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SNSM : bénévoles, retraités et hyperactifs !

Par Olivier Martocq, le 30 juin 2021

Journaliste

L'équipe des bénévoles de la SNSM Marseille @ Franck DELMAS - SNSM

SNSM : le sigle est connu de tous les plaisanciers et même très au-delà. La Société nationale de sauvetage en mer fait régulièrement la une de l’actualité. Souvent pour avoir porté secours à des embarcations en détresse. Parfois pour n’avoir pas pu éviter un drame. Ou parce qu’elle-même compte des victimes. Cette structure de secours unique en son genre fonctionne sur le principe du bénévolat et d’un financement via des dons. Marseille est une exception avec un équipage professionnel composé de marins-pompiers. Les dix-huit bénévoles assurant toutes les tâches sauf… le sauvetage !  

 

SNSM : des bénévoles retraités hyperactifs ! 1Comme des dizaines de confrères je me suis rendu sur le vieux port vendredi dernier pour la conférence de presse organisée par la SNSM. Comme tous les journalistes, j’avais été appâté par la thématique : « La SNSM de Marseille en alerte ». Sur France Info et France Inter j’ai relayé ce message clair et étayé qui donnera lieu à la chute de cet article. Mais pour Marcelle, ce qui m’a intéressé c’est le profil des bénévoles qui se mobilisent toute l’année pour assurer la partie la plus ingrate et la moins spectaculaire de cette mission.

 

Assurer le back-office…

Les marins-pompiers sont jeunes et en treillis bleu foncé. Les bénévoles de la SNSM ont les tempes grisonnantes et un polo orange vif. Le plan d’alerte attentat étant toujours en place, les premiers qui sont des militaires ne peuvent donner que leurs prénoms. Les seconds jouent la transparence totale. Ce qui frappe c’est la connivence entre tous ces acteurs du sauvetage en mer. Un respect réciproque. Avant de détailler certaines des opérations menées ces derniers jours, l’officier met longuement l’accent sur le travail accompli en amont par les bénévoles. « Tout ce back office qui rend nos interventions avec la BOMER – surnom à l’État-major de la vedette La Bonne Mère de Marseille – possibles ! ».

Joseph Manicacci qui, es-qualité de président a ouvert le ballet des prises de parole, apprécie. Cet homme au visage buriné par 35 années en mer comme marin a pris ses fonctions il y a deux mois. Petite révolution à la « station de Marseille », il a nommé deux vice-présidents. « Mon crédo c’est le partage. L’idée, c’est vraiment d’être dans la collégialité ».

 

Chercher des fonds, encore et toujours !
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François Jacquel, Hervé Prévot, Joseph Manicacci et Dominique Riffelmacher @C. Blotin

C’est la mère des batailles ! L’aspect à la fois le plus sensible et le plus délicat de leur travail. Ils doivent en permanence trouver des fonds pour assurer les sorties du bateau en mission de sauvetage (210 en 2020) ou d’entraînement (218). Mais aussi les réparations et l’entretien d’une vedette qui développe 1000 chevaux et a déjà 15 ans. « Celle d’Antibes qui est de la même année compte 3000 heures de sorties. Nous, 9500 ! L’usure et le coût de fonctionnement n’ont rien à voir », analyse Joseph Manicacci. « Là, on cherche 30 000 euros pour installer un radar et une caméra thermique ». La SNSM étant déclarée d’utilité publique, les dons de particuliers sont déductibles de leur impôt sur le revenu à hauteur de 66%. « Sur 10 000 bateaux à Marseille, 950 plaisanciers seulement nous financent. Pourtant les deux tiers des sauvetages les concernent », conclut le président.

