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L’incroyable épopée d’Ahmad et sa famille

Par Marie Le Marois, le 23 décembre 2020

Journaliste

[noɛl] Ahmad et sa famille ont fui le régime syrien en 2015. Au terme d’un long et éprouvant périple, ils ont été accueillis à Lille grâce à la mobilisation de la paroisse Saint-Maurice-des-Champs et des Petits Frères des Pauvres. Trois ans après, non sans mal, chacun a trouvé sa place. Et leur fils, exfiltré via le Liban, a pu les rejoindre.

 

Dans ce petit appartement de la périphérie lilloise règne une ambiance joyeuse et chaleureuse. La famille A. – nous tairons son nom car elle est recherchée en Syrie – nous attend avec du thé et une montagne de gâteaux à base de pistaches ou d’amandes. Installés dans le canapé, sous des citations du Coran encadrées, Ahmad, 53 ans, Hala, 41 ans et leurs deux enfants – Nihal, 20 ans, et Marwan, 21 ans – nous enveloppent de leur douceur orientale, qui tranche avec la rudesse de leur histoire. Ils nous racontent leur épopée scandée de drames et de mains tendues. Ahyaf et Lara, sa compagne, tous deux Libanais, nous aident pour la traduction.

 

Premières manifestations pacifistes – mars 2012
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Ahmad, le papa, chez lui, à Lille

Tout commence en mars 2012. La famille vit à cette époque à l’est de la Syrie, à Deir-Ez-Zor, au bord de l’Euphrate et des champs pétroliers. Ahmad est à la fois chauffeur poids lourds et vendeur dans un magasin d’alimentation. Hala, est mère au foyer et leurs enfants sont collégiens. En mars, la ville connaît ses premières manifestations pacifistes contre le régime de Bachar al-Assad, auxquelles participe Ahmad.

S’ensuit une spirale infernale qui empire au fil des mois : les tirs de la police contre les manifestants, la prise de la ville par l’Armée syrienne libre, les bombardements du gouvernement pour les déloger, le massacre de 700 personnes « dont je connaissais certaines », confie Ahmed qui décide alors de fuir à Damas pour protéger sa famille. Ils reviennent à Deir-Ez-Zor un an plus tard mais sans Marwan. Il a été confié à ses grands-parents pour qu’il ne soit pas capturé et enrôlé par Daesh. Nous sommes en 2014. Ils ne verront plus leur fils avant le 15 octobre 2019.

Les combats reprennent, mais cette fois-ci entre Daech et l’armée de Bachar – « nous étions complètement encerclés ». La ville est sous l’emprise du chaos, les gens meurent de faim – « j’ai vu des enfants manger des feuilles, des passants tombés morts dans la rue ». Une bombe blesse grièvement Ahmad et sa femme qui en garde encore des éclats dans le corps.

 

Exode en territoire Daech – juillet 2015
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Dayr Az Zawr, à l’est de la Syrie

En juillet 2015, la famille décide de fuir en Turquie. « Nous sommes partis à pied, Hala, Nihal, et moi. Avec Nihal, je poussais le fauteuil roulant de Hala ». Ils arrivent dans un village tenu par Daech. Hommes et femmes sont séparés, ces dernières doivent porter le niqab, leurs papiers et cartes Sim sont déchirés, le mariage est proposé à Nihal alors âgée de 15 ans. Heureusement, l’adolescente a la force de refuser.

Après avoir été enfermée pendant deux heures dans des camions, essuyé des bombardements sur la route de Raqqa, la famille est à nouveau réunie et décide de gagner en taxi Al Mayadin, à deux heures de route encore. « J’avais choisi cette ville car j’y connaissais quelqu’un qui pouvait nous aider. Cette personne nous a hébergés et nourris… nous en avions bien besoin. Et puis, elle nous a trouvé un logement à louer ». Quelques jours plus tard, alors qu’il dort et qu’Hala cuisine, deux missiles tombent sur la maison qui s’effondre. Au bout d’un silence angoissant, des voix se font entendre. Ils sont sains et saufs. Des voisins les aident à sortir des décombres. Mais ils n’ont plus rien. Le peu d’argent qui leur restait, leurs papiers, leurs téléphones restent ensevelis.

