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Licenciement ou départ : Jobexit calcule ce qu’on vous doit

Par Hervé Vaudoit, le 7 mai 2021

Journaliste

Une start-up a mis au point un calculateur capable de déterminer, quasiment à l’euro près, le montant d’un licenciement. Qu’on l’ait voulue ou qu’on la subisse, une rupture professionnelle est toujours un moment difficile à vivre.

D’autant plus difficile qu’elle fait toujours peser sur celui ou celle qu’elle concerne son lot d’angoisses et d’incertitudes face à ce qui reste l’inconnu de la vie d’après. Et notamment le pécule qui accompagne le plus souvent un licenciement imposé, une rupture conventionnelle ou une démission négociée. Ainsi que le montant net de l’indemnité chômage que le salarié en rupture est susceptible de toucher après son départ, qu’il soit ou non librement consenti.

 

Gratuit pour les salariés, payant pour les entreprises

C’est précisément pour lever ces incertitudes économiques que deux Marseillais ont développé une application dédiée. En clair, un calculateur capable de déterminer, quasiment à l’euro près, les sommes qu’une personne en passe de quitter son emploi peut espérer toucher.

Licenciement ou départ : Jobexit calcule ce qu'on vous doit
Jean Martinez et Eric de La Broise, co-fondateurs de Jobexit

Maître Jean Martinez, avocat spécialiste en droit du travail et Eric de La Broise, expert en analyse de données (data analyst, en franglais techno), ont mis en ligne Jobexit, leur appli, en décembre 2020. « Depuis, plus de 600 personnes se sont connectées pour une simulation, sans que l’on fasse la moindre promotion ou campagne de pub », explique Jean Martinez. Avec son partenaire, ils ont décidé que l’outil serait entièrement gratuit dans sa version « salariés ». La version « employeurs », en ligne depuis avril 2021, est en revanche payante pour les entreprises.

 

Questions complexes, réponses simples

« Les indemnités de licenciement, les indemnités négociées dans le cadre d’une rupture conventionnelle individuelle ou collective, le solde de tout compte, les barèmes du tribunal des prud’hommes, les indemnités chômage… Tout ça, ce sont des questions très complexes pour lesquelles les gens ont besoin de réponses simples et claires », détaille l’avocat.

Jobexit produit ainsi « un calcul très précis de toutes les sommes concernées, en fonction des différents types de départ. Cela permet de comparer les hypothèses. Par exemple entre un licenciement économique, un licenciement simple ou une rupture conventionnelle. Avec ces informations, chacun peut faire un choix éclairé. Et prendre les décisions qu’il estime les meilleures. »

 

Plus précis et plus pertinent

Des calculateurs existent déjà, notamment chez Pôle Emploi, sur le portail des services public ou sur quelques sites spécialisés, « mais à l’inverse du nôtre, aucun n’intègre tous les critères qui entrent dans le calcul », assure Jean Martinez.

Car Jobexit, lui, tient compte de tout. Notamment de la convention collective dont relèvent le salarié et l’employeur concernés – il en existe 657. Il tient aussi compte de l’ancienneté, de l’âge et du niveau de rémunération du salarié, mais également du type de rupture, du préavis… etc. Bref, de tout ce qui peut majorer ou minorer une somme due dans le cadre d’une rupture professionnelle, quelle qu’elle soit. Cela rassure le salarié, mais aussi son employeur. Ce dernier peut de son côté évaluer précisément les risques juridiques et financiers de chaque départ.

Un peu de visibilité alors qu’un changement de cap sensible se profile, cela évite bien des naufrages. Surtout avec les 67 000 ruptures conventionnelles conclues chaque mois en France, soit ni plus ni moins qu’avant la crise sanitaire. ♦



Bonus

 

  • Jean Martinez. Est avocat spécialisé en droit du travail depuis une quinzaine d’années. Après des études de droit à Aix puis à Paris, il a entamé sa carrière professionnelle dans la capitale, avant de revenir s’installer dans sa ville natale, Marseille.

 

  • Eric de La Broise. Data analyst, passé par Sciences-Po et HEC, il a travaillé dans le domaine du business intelligence, notamment chez Abritel et Voyage Privé. Puis il a rejoint Jean Martinez à la codirection de Marsalex, l’entreprise qui a créé la start-up Jobexit pour produire son calculateur en ligne.
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  • Moins de prud’hommes. En baisse régulière depuis le milieu des années 2000, le nombre de recours devant les tribunaux de prud’hommes a baissé plus sensiblement encore depuis 5 ans. D’abord avec la loi du 1er août 2016, qui a complexifié la saisine des prud’hommes. Ensuite avec la loi Macron du 22 septembre 2017, qui a institué des barèmes – avec plancher et plafond – en cas de licenciement abusif. L’entrée en vigueur de ces deux textes a poussé de nombreux salariés à préférer la rupture conventionnelle (créée en 2008) au contentieux, sur le mode « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ». La crise sanitaire a encore renforcé cette tendance, avec des baisses parfois voisines de 50% entre 2019 et 2020, selon les juridictions.