Sonia, sa femme, a la charge de la relation avec les clubs nautiques. « Il y en a plus d’une vingtaine mais très peu incluent dans l’adhésion de leurs membres 30 euros pour nous. C’est pourtant la meilleure méthode de financement ». Son rôle consiste donc à assister aux assemblées générales et autres réunions pour présenter encore et toujours l’association. « Parler argent, c’est lassant. Parfois l’usure se fait sentir. Puis survient un évènement comme un sauvetage difficile et des vies sauvées grâce à notre intervention et on se dit alors oui je sers à quelque chose. Et c’est reparti ! » Entrée à la SNSM il y a 14 ans, elle en est l’unique élément féminin : « Je suis la seule femme, je ne comprends pas pourquoi. Venez me rejoindre ! »

 

 

Les visites de courtoisie, une bonne entrée en matière
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@ Franck DELMAS – SNSM

Parmi les opérations de communication et de sensibilisation qui rapportent, figure en bonne place le rendez-vous avec le plaisancier sur son bateau. Hervé Prévot, ancien ingénieur chez Eurocopter, a élaboré cet outil spécifique de prévention et en a fait une spécificité marseillaise. « On inspecte le matériel de sécurité et sa mise en œuvre. Ça permet de mieux appréhender la réglementation en vigueur et d’évaluer les capacités du plaisancier en cas de problème ».

Si les informations recueillies peuvent faire l’objet d’un traitement statistique, la visite de courtoisie est anonyme et ne constitue en aucun cas une inspection ni un contrôle technique relevant des autorités maritimes. « Le plus souvent nos conseils portent sur les meilleurs endroits pour stocker le matériel de secours afin qu’il soit accessible ». Le plaisancier qui a vu un bénévole passer deux heures à ses côtés pour le conseiller est naturellement enclin à renvoyer l’ascenseur… en cotisant.

 

« Ma femme considère que « La bonne mère » est ma maîtresse »
SNSM : bénévoles, retraités et hyperactifs !
@ Franck DELMAS – SNSM

Dominique Riffelmacher a été surnommé par l’équipe « riffel coûte cher » parce que c’est à lui qu’incombe la charge de l’entretien de la vedette. Ancien du service marine de Schneider Electric en charge des paquebots (ce qui lui a valu de terminer sa carrière au terminal croisière de Miami), il reconnaît être là par passion de la mer. « Ça fait 10 ans que je suis bénévole pour la SNSM. Au départ je suis venu résoudre un problème de moteur… et je suis resté. Comme ça prend du temps, ma femme considère que « La bonne mère » est ma maîtresse ».

L’homme est intarissable : « Notre configuration est quand même très particulière au sein de la Société Nationale de Sauvetage en Mer puisque c’est la seule vedette de secours de France qui n’est pas armée par un équipage composé de bénévoles, mais de marins-pompiers. Un équipage de professionnels donc, ultra-entraîné et compétant, avec qui on doit avoir un dialogue permanent pour savoir ce qui cloche sur le bateau. Les petites alertes : bruits, vibrations anormales sont autant de signes que quelque chose est en train de se dérégler voir de casser. Ce qui me fait le plus plaisir, c’est d’avoir été accepté au sein de ces navigants qui sont très exigeants ».

 

 

Dernière recrue, un journaliste de Thalassa

Autre bénévole prolixe, mais c’est plus logique vu le profil : François Jacquel, journaliste, 25 ans de « Thalassa » et de « Faut pas rêver ». Il vient d’intégrer La SNSM et a mis son carnet d’adresses hors normes au service de l’association. « Faire connaître le travail de ces bénévoles, les missions qu’ils remplissent, même si elles sont moins nobles que le sauvetage proprement dit, quel beau challenge ! ».

Depuis son arrivée, le site internet et les réseaux sociaux relaient les informations de la station de Marseille. La conférence de presse organisée le 25 juin a été particulièrement suivie, avec des retours sur la plupart des médias locaux et nationaux. Il a su trouver « l’angle », comme on dit dans notre jargon, pour attirer l’attention des journalistes. Les exemples concrets qui illustraient le propos des pompiers. Des interviews avec des interlocuteurs identifiés. L’ensemble de l’exercice a été parfaitement maîtrisé, jusqu’à la sortie en mer pour les « images et photos » avec Benoît Payan, le maire de Marseille, en bras de chemise à l’avant du canot. « J’ai un peu l’impression de poursuivre la mission de service public que j’accomplissais sur France 3 dans un domaine qui reste ma vocation, l’information, en conciliant ma passion la mer ».