Grâce au soutien financier de leur famille, ils finissent par atteindre Raqqa, puis Alep. L’espoir est de courte durée : « les soldats de Daech nous menaçaient et tiraient en l’air pour nous empêcher de passer. L’un d’eux a crevé un pneu de notre voiture. J’ai réussi à le réparer. Et puis, tout d’un coup, les soldats nous ont dit de partir ». Ils profitent d’un court cessez-le-feu pour passer la ligne de front entre Daech et l’armée syrienne libre.

 

Arrivée en Turquie – octobre 2015
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Ahmad et sa femme, Hala, à Lille, leur nouvelle ville

Arrivée à la frontière, la famille attend toute la nuit le feu vert du passeur et finit pas partir au petit matin. Sept heures de marche à travers la montagne. « Nous étions une cinquantaine, l’ascension était épuisante. J’aidais Nihal et Hala qui avait beaucoup de mal à marcher malgré les antidouleurs ». Après avoir traversé la forêt, ils arrivent dans un village tenu par la mafia turque – nouvelle frayeur-, prennent un bus pour Urfa, au hasard ou presque – « je me suis souvenu que je connaissais des gens là-bas » – et arrivent à destination. Épuisés, affamés, désespérés. « Je pleure encore quand je revis ce moment d’extrême fatigue doublé du sentiment d’être complètement perdu, d’autant plus que personne ne me comprenait car je ne parlais pas turc ». Nous sommes en octobre 2015.

Un passant qui parle arabe lui conseille de prendre le bus 5 pour atteindre un quartier de la ville peuplé de Syriens. Dans ce bus, alors qu’Ahmad converse avec sa femme, un Syrien les interpelle, s’aperçoit qu’il est originaire du même village et propose de les accueillir. Pendant trois jours, ils sont hébergés et nourris par cet homme, sans contrepartie. « Je me souviens du premier soir, nous avons mangé, pris une douche, changé de vêtements, et dormi. Cela faisait trois jours que je n’avais pas fermé l’œil ». La famille finit par trouver un logement dans lequel ils commencent par dormir par terre. Nihal déniche un boulot de vendeuse pour 50 euros par semaine, puis Ahmad pour 5 euros par jour.

 

Départ pour la France – octobre 2017

La famille fait les démarches pour émigrer au Canada. Mais ce sera finalement la France qui les accueille, grâce à la mobilisation des paroissiens de Saint-Maurice-des-Champs à Lille et du dispositif d’Etat  »d’accueil de familles réinstallées syriennes » (voir bonus). Après un entretien avec l’OFPRA à Ankara et une enquête, ils partent en bus pour Istanbul. Le HCR, agence des Nations Unies pour les réfugiés, leur donne « de l’argent et de la nourriture », puis les loge dans un hôtel « très confortable » qui a en plus un jacuzzi, « et j’en ai bien profité ».

Fin octobre 2017, deux ans après leur arrivée en Turquie, ils s’envolent pour Paris-Charles de Gaulle où les attend un membre de Coallia (association au service des plus vulnérables mandatée par l’Etat pour les accompagner). « Je lui ai demandé si nous allions à Bordeaux où vit un de mes frères. Il a répondu que non, que nous allions à Lille, une jolie ville. Durant le trajet, je regardais le paysage. Je trouvais la France très jolie, et j’étais heureux ». Ahmad prend la vie comme une aventure, estime que son futur sera meilleur que son passé et n’a pas peur de se lancer dans l’inconnu.

À l’arrivée, le groupe de la Paroisse Saint-Maurice-des-Champs les attend avec, comme cadeau, un logement rien que pour eux chez les Petits Frères des Pauvres (voir bonus). Ahmad est très ému. Il se revoit encore montant l’escalier de l’immeuble. « A la porte, on m’a donné la clef. C’était le bonheur : je me sentais en sécurité ». Hala, sa femme, est partagée entre la joie d’être en sûreté, la peur de ne plus revoir son fils resté en Syrie et le sentiment de vivre dans un endroit étrange. La langue et la culture lui paraissent tellement incompréhensibles. Nihal, elle, est également soulagée mais reste très angoissée avec toutes les horreurs qu’elle a vécues en Syrie puis en Turquie. L’adolescente ne parvient pas à sortir de chez elle.

