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5G, Marseille ville pilote : un bien ?

Par Lorraine Duval, le 14 janvier 2021

Journaliste

Image @Mohamed Hassan - Pixabay

Un des journalistes de Marcelle, Antoine Dreyfus publie « 5G, mauvaises ondes » (Massot éditions), une enquête objective sur la 5G. Le documentariste y raconte la ville du futur, les possibilités techniques, mais aussi les craintes suscitées (environnement, santé, dépendance industrielle, etc.) par ce réseau de cinquième génération, sur lequel la Chine est leader. À Marseille par exemple, quatre sociétés utilisent déjà la 5G avec des solutions innovantes.

 

Le petit robot file entre les coques des bateaux. En forme de catamaran, le Jellyfishbot (c’est son petit nom !), traîne un filet et ramasse des sacs plastiques, des bouteilles, etc. Toutes sortes de déchets. Le robot se télécommande comme un jouet très facilement. C’est Iadys, une start-up des Bouches-du-Rhône, spécialisée dans la robotique et l’intelligence artificielle qui a conçu ce robot nettoyeur.

5G : Marseille, ville pilote 3Pour Nicolas Carlési, le fondateur, les atouts de ce robot tiennent « dans son format compact et dans sa faculté à passer partout. Pourquoi ? La majeure partie du temps, les déchets qui sont à la surface des plans d’eau vont se retrouver entraînés par le vent ou les courants. Ils sont difficilement accessibles. » Facile à mettre à l’eau et à sortir, le robot se faufile partout. Et pour le manipuler, Iadys se sert de la 5G.

 

Le robot nettoyeur Jellyfishbot fonctionne avec la 5G

Le Challenge 5G d’Orange et de la ville de Marseille dont Iadys est l’une des quatre entreprises lauréates, lui a permis de bénéficier des moyens et du savoir-faire d’Orange. Ainsi que des aides financières. « Nous avons testé avec la 3G et la 4G. Mais la 5G répond très vite, il n’y a quasiment pas de temps de latence », explique Sylvain Louis, l’ingénieur spécialiste de la robotique de Iadys. L’ingénieur envisage même de faire du robot Jellyfishbot, un outil multifonctions qui pourrait recueillir des données (nombre de places vacantes, température de l’eau, etc.) envoyées à la capitainerie, en temps réel.

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Le Jellyfishbot de la start-up Iadys

En France, plusieurs communes se sont déjà équipées du robot : Cassis, Cannes, Marseille, Monaco, Saint-Tropez, Montpellier, Ajaccio, La Turballe, Dunkerque. Mais aussi le Parc Naturel Marin de Mayotte, Neuchâtel (Suisse), Singapour, Tokyo, et d’autres villes dans le monde. L’avantage de la 5G pour Iadys, c’est que ce réseau est déployé dans le monde entier. Et donc que ces robots nettoyeurs peuvent trouver leur place dans les ports et les zones portuaires sur toute la planète.

 

La 5G, c’est quoi ?

Pour bien comprendre les enjeux de la 5G, il faut se pencher (un peu) sur l’architecture des réseaux de communication. La 5G, réseau de cinquième génération, succède à la 3G et la 4G. Elle utilise de nouvelles fréquences (voir bonus) plus courtes. La 5G, c’est, a priori, pour les promoteurs du réseau, dix fois plus de débit et pas de latence (le temps de charger les données). Concrètement ? Télécharger plus de films, plus de jeux, plus d’images, plus de datas. Et dans l’idéal, des solutions mobiles à haut débit pour l’industrie.

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@Caeuje – Pixabay

La 5G va nécessiter l’installation de plusieurs dizaines de milliers d’antennes. Tout d’abord des antennes macro – généralement des points hauts, comme pour la 4G-, mais aussi des antennes miniatures. À terme, en effet, la 5G va en effet utiliser les ondes millimétriques, avec une portée de seulement quelques centaines de mètres. Dans les villes, cela nécessitera donc l’installation de dizaines de milliers de nouvelles antennes. Ce qui suscite pas mal de craintes, car plus courtes, les fréquences de la 5G ont besoin de plus de relais.

La 5G, c’est l’internet des objets

La 5G se base sur des technologies d’antennes qui dirigent un signal dans une direction précise plutôt que dans toutes les directions. En outre, elles émettent un signal adapté aux besoins de chaque utilisateur. Équipées d’un très grand nombre de connecteurs, elles vont aussi permettre de prendre en charge un très grand nombre d’appareils. C’est ce que l’on appelle l’internet des objets (IOT, internet of things). Nous pourrons alors avoir des frigidaires connectés, des douches connectées, des miroirs connectés, etc.

