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En kayak et à vélo, Anaëlle Marot traque le plastique de la Loire

Par Valérie Bridard, le 15 juillet 2021

Journaliste

La kayakiste et militante Anaëlle Marot @Yann Arthus Bertrand

[engagéS] Après avoir pagayé en Méditerranée pour alerter contre la pollution aux plastiques, Anaëlle Marot a entrepris une nouvelle éco-aventure. Elle a descendu la Loire, en kayak, de sa source jusqu’à son embouchure à Saint-Nazaire. Elle fait le trajet inverse à vélo, en ce mois de juillet 2021. À chaque étape, elle a rendez-vous avec des habitants ou des associations pour ramasser les plastiques et sensibiliser à cette pollution.

 

« Ramasser des déchets, ce n’est pas une passion. C’est une nécessité ». Anaëlle Marot est arrivée à Nantes après 750 km sur la Loire. Un trajet du Mont-Gerbier-des-Joncs qui la conduit jusqu’à Saint-Brévin-les Pins, sur la côte Atlantique. Elle n’en est pas à sa première aventure. Inspirée par les périples de quelques autres « écoaventuriers », elle avait déjà parcouru les rivages de la Méditerranée, à vélo et kayak en 2020, pour sensibiliser à la pollution des eaux par les plastiques.

De gros déchets qui finissent en petites particules qu’on finit par retrouver dans les poissons de consommation courante. Après la mer souillée, elle voulait, logiquement, montrer du doigt un fleuve. « Car 80% des déchets des mers viennent des fleuves et rivières ». C’est le Projet Azur dont elle est la coordinatrice, épaulée par une dizaine de bénévoles.

Seule sur son embarcation, elle a ramé. Le plus long fleuve de France est aussi « le plus sauvage et le plus navigable, pas si difficile. Traverser la rue aussi ça peut être dangereux. » Elle a choisi le kayak et le vélo, tous deux silencieux, doux et non polluants. « On peut observer les oiseaux, prendre soin de soi, faire de l’exercice ».

 

 

Bivouac sur les berges de la Loire ou un canapé de militant

Elle installe son bivouac sur les berges de la Loire. Ou se réchauffe sur un canapé de militants associatifs à qui elle a donné rendez-vous tout le long de son parcours. Parfois, certains font un bout de chemin avec elle. « Rencontrer les acteurs de l’environnement, être dans ce milieu naturel toute la journée, se dépasser… C’est engageant. » Pas facile tous les jours ? « À aucun moment, je n’ai regretté. C’est fabuleux ». Elle a aussi croisé de « très nombreuses espèces d’oiseaux qui cohabitent sans problème, même des vaches qui se baignent dans la Loire ». Mais aussi des renards, des ragondins, des castors et même des silures, venus cogner la coque du kayak. « C’est magnifique ».

Chaque dimanche de son périple, elle a donné rendez-vous à des kayakistes, des associations locales, des mairies ou encore des sociétaires de la Maïf, son partenaire (MAIF Sport Planète ). Au cours du trajet de la source à l’embouchure, elle a ainsi récolté plus de 580 kilos de déchets. « 70% de plastiques, des déchets ménagers. Il y a beaucoup d’incivilités, des poubelles qui débordent. Des décharges sauvages qui étaient enterrées et qui refont surface. Les crues brassent beaucoup de choses. Plus on approche des grandes villes, plus les rives et les eaux sont souillées. » Sans compter les bateaux abandonnés.

 

De plus en plus indignée

À 28 ans, Anaëlle, diplômée en éthologie, entre autres, sait qu’elle ne s’est pas engagée pour une virée contemplative. L’émerveillement face aux paysages et aux créatures rencontrées est à la mesure de sa révolte face à la nature souillée par les hommes. « Ça me met en colère. J’en ai marre d’avoir la tête dans les déchets. En fait, je suis de plus en plus indignée. J’ai commencé par la Méditerranée, qui est le réceptacle des plastiques déversés par les rivières. C’est ignoble. C’est très violent. Cette indignation, je veux la transformer en énergie positive ! ».
À chaque ramassage, un inventaire des déchets est réalisé. Il est ensuite transmis via la plateforme ReMed Zéro Plastique à l’association marseillaise Mer Terre, l’Université Gustave Eiffel, et Surfrider Foundation. « C’est toujours  incroyable de voir des gens qui se lèvent le dimanche matin pour venir ramasser des déchets ». L’énergie qu’Anaëlle veut insuffler au service de la planète, « faire de la science participative » se nourrit aussi de ses rencontres. Tous ces promeneurs ou sportifs ramasseurs qui à leur mesure luttent contre l’envahissement des plastiques. ♦

 

Bonus

Seulement 0,6% des plastiques jetés dans les fleuves, mers et océans se trouvent à la surface de l’eau. Par contre, 99,4% de ce qui est jeté à terre coule dans les fonds marins (Plastic Odyssey).