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Et si le golfe du Lion protégeait son merlu comme le fait l’Adriatique ?

Par Nathania Cahen, le 1 mars 2021

Journaliste

@Laure Modesti-Jubin

[bref] Alerte sur la situation préoccupante des stocks de merlus dans le golfe du Lion. Cette espèce emblématique de Méditerranée s’y trouve menacée, avec des captures 15 fois supérieures à ce qu’elles devraient être dans le cadre d’une exploitation dite durable. Ailleurs, en mer Adriatique, une régulation efficace a porté ses fruits.

 

Dans le golfe du Lion, une FRA (Fisheries Restricted Area – Zone de pêche restreinte) a bien été créée en 2009 par la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM). Son objectif spécifique était de protéger les géniteurs des poissons présents sur la zone et les habitats sensibles de la région (tels que les canyons sous-marins, les fortes colonies d’éponges, les gorgones et les coraux d’eau profonde). À ce jour, il s’agit en effet de la seule zone de reconstitution située en Méditerranée occidentale.

Malheureusement, les restrictions imposées il y a douze ans n’ont eu aucun effet positif sur les populations de reproducteurs et de juvéniles. Plutôt que geler l’effort de pêche dans la FRA (ne pas augmenter le nombre de bateaux et leur temps de présence active), le comité scientifique de la CGPM avait du reste recommandé d’y proscrire la pêche de fond. Dans toutes les autres FRA méditerranéennes, cette pêche, dite démersale, a d’ailleurs été interdite.

 

 

En mer Adriatique, deux fois plus de merlus

Pourtant des solutions existent. En mer Adriatique, la zone de Jabuka/Pomo Pit souffrait de surexploitation depuis plusieurs décennies. En 2017 une FRA y a été mise en place, interdisant la pêche de fond et instaurant une zone tampon où la pêche du merlu était réduite de moitié. Des résultats plus que probants ont été obtenus en seulement 18 mois. D’une part la biomasse du merlu s’y est multipliée par 2,5. D’autre part, cette FRA bénéficie maintenant d’un large soutien de la part des pêcheurs. Il existe donc bien une solution pour le golfe du Lion !

LONG MedReAct invite donc les acteurs publics à se saisir de la gravité de cette situation et à fermer la FRA du golfe du Lion à toute pêcherie de fond. Déjà 10 autres ONG (dont WWF et LPO) ont cosigné une lettre envoyée à trois ministères – la transition écologique, celui de la mer et Secrétariat d’État en charge de la biodiversité. À ce jour, aucune réponse. ♦

Et si le Golfe du Lion protégeait son merlu comme la mer Adriatique ? 1
@Laure Modesti-Jubin

 

Bonus
  • Le merlu – Le Merluccius est un poisson blanc qui ressemble au cabillaud. Cependant, ils n’appartiennent pas à la même famille, le merlu appartenant à celle des Merlucciidae. On le trouve sous différents noms. Colin en région parisienne, colinet ou colinot en Atlantique, merluche ou saumon blanc en Manche, bardot, merlu européen.

Le merlu se reconnaît à son corps allongé et sa grande bouche renfermant de nombreuses dents toutes fines. Il est pourvu de deux nageoires dorsales. L’une est courte, assez haute, l’autre est longue et plus basse. Il possède également une nageoire anale.

Il est recouvert de petites écailles brunes pouvant parfois être mouchetées. Le dos est gris bleuté, les flancs plutôt clairs et le ventre gris argenté.

Le merlu commun ne fait pas partie des poissons des profondeurs, même s’il les fréquente. Il s’agit d’un poisson démersal, comme la dorade, la morue ou le merlan. Ils vont chercher leur nourriture dans les abysses mais n’y restent pas. Il peut descendre jusqu’à 1000 mètres sous la surface en Atlantique (800 en Méditerranée), où il se tient à l’abri des prédateurs le jour.