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Synchronicity optimise la gestion des déchets

Par Olivier Martocq, le 27 août 2021

Journaliste

Visuel @ Capôvert

IUCN#1 – Marseille est à une semaine de l’ouverture du Congrès mondial de la nature. Parmi les participants invités au Parc Chanot : Synchronicity, expert dans l’économie du déchet. Il propose d’accompagner les territoires dans leur transition « ECOSENS » (Économie Coopérative Ouverte Sociale Environnementale Numérique et Solidaire) en mettant en œuvre des modèles vertueux, économiquement viables et duplicables !

 

Pas un jour ne passe sans que l’actualité ne rappelle aux Terriens que leur planète est en danger. Catastrophes liées au dérèglement climatique, pollution de l’air, de l’eau, des sols, disparition d’espèces… Mais pas un jour ne passe non plus sans qu’une découverte technologique, une initiative locale ou internationale, ne fasse naître de l’espoir. Certes, le numérique permet de repérer ce qui se crée partout dans le monde. Mais il reste nécessaire de tester ces solutions innovantes en conditions réelles pour connaître leur bénéfice, leur impact et surtout leur faisabilité. Bref, faire la preuve du concept.

 

Un fablab centré sur les déchets !

La SCIC Synchronicity est la vitrine grand public d’un fablab (laboratoire de fabrication) centré sur l’économie des déchets. Imaginé, développé et géré par Maxime Ducoulombier et Vincent Gay, il constitue le premier acte d’une démarche globale ambitieuse. Qui a donc démarré avec l’aménagement de 750 m2 d’un nouveau tiers lieu dans deux immeubles vides du centre-ville de Marseille. Illustrant le concept qu’ils développent, ce QG des éco-acteurs a permis d’y regrouper des d’entreprises et associations spécialisées dans les solutions et bonnes pratiques environnementales. Ils ont commencé par rendre utilisables les locaux en faisant appel à l’économie circulaire – mobilier de seconde main, travaux confiés aux artisans du quartier, etc.

IUCN#1 Synchronicity optimise la gestion des déchets 1
Le QG des éco acteurs à Marseille @Synchronicity

Au-delà de l’exemple, ce fablab est stratégique car il couvre l’ensemble des champs d’expertise permettant des territoires plus durables et résilients. Situé au cœur de la future ZFE, zone à faibles émissions (lire bonus) de Marseille, ce QG est devenu incontournable pour les politiques de tous bords. Ministre de la Transition écologique en tête, tous viennent y plancher avec leurs équipes. « Marseille souffre d’un double handicap : c’est une ville avec de fortes inégalités sociales qui ne dispose pas d’une couverture satisfaisante en matière de transports collectifs et d’itinéraires cyclables. La ZFE doit donc être combinée à une révolution en termes de logistique urbaine et s’appuyer sur des acteurs locaux tels que Synchronicity », analyse Sébastien Barles, l’adjoint au maire en charge de ce dossier.

 

Enclencher des cercles écologiques et économiques vertueux

Circuit court et gestion des déchets font partie des problématiques prioritaires. La ZFE et, au-delà, les réglementations liées à la protection de l’environnement vont devenir de plus en plus contraignantes et coûteuses. « Le modèle que nous développons repose sur cette notion de coût pour l’ensemble des acteurs de la chaîne, de l’industriel au particulier, en passant par les organismes en charge de leur élimination ou transformation. On demande aux entreprises et collectivités combien leur coûtent leurs redevances déchets au sens large (formation, emplois verts, et demain taxe carbone), puis le pourcentage de cette somme qu’ils sont prêts à investir pour faire baisser leur facture de 50% », explique Vincent Gay.

 

 

Des solutions livrées clés en main 
IUCN#1 Synchronicity optimise la gestion des déchets
Maxime Ducoulombier et Vincent Gay @Synchronicity

Synchronicity se positionne sur trois grandes thématiques. L’optimisation de la gestion des déchets, « à terme, ressources et profits pour les entreprises », prédit Maxime Ducoulombier. Le développement des circuits courts grâce à la mobilité décarbonée. L’Intelligence Artificielle mise au profit de l’intelligence collective servicielle. « C’est de l’ingénierie de solutions. On teste des techniques et des technologies. En les confrontant notamment à la réalité du terrain. On va aussi chercher les financements, les labélisations qui permettent de s’inscrire dans tel ou tel schéma. Ensuite, on duplique sur d’autres territoires ». Et les deux cofondateurs de préciser : « Nous jouons la transparence. Tous les outils et démarches sont en open source. La SCIC n’a pas vocation à devenir une licorne. On redistribue 75% des gains à nos partenaires ce qui doit leur permettre d’asseoir leur propre modèle de développement ! »