 

Que va faire Marseille avec la 5G ?

Sous l’ère Gaudin, la précédente municipalité avait conclu un partenariat avec l’opérateur Orange et lancé le Challenge 5G, dont Iadys est l’une des quatre sociétés lauréates avec son robot nettoyeur. Mais il y a aussi :

Lextan : assistance connectée aux véhicules de livraison du dernier kilomètre en centre-ville.

Exalt3D : visualisation à distance d’images en réalité virtuelle à forte valeur ajoutée, zoomables, et manipulables en 3D. Exemple : vous regardez sur votre smartphone une paire de baskets qui s’anime en 3D. C’est tout de suite plus plaisant…

Kalyzée : des solutions audiovisuelles.

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La solution audiovisuelle Kalyzée

En ces temps de crise sanitaire du Covid 19, ces solutions pour les universités sont particulièrement intéressantes. Kalyzée a même mis au point une solution qui marche très fort auprès des établissements d’enseignement : elle permet d’enregistrer simultanément un orateur et sa présentation Powerpoint, puis de diffuser son contenu vidéo (formation, conférence, réunion…) en direct ou en streaming directement via sa tablette connectée. Kalyzée a équipé les universités de 300 systèmes depuis mars 2020, le début de la crise sanitaire.

 
La 5G, vraiment indispensable ?

Avec un temps de latence réduit, la 5G est donc particulièrement appréciée. Mais ce que souligne justement Antoine Dreyfus, l’auteur de « 5G, mauvaises ondes », c’est que ces technologies audiovisuelles par exemple n’ont pas spécifiquement besoin de la 5G. Surtout en temps de confinement, où l’on nous incite à rester chez nous. Elles peuvent se déployer via la fibre optique qui est même, en l’occurrence, la solution ad hoc pour avoir un très haut débit assuré.

C’est donc toute la question de l’utilité et des limites de la 5G qui est posée dans ce livre. Et des choix de société que nous voulons. Michèle Rubirola, l’ex-maire de Marseille jusqu’à sa démission le 16 décembre 2020 avait signé, avec d’autres élus écolos, une tribune pour demander un moratoire sur le déploiement de la 5G. Que va décider le nouveau maire, Benoît Payan, à propos de la 5G ? Ce sera notamment l’un des dossiers à venir de la nouvelle magistrature. ♦

 

Bonus
  • « 5G, mauvaises ondes » (Massot éditions / 19,50 euros) – La 5G débarque en France. Pour certains, cela signifie la victoire du lobbying, un nouveau danger pour la santé, un épuisement des ressources, une surveillance accrue de la population. Pour d’autres, c’est une innovation technologique majeure qui nous fera pénétrer dans une « ville intelligente » (la smart city), dotée de débits dix fois plus importants. Nos craintes autour de la 5G sont-elles fondées ? Qu’est-ce que la 5G apportera de plus aux consommateurs et aux citoyens ? Ce livre permet de faire le point sur cette cinquième génération de réseau mobile. Antoine Dreyfus incite chacun d’entre nous à réfléchir sur le modèle de société que nous voulons pour demain.

 

  • Les fréquences de la 5G – La 5G a besoin de fréquences pour proposer une couverture large et permettre tous les cas d’utilisation. Les trois bandes de fréquences-clés sont : en dessous de 1 GHz, 1 à 6 GHz et au-dessus de 6 GHz. Les fréquences au-dessus de 6 GHz sont nécessaires pour atteindre les grandes vitesses très haut débit, envisagées pour la 5G. Les bandes 26 GHz et/ou 28 GHz sont les plus prisées.

 

  • Les patrons des opérateurs montent au créneau – Signe que la 5G a du mal à s’implanter en France, les opérateurs multiplient les campagnes de publicité. Et les patrons mouillent même la chemise. Xavier Niel, le fondateur de Free, fait de la pub en parodiant le film « conspirationniste » Hold-up. C’est malin. Dans le JDD, Stéphane Richard, le PDG d’Orange s’inquiète des causes du retard de la 5G en France. Il annonce qu’Orange va faire don de 10 000 cartes SIM aux étudiants. Via la FAGE, la principale fédération d’étudiants.