 

Les premières années à Lille – mobilisation des paroissiens
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Ahyaf et Lara, les paroissiens libanais et traducteurs de la famille

Une coordination composée de l’équipe des Petits Frères des Pauvres, de Saint-Maurice-des-Champs et de Coallia, avec son intervenante sociale Aurore, accompagne les A. pendant plus d’un an, au jour le jour. Ils les aident à s’installer, s’équiper, trouver des vêtements, effectuer les démarches administratives, apprendre des rudiments de français… Les paroissiens – Thérèse, Anic, Gérard, Marie-Odile, le père Christian et bien d’autres – deviennent, au fil des mois, la nouvelle famille des trois Syriens. Une famille qui les enveloppe de leur bienveillance et leur expérience.

Thérèse accompagne pas à pas Nihal pour qu’elle s’extraie de sa peur. Ahyaf et Lara, le couple de Libanais, se transforment en traducteurs de la famille et pour cela, viennent chaque semaine la rencontrer. « Ils refusent que ce soit une visite simple, ils nous invitent à partager le repas avec eux », raconte Ahyaf, les yeux gourmands. Il faut dire que les plats cuisinés par Hala – riz au poulet, légumes farcis et « beaucoup de gâteaux » – lui rappellent son Liban.

Antoinette, infirmière de formation, est aux petits soins et conduit régulièrement Hala à l’hôpital pour ses nombreux problèmes de santé, notamment liés aux éclats d’obus. Elle devient ‘’Maman Antoinette’’. Ahmad, éloigné de la sienne, trouve en cette octogénaire chaleureuse la figure maternelle. « Elle nous accompagne, elle a un grand cœur. Elle ne nous a jamais laissés ».

 

Emploi d’Ahmad –septembre 2019   
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Ahmad et son patron, André Dupon, dans les locaux de Vitamine T

La famille est heureuse de pouvoir souffler mais souffre de ne pouvoir travailler. Ahmad, en activité depuis l’âge de 13 ans, a beau chercher un emploi, il ne trouve rien. Mais deux ans après son arrivée à Lille, grâce à l’entremise de ‘’Monsieur Henri’’, un des paroissiens, et l’intervention d’André Dupon, président de Vitamine T, un des leaders de l’insertion par l’activité économique, il est embauché en CDD d’Insertion dans le groupe.

Il fabrique aujourd’hui des masques. Ce boulot n’est pas le poste de mécanicien-chauffeur dont il rêvait, mais cela reste un travail « et le travail, c’est important ». Avec ses premières économies, il s’offre le plus beau des cadeaux pour lui : une voiture d’occasion. Il peut ainsi se rendre plus facilement à son travail. Et même s’autoriser des escapades, notamment à quatre heures de là, en Allemagne, pour voir son frère.

Nihal, elle, entre en seconde au lycée grâce à son brevet passé en Syrie. Mais rencontre des difficultés pour s’intégrer en raison de son niveau scolaire, de ses peurs, de la langue mais aussi de l’attitude des élèves – « déjà j’avais 19 ans et eux, 15 ans ; et ils n’étaient pas gentils. Quand j’avais besoin qu’ils m’expliquent, ils m’envoyaient balader ». Elle tient jusqu’en première mais part au milieu de l’année, en février dernier. Elle s’inscrit à la Mission Locale de Lille, association au service des 16-25 ans pour l’accès à l’emploi et à l’autonomie.

En octobre 2020, surprise, la Mission Locale lui trouve un poste de vendeuse chez Zara dans le cadre du programme pour les jeunes défavorisés mis en place par Jean-Jacques Salaün, le patron France (voir bonus). Pour suivre la formation, elle quitte pour la première fois ses parents. La jeune fille côtoie des jeunes de son âge, dort dans de beaux hôtels et effectue même une marche de 45 kilomètres autour de La Rochelle « avec Jean-Jacques ».