Waste We Can, une vitrine à l’UiCN

Entre les visiteurs, les scientifiques, les scolaires et les chefs d’états 80 000 personnes sont espérées au Congrès mondial de la nature organisé par l’UICN, Union Internationale pour la conservation de la nature*. Une occasion unique de se faire connaître et reconnaître. Synchronicity y disposera d’une vitrine impressionnante avec un stand de 250 m2 copiloté avec la fondation Capôvert : Waste we can (pour les non-anglophones, waste signifie déchets) se trouvera sur l’espace Générations Nature. De quoi mieux visualiser les dernières innovations et technologies pour chaque type de gisement de déchets (à découvrir dans le « corner des curiosités »). Les start-up pourront aussi y « pitcher » sur leurs solutions autour des thématiques déployées : plastiques, biodéchets, cartons et papiers, contenants (canettes, verres etc…), piles, encres, huiles et mégots, actions citoyennes et inclusives.

Trois débats d’experts dans les secteurs où le traitement des déchets est un formidable levier face à l’urgence climatique et l’érosion de la biodiversité seront organisés chaque jour (en détail ici). Et relayées par les médias partenaires : La Provence, So good en version radio et Marcelle dont les journalistes se chargent de la modération. Et donc, amis lecteurs, on vous y attend ! ♦

*entre le 3 et le 11 septembre (un article en début de semaine prochaine détaillera la manifestation)
  • Nos soutiens 9parraine la rubrique « Environnement » et vous offre la lecture de cet article 

 

Bonus

[pour les abonnés] – Les ZFE – Les chiffres des déchets des entreprises – La législation – Le nouveau décret 7 flux –

  • Les Zones à faibles émissions. Les zones à faibles émissions mobilité sont des territoires dans lesquels est instaurée une interdiction d’accès, le cas échéant sur des plages horaires déterminées, pour certaines catégories de véhicules. Ceux qui ne répondent pas à certaines normes d’émissions et donc ont un impact nocif sur la santé des résidents de l’ensemble du territoire. Ce dispositif a déjà fait ses preuves. Il existe en Europe plus de 200 ZFE-m appelées aussi « low emission zones ». En France, les zones à faibles émissions mobilité reposent sur le système des vignettes Crit’Air.

Quatre collectivités ont d’ores et déjà mis en place des ZFE-m en France : la Métropole de Lyon ; Grenoble-Alpes-Métropole ; la Ville de Paris ; la Métropole du Grand Paris.

En application du décret publié le 2 août, 7 nouvelles ZFE-m devront obligatoirement être mises en place par des métropoles françaises, dont la Métropole d’Aix-Marseille-Provence.

 

 

  • Les déchets des entreprises en chiffres. Selon l’ADEME, les ménages français produisent chaque année 31 millions de tonnes de déchets. Les entreprises en produisent 10 fois plus. Un total de 315 millions de tonnes, dont : 247 millions de tonnes pour le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics, 24 millions de tonnes pour l’industrie, 22 millions de tonnes pour le secteur tertiaire.

La loi de 1975 est la première loi qui organise la collecte et le traitement des déchets en France. Cette loi précise que les opérations de collecte, de transport et de traitement des déchets doivent se faire dans des conditions propres afin d’éviter « tout risque pour l’environnement et pour la santé humaine». Elle instaure le principe fondateur de « pollueur-payeur » et vise aussi à « faciliter la récupération des matériaux, éléments ou formes d’énergie réutilisables ».

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en août 2015, édicte les dispositions concernant le tri, selon 5 flux. À lire en détail  ici.

 

  • Le nouveau décret 7 flux. Un décret de la loi Agec, paru ce 18 juillet, renforce l’obligation de tri « cinq flux » pour les professionnels. Elle l’étend aux déchets de construction et de démolition au plâtre et fractions minérales. En 2025, les déchets textiles seront eux aussi concernés par l’obligation de tri à la source et de collecte séparée.