 

La SNSM de Marseille en alerte maximale
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@ Franck DELMAS – SNSM

C’était ça l’information ! Depuis début juin, avec la canicule et l’afflux de touristes, les alertes ont déjà triplé sur notre littoral en ce début 2021. Les bénévoles lancent un cri d’alarme pour que les vacanciers prennent des précautions. Des bouées de repos ont par exemple été installées le long du littoral des calanques. Il peut en effet être très difficile quand on a plongé de remonter sur les rochers. La SNSM Marseille est l’une des plus performantes et plus actives de tout le littoral français en délais d’intervention, puisqu’elle est capable d’appareiller 5 minutes seulement après l’alerte. Avec des équipages de marins-pompiers se relayant H24 durant la période estivale.

En 2020 la SNSM Marseille a secouru 223 personnes, dont 141 plaisanciers, soit une augmentation de 20%. Les bénévoles s’attendent d’ores et déjà à une augmentation cet été de 30% du nombre d’interventions ! Les exemples d’imprudence ne manquent pas : « le pilote d’un jet ski qui éjecte sa passagère et ne s’en aperçoit pas ! »  ou encore « une famille dans un canot pneumatique en panne. À bord, un enfant de 2 ans sans gilet de sauvetage, une grand-mère de 80 ans et une poussette posée à même le zodiac avec un bébé de 6 mois ! « … ♦

 

*Tempo One, parrain de la rubrique « Solidarité », partage avec vous la lecture de cet article dans son intégralité *

 

Bonus 
  • Rappel des conseils de prudence et prévention (texte SNSM)

La vie humaine n’a pas de prix ! C’est pourquoi, le sauvetage en mer des personnes est gratuit.  En revanche le sauvetage des biens est payant car tout cela a un coût. En fonction de la taille du bateau et de la durée d’intervention, cela varie entre 300 et 800 euros.

  • SNSM : bénévoles, retraités et hyperactifs ! 2Soutenir la SNSM. La SNSM est une association reconnue d’utilité publique, financée par des subventions d’État et de l’ensemble des collectivités locales. Et à 80% par des dons privés. Faire un don à la SNSM, c’est participer à l’acquisition et l’entretien des vedettes et canot, à la formation des sauveteurs ou encore à leurs équipements pour les interventions.

Exemples :

  • Casque de sécurité : 80€ (soit 27€ après déduction fiscale)
  • Gilet de sauvetage : 150€ (soit 51€ après déduction fiscale)
  • Barquette de sauvetage : 300€ (soit 102€ après déduction fiscale)
  • Une heure de navigation vedette : 650 €

Le donateur peut choisir d’affecter son don à l’ensemble des missions SNSM ou l’affecter sur le site à une station comme celle de Marseille.

Le don des particuliers est déductible de l’impôt sur le revenu à hauteur de 66% de son montant, dans la limite de 20% du revenu imposable.

 

Conseils à ceux qui naviguent
  • Avec un voilier, bateau ou embarcation à moteur

– consulter la météo marine, – vérifier l’état de son matériel et de ses équipements, – respecter les limitations de vitesse dans la zone des 300 m en particulier pour les jet-skis – prévenir au moins un proche de son projet de sortie en mer, – vérifier que son expérience est bien en adéquation avec le projet envisagé, – s’assurer, en tant que chef de bord qu’un équipier aura les capacités nécessaires pour prendre le bateau en charge, en toute sécurité au cas où… – et surtout surveiller les enfants de très près…

  • Pour les adeptes des loisirs nautiques paddle, planches à voile ou kite-surf 

– emporter un sac étanche contenant un vêtement chaud et des barres énergétiques

– s’équiper d’un gilet de sauvetage, d’un moyen lumineux et d’un téléphone portable pour pouvoir alerter les secours en appelant le 196.

– porter un bracelet DIAL de localisation individuelle.

Dans ce bracelet en silicone se trouve une balise étanche, qui contient un système de positionnement GPS et une carte SIM multi opérateurs, rechargeable sans abonnement. Il permet de communiquer en permanence sa position à un proche et de l’alerter en cas de danger, par une simple pression (en vente sur la boutique en ligne de la SNSM).

Facebook : Les Sauveteurs en Mer – Station SNSM Marseille