Au début, elle trouve « ça très bizarre » de travailler car elle ne connaît rien au métier. « Maintenant, j’ai appris beaucoup de choses », confie Nihal qui n’a plus rien à voir avec la  »petite chose » débarquée de Turquie. Elle arbore un large sourire tout au long de notre interview. Il y a de quoi : le 12 décembre, cette férue de musique turque a terminé sa période d’essai et signé un CDI. Avec son premier salaire, elle s’est offert quelques vêtements à la mode. « Quand je travaille, la vie est plus facile. Le travail, c’est la clé de la vie ».

Hala, la maman, elle, a tout de suite investi la cuisine de l’appartement – c’est son sanctuaire. Elle sort faire ses courses au marché de Wazemmes, l’un des plus grands de France, où elle trouve son bonheur, et apprend une fois par semaine le français au centre social du quartier. Cette femme autrefois timorée prend petit à petit son autonomie et se rend seule chez le médecin d’origine libanaise que ‘’Maman Antoinette’’ lui a trouvé. Elle est très heureuse dans son rôle de mère au foyer, surtout depuis que son fils chéri est arrivé à Lille. Elle ne l’avait pas revu depuis cinq ans.

 

Le fils exfiltré de Syrie – octobre 2019
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Marwan et sa soeur, Nihal, les deux enfants de la famille.

Marwan a vécu tout ce temps caché chez ses grands-parents paternels, de peur d’être capturé par Daesh, enrôlé dans l’armée de Bashar. Mais surtout, arrêté par les autorités. Il porte en effet le nom d’un cousin éloigné activement recherché. Les services de renseignement ont plus d’une fois encerclé le quartier de ses grands-parents, mais le jeune homme est toujours parvenu à s’échapper pour se réfugier chez des amis.

Après de multitudes démarches effectuées depuis Lille par les paroissiens (voir bonus), il a pu obtenir un visa et rejoindre la France via le Liban. Ahyaf, l’ami libanais, l’attendait avec Hala et Nihal à l’aéroport – Ahmad travaillait – et se souvient précisément de la scène des retrouvailles. « C’était intense, sa maman a franchi la barrière et s’est jetée dans les bras de son fils ».

Marwan, qui a dû quitter l’école en 5e en raison des évènements en Syrie, peut maintenant rattraper toutes ses années de jeunesse. Maintenant qu’il se sent « en sécurité », « épanoui », « heureux de pouvoir circuler librement sans peur d’être arrêté », ce fan de foot peut envisager son avenir. Il apprend le français quatre fois par semaine, avec des bénévoles de la paroisse et Starter, association qui agit en faveur de l’insertion professionnelle et culturelle. Son objectif est d’intégrer en septembre le CFA – Centre de Formation d’Apprentis, pour devenir électricien.

 

Une histoire à double sens

Si les paroissiens sont devenus indispensables à la famille syrienne, l’inverse est aussi vrai. Lara, la jeune femme libanaise, apprend au contact des A. le courage, l’humilité mais aussi une autre manière de penser et une religion différente. ‘’Maman Antoinette’’ abonde.

Cette catholique pratiquante trouve que cette ouverture sur la religion musulmane est extraordinaire et qu’elle « enlève clichés et malentendus qu’on a en tête ». Elle s’est par exemple rendu compte qu’ils avaient « le même Dieu ». ‘’Monsieur Henri’’ apprécie d’aider cette famille « adorable », « chaleureuse », et rend hommage à Hala qui « fait une cuisine à tomber par terre ». Il souligne que le problème reste la maîtrise de la langue française mais leur envie d’apprendre est telle qu’ils vont y parvenir.

Ahmad nous fait visiter avec fierté son appartement, son oiseau, le petit sapin de Noël, la petite collection de voitures posée sur le radiateur et la vue dégagée. Et nous regarde, rayonnant, « notre avenir est en France, reste à le construire. » ♦

 

Bonus [pour les abonnés] L’appel du Pape et à l’initiative du curé de la paroisse Saint-Maurice-des-Champs – Zara France a mis en place en 2008 un programme pour les jeunes en difficulté – L’exfiltration de Marwan –

  • À l’appel du Pape et à l’initiative du curé de la paroisse Saint-Maurice-des-Champs – un petit groupe a décidé en 2016 d’accueillir une famille de réfugiés. Dans cette perspective, elle s’est portée volontaire pour le dispositif national  »d’accueil de familles réinstallées syriennes » que dirigeait le préfet Jean-Jacques Brot. Ce programme a pour objectif de faire venir en France, dans de bonnes conditions, 12 000 personnes issues des zones de guerre irako-syriennes.

