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Le prix Caritas Photo Sociale met en lumière les sans domicile

Par Nathania Cahen, le 14 juillet 2021

Journaliste

[bref] Face à l’ampleur de la pauvreté et de l’exclusion en France, les membres du Réseau Caritas France ont créé en 2020 le prix Caritas Photo Sociale afin de soutenir les photographes qui s’investissent sur ces questions. Les lauréats de la 2e édition viennent d’être désignés à Arles, par un jury présidé par la photographe Sarah Moon.

 

En 2021, nous avons passé en France le cap des 10 millions de personnes en situation de pauvreté et d’exclusion : mal-logement, manque d’accès à un emploi digne, exclusion sociale, illettrisme… Dans ce contexte de tensions et d’inégalités toujours fortes, la deuxième édition du Prix Caritas Photo Sociale trouve une raison supplémentaire d’exister : rendre visible à tous ce qu’il est souvent difficile de percevoir avec clarté et nuances. En soutenant de nouveaux regards et une diversité d’écritures photographiques, le prix souhaite également agir sur la prise de conscience du public.

 

Les lauréats
Le prix de la photo sociale à une série sur le monde de la rue 1
« Au grand air » @ Victorine Alisse et JS Saia

Le jury 2021 a choisi comme lauréats Victorine Alisse et JS Saia, coauteurs de la série « Au Grand Air« . JS Saia vit au bois de Vincennes. Originaire de Suisse, il est ambassadeur au sein de l’association La Cloche depuis cinq ans. La photographie lui permet de témoigner de son vécu afin de changer le regard de la société sur le monde de la rue. Et sortir de l’ombre tous ceux qui y vivent.

Victorine Alisse a suivi une formation en relations internationales et action humanitaire, avant de se consacrer à la photographie. C’est un moyen pour elle d’entrer en intimité et de mettre en lumière la réalité des personnes en marge de la société. Elle développe une approche documentaire de la photographie et traite de sujets sociétaux et environnementaux. Victorine s’intéresse également aux nouvelles formes narratives combinant textes et images. En témoigne la série « Au grand air » réalisée avec JS Saia qui vit au bois de Vincennes.

JS et Victorine se sont rencontrés autour d’un café grâce à l’association La Cloche. De cette rencontre est née l’envie de créer un projet à deux. Victorine commence par suivre JS dans les lieux qui font partie de son histoire : du parc de Bercy à Paris, où il est arrivé en 2015, au bois de Vincennes où il vit depuis. Puis ils décident de collaborer en prenant chacun un appareil photo. “Au grand air” se présente comme une discussion photographique qui n’essaie pas de parler du “monde de la rue”, mais plutôt de faire découvrir une facette poétique de ce mode de vie, qui n’empêche pas la solitude et l’isolement. Sans clichés. “ On est tranquille ici, il y a une vraie vie dans le bois ”, conclut JS.

 

 

Dotation, livre, expositions…
Le prix de la photo sociale à une série sur le monde de la rue 2
@Sinawi Medine

Les deux autres finalistes sont Sinawi Medine pour « Le jour où je suis arrivée en France ». Il s’agit d’un sujet portant sur les dangers des parcours migratoires en France. Pour témoigner des difficultés et des dangers vécus sur les parcours migratoires. De la criminalisation de la solidarité des citoyens, mais aussi de l’invisibilité.

Et Thomas Morel-Fort pour sa série « Donna, une vie de sacrifices Philippine ». Depuis six ans, Thomas Morel-Fort suit le parcours de Donna et témoigne de ses conditions de travail dans des appartements parisiens, des moments de réconfort apportés par sa communauté et aussi du climat d’exploitation dans une villa de la Côte-d’Azur. Pour cela, le photographe s’est fait embaucher lui-même comme employé domestique en binôme avec Donna au sein de cette villa appartenant à une riche famille libyenne.

Les lauréats 2021 bénéficient d’une dotation de 4 000 euros et de l’édition par Filigranes d’un livre dédié au reportage primé. Leur travail et celui des deux finalistes seront présentés lors d’une première exposition à la Galerie Le Château d’Eau à Toulouse (du 14 décembre 2021 au 23 janvier 2022). Avant une seconde exposition à Paris au courant de l’année 2022. ♦