie de Covid-19. « Nous avons dû tout annuler pour une période indéfinie », raconte Malika Darmoungar. « Mais il nous était impossible de laisser nos bénéficiaires, il fallait essayer de proposer quelque chose quand même. » Après une série d’échanges avec les thérapeutes, la décision a été très rapidement prise de mettre en place un service d’écoute psychologique. Les psychologues et psychothérapeutes ont ainsi pris en charge par téléphone la détresse et l’angoisse des personnes en souffrance.

Quant aux autres thérapeutes, ils ont décidé de rédiger une newsletter hebdomadaire comportant des conseils anti-stress, envoyée à tous les contacts de l’association, qu’ils soient bénéficiaires ou juste partenaires. « C’était important pour nos thérapeutes d’accompagner le plus de personnes possible pendant cette période stressante. Nos bénéficiaires nous ont particulièrement remerciés de ne pas les avoir laissés tomber. »

 

Consolider un modèle

Les consultations au sein d’AlterSoin ont repris le 4 juin dernier, suite aux informations rassurantes de l’Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire (ARS). « Tout le monde est ravi de recommencer. Mais on ne se précipite pas, et les mesures prises sont importantes : port du masque, bien sûr, mais aussi désinfection des locaux, lavage des mains… ». AlterSoin 44 bénéficie d’une reconnaissance qui dépasse les frontières de sa région. « Nous avons été sollicités pour ouvrir des antennes ailleurs en France, mais il nous faut d’abord consolider notre modèle économique. » L’association est reconnue d’intérêt général depuis 2018, les dons qu’elle reçoit sont donc défiscalisables. « À nous de trouver des donateurs pour pérenniser notre action. Il faut qu’AlterSoin 44 repose sur un fonctionnement solide pour qu’il soit facile ensuite de reproduire notre modèle ailleurs » ♦

 

Contact – AlterSoin 44 – 4, place de la Croix Bonneau, Nantes. Tél. : 07 68 23 79 39 altersoin@gmail.com

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