Il y a une obligation préalable à leur venue : trouver un logement correspondant à leurs besoins et à leurs futures ressources (en l’occurrence les minima sociaux). Il a fallu du temps pour trouver une solution dans le quartier Saint-Maurice, et c’est finalement grâce à l’association les Petits Frères des Pauvres qu’un F3 a été proposé pour un an, sous condition que l’un des membres de la famille ait plus de 50 ans. La famille A., répondant à ce critère, a donc été choisie parmi celles inscrites dans le programme.

Dès leur arrivée en octobre 2017, Ahmad, Hala et Nihal ont été pris en charge par Coallia – association mandatée par l’État pour accompagner ces familles réinstallées durant la première année – ainsi que par les Petits Frères des Pauvres et la Paroisse Saint-Maurice-des-Champs. En 2018, les A. ont déménagé dans un appartement du bailleur social LMH.

 

  • L'incroyable épopée d'Ahmad et sa famille
    Promotion de Nihal, octobre 2020

    Zara France a mis en place en 2008 un programme pour les jeunes en difficulté – L’objectif ? Les former à devenir vendeurs, comme les autres. Une idée qui est venue à Jean-Jacques Salaün, directeur général France et créateur de ce programme, après les émeutes en banlieue fin 2005. Chaque semestre, quinze jeunes présélectionnés par les Missions Locales passent trois entretiens dont un avec Jean-Jacques Salaün, puis se lancent dans une formation.

Celle de Nihal a duré quinze jours avec au programme : une marche de deux jours à La Rochelle et une immersion de douze jours dans un « magnifique hôtel » à Versailles avec cours de théâtre, d’expression, de vente, et des échanges avec des personnes passionnées par leur métier.

Une fois sa formation effectuée, les jeunes sont envoyés et encadrés pendant une semaine en magasin, avant de repartir une semaine pour une dernière formation aux techniques de vente. Avec le deuxième confinement, Nihal est restée pendant un mois dans le même magasin à Euralille, avant de basculer dans un autre point de vente où elle y est très heureuse. Les quinze jeunes de sa promotion ont tous été embauchés. Lire davantage ici.

 

  • L’exfiltration de Marwan – Sa venue en France a été longue et épineuse. Les formalités pour le visa effectuées à distance par Gérard, un paroissien ; le trajet périlleux entre Damas à Beyrouth pour l’entretien à l’ambassade de France – celle de Damas n’existant plus – ; l’intervention de « bonnes fées » pour accélérer l’obtention du visa. Et le sésame enfin obtenu en septembre 2019. « Quand Hala a appris la bonne nouvelle, elle était tellement émue qu’elle peinait à rester debout. Puis elle a crié de joie dans tout l’appartement, au point de réveiller Ahmad en pleine sieste », raconte Ahyaf.

Mais l’aventure n’était pas terminée. Il s’agissait maintenant de faire coïncider le départ en avion de Marwan avec la remise de son Visa au Consulat. « Nous ne voulions pas prendre de risques en le faisant repartir à Damas. Dès que le rendez-vous a été annoncé pour le 15 octobre, nous avons pris son billet d’avion pour le lendemain », raconte Ahyaf qui avait tout calculé : un taxi – « une connaissance » – passait la frontière le 15 octobre à 8 heures avec Marwan à son bord et le conduisait chez ses parents à Beyrouth. « Mon père l’emmenait aussitôt au rendez-vous à l’ambassade fixé à 13h ». Mais à midi, toujours personne. Le stress était maximum, « on n’avait aucune nouvelle, il allait rater le rendez-vous et nous, perdre le billet d’avion ». Marwan a été en fait bloqué à la frontière « mais avec un peu d’argent », tout s’est arrangé. Il a pu arriver à temps et, le 16, s’envoler pour retrouver ses parents et sa petite soeur.