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PunaiZo, le jeu qui déclare la guerre aux punaises de lit

Par Maëva Danton, le 8 avril 2021

Journaliste

Réalisé par les associations Didac’Ressources et Éclore avec l’aide de l’Intercollectif Punaises de lit, ce jeu de société entend diffuser une information ludique sur la prolifération des punaises de lit. Pour mieux les combattre. L’ambition est aussi d’interpeller les pouvoirs publics pour une réponse forte et coordonnée à ce qui s’apparente, pour bien des familles, à un véritable fléau.

Elle ne mesure que cinq à huit millimètres tout au plus. Mais elle peut faire de la vie de ses hôtes un cauchemar. La punaise de lit se reproduit à une vitesse fulgurante. La femelle peut ainsi pondre jusqu’à 500 œufs dans sa vie dont l’espérance est de 6 à 24 mois. Se nourrissant exclusivement de sang, elle génère des piqûres entraînant des démangeaisons parfois douloureuses. Et l’éliminer relève du parcours du combattant. D’autant que ces insectes deviennent de plus en plus résistants aux produits chimiques et sont capables de passer de nombreux mois sans se nourrir.

 

Un enjeu de santé publique

« C’est un problème de santé publique », dénonce Katia Yakoubi, porte-parole de l’inter-collectif Punaises de lit. Ainsi, si on les pensait jusqu’alors incapables de transmettre des maladies via le sang de leurs victimes, des études actuellement menées à l’IHU Méditerranée pourraient remettre en cause cette affirmation.

Quoiqu’il en soit, elles impactent la santé mentale. « On voit des personnes qui continuent à en parler dix ans après. Cela génère des insomnies, de l’angoisse, et même des dépressions qui peuvent conduire au suicide ».

C’est contre ce fléau que se bat l’Intercollectif qui regroupe 21 organisations parmi lesquelles des associations ou des partis politiques. Son but : informer. Pour donner aux personnes concernées les moyens d’agir. Mais aussi pour casser les préjugés et déculpabiliser ceux qui penseraient que la présence de ce parasite est due à un manque d’hygiène.

 

didacressource-intercollectif-punaises-jeu-societeUn jeu pour informer et interpeller

Pour l’y aider, elle pourra désormais s’appuyer sur le jeu PunaiZo, réalisé par les associations marseillaises Didac’Ressources -qui lutte contre les discriminations et œuvre pour la partage des savoirs- et Éclore -qui vise à développer l’esprit critique des citoyens, au travers du jeu notamment.

« Didac’Ressources avait déjà fait un jeu, Taudis-Poly, contre le mal-logement. Nous leur avons proposé d’en faire un contre les punaises de lit », raconte Katia Yakoubi.

Le principe du jeu est le suivant. Chaque joueur démarre avec dix pions réversibles. Une face représente une punaise, l’autre son œuf. À chaque tour, chaque punaise pond et chaque œuf se transforme en punaise (par retournement des pions). De sorte que le principe d’envahissement prend très vite corps.

« Le but est d’éliminer ces punaises», explique Sophie Etienne, déléguée générale de Didac’Ressources. Et ce, à grand renfort de cartes « armes » : machine à laver, vaporettes, plus ou moins efficaces… Attention néanmoins, un joueur peut tirer une carte sabotage et se voir offrir un sac à dos ou un matelas contenant des punaises qui s’ajoutent à son jeu.

Pour construire cet outil, Didac’Ressources a utilisé les connaissances de l’Intercollectif et de plusieurs citoyens concernés. « C’était quelque chose de très important pour nous de s’appuyer sur eux. Ce sont les meilleurs experts en la matière ».
Grâce au soutien financier de la Fondation Abbé Pierre et de l’Agence régionale de santé (ARS) PACA, le jeu a été édité en 1000 exemplaires. Il est possible de s’en procurer sur la e-boutique de Didac’Ressources. Les associations qui travaillent sur ce sujet pourront en obtenir gratuitement.

 

Pour un service public dédié

Et au delà d’informer les familles, PunaiZo a une ambition : interpeller les pouvoirs publics. Comme la Ville de Marseille et la Métropole. Avec une revendication phare : la création d’un service public dédié. « J’imagine cela comme un espace où l’on aurait un coin information, un coin diagnostic, mais aussi de la formation professionnelle pour apprendre aux médecins à reconnaître leurs piqûres », détaille Katia Yakoubi. Un service de proximité capable d’agir au plus vite pour éviter que la situation des familles ne s’enlise. ♦

 

Bonus
  • Quelques chiffres. Selon le dernier sondage Ipsos/badbugs, 7% de la population française est touchée (soit 4,7 millions de Français concernés depuis 2016). Mais le phénomène est plus important dans les grandes métropoles. Le prix moyen à payer pour s’en débarrasser s’élève en moyenne à 1249 euros. Les personnes (jeunes la plupart du temps), les attrapent en voyageant (24%) en déménageant (20%), par des proches (17%), des voisins (13 %) ou en récupérant des objets (10%).