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Avignon sur le pont

Par la rédaction, le 3 juillet 2020

Inferno, Romeo Castellucci, 2008 © Christophe Raynaud de Lage

[Bref] Pas de In, pas de Off. Mais Avignon quand même. Une programmation de circonstance, culturelle et poétique a surgi, conçue avec les moyens du bord, les bonnes volontés et l’énergie créatrice des uns et des autres. Un plan Orsec baptisé Un rêve d’Avignon.

Cet été, il ne sera pas possible de déambuler dans les rues, de s’installer dans une cour envahie des chants des cigales, d’entrer dans la Cour d’honneur au son des trompettes ou encore attendre que les martinets finissent leur danse dans le jour tombant. Mais l’esprit du festival planera, et s’offrira sous d’autres formes.

 

Un été quand même

« Un rêve d’Avignon » (du 3 au 25 juillet) propose chaque jour des créations uniques – fictions, spectacles de la Cour d’honneur réinventés, documentaires, podcasts… Mais aussi la mise en valeur d’une mémoire de grandes rencontres et d’œuvres qui ont marqué, changé les spectateurs. Trois semaines de programmes inédits sur les antennes et les plateformes numériques de l’audiovisuel public et sur le site du Festival d’Avignon qui, le temps d’un été, permettront malgré tout et autrement de rêver encore pour que la cité des papes reste le forum à ciel ouvert qu’elle devient chaque été depuis 1947. Olivier Py, au service de l’esprit originel de la manifestation, précise la vision poétique de Jean Vilar à l’aune des défis d’aujourd’hui : « Un ciel qui ne soit pas autoritaire, une nuit qui ne soit pas celle du désespoir, un texte, un geste qui, classique ou inédit, soit nécessairement notre contemporain, un peuple qui soit fier de ses différences et une fête qui soit celle de l’esprit. ».

Quant à « Un rêve de Cour », ce sera chaque soir à 22h (du 11 au 25 juillet) sous le ciel étoilé, l’occasion de voir ou revoir un spectacle filmé dans la Cour d’honneur – théâtre, danse, musique de 1995 à 2020, de Jérôme Deschamps à Jean Bellorini en passant par Angélique Kidjo ou Anne Teresa De Keersmaeker.

 

Lectures inédites

De leur côté, les théâtres du Balcon, des Carmes, du Chêne noir, du Chien qui Fume et des Halles organisent un cycle de lectures (du 16 au 23 juillet) dans le cloître du Palais des Papes. Au programme : 14 lectures de textes inédits, assurées par une cinquantaine de comédiens (Philippe Caubère, Rémi de Vos, Serge Valletti, Rufus, Léonore Confino, Virginie Lemoine…).

« Cette action solidaire, artistique, patrimoniale veut revenir à l’essentiel du métier, sévèrement touché et muselé par l’épreuve du Covid 19. Il paraissait impensable de laisser Avignon  » muette » en juillet. Est alors venue naturellement l’idée de revenir sur le lieu de naissance du Festival pour sauvegarder un « murmure théâtral » par des lectures de textes ».

La volonté commune de ces 5 théâtres composant les Scènes d’Avignon est de continuer à mettre en avant les auteurs à la genèse de toute création théâtrale. De faire se rencontrer metteurs en scène, comédiens et public. Ces lectures permettront des étapes de travail indispensables qui n’ont pu avoir lieu pour cause de confinement ♦

 

  • Le festival d’Avignon connaît là sa seconde annulation après 2003 et un mouvement très fort des intermittents du spectacle. Un événement que cet article de Télérama nous remet en mémoire.