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Toit à Moi offre des clés aux personnes à la rue

Par Paola Da Silva, le 13 septembre 2021

Journaliste

Photo @Emanuele Crava, Pixabay

Depuis près de 15 ans, l’association Toit à Moi, basée à Nantes, s’attèle à loger des personnes à la rue et les aide, d’une manière plus générale, à changer de vie. Des appartements sont achetés et mis à disposition de bénéficiaires, accompagnés dans leur parcours de vie aussi longtemps que nécessaire. 

 

L’histoire de l’association Toit à Moi commence en 2006, par un constat de son fondateur et délégué général, Denis Castin. « Je venais juste de donner une pièce à un sans-abri, près de chez moi. Mais cet acte, pourtant plutôt généreux, m’amenait à me poser des questions en tant que citoyen. Comment la situation des SDF pouvait-elle être admise dans notre société ? Il me semblait que nous pouvions faire mieux pour ces gens. Si nous donnions tous régulièrement cette pièce, nous pourrions les loger ».

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Donner régulièrement une pièce pour loger des SDF @Toit à moi

Il décide donc de créer l’association Toit à Moi avec un collègue de travail, Gwenaël Morvan, emballé par le projet. « Nous avons peaufiné notre idée et déposé nos statuts d’association loi 1901 en janvier 2007. Notre objectif : regrouper des citoyens engagés qui donnent de manière régulière afin de financer l’achat de logements pour sortir de la rue les plus défavorisés ».

 

 

Un premier appartement deux ans après

Malgré l’engouement suscité par la création de l’association, le premier appartement n’est acheté que deux ans plus tard. « Nous voulions emprunter sur cinq ans, ce qui représentait un remboursement de 2 000 euros par mois », détaille Denis Castin. Or, il fallait pour cela réussir à convaincre cent personnes de donner vingt euros par mois, en moyenne. Une tâche plus ardue que prévu.

Quinze ans plus tard, l’association est propriétaire de 40 appartements répartis dans ses huit antennes en France. La moitié est déjà remboursée. « La plupart d’entre eux sont des T2 de 35m2 environ, composés d’une pièce de vie et d’une chambre. Nous voulions qu’ils se situent dans des quartiers variés dans les villes où nous sommes implantés. Et à proximité des transports en commun. » L’association aura à cœur de ne pas limiter le temps d’accueil des bénéficiaires. « Nous les logeons pour une durée indéfinie, nous ne savons jamais au départ combien de temps ils vont rester. »

 

  • Dernière  minute : pour démarrer bientôt son action à Marseille, Toit à Moi recherche un.e entrepreneur social pour développer l’antenne, d’abord bénévolement puis dans un objectif professionnel. Intéressé.e ? Contactez marseille@toitamoi.net

 

De l’accompagnement et du bénévolat
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Michel, bénéficiaire et salarié, Denis Castin, délégué général et fondateur, et Mathias Riga, directeur adjoint accompagnement social @PDS

Mais l’action de l’association ne se résume pas au simple relogement. « Tous nos bénéficiaires sont accompagnés dans leurs parcours de vie par des travailleurs sociaux professionnels », détaille Denis Castin. Un accompagnateur prend en charge cinq à dix personnes, pas davantage, afin de pouvoir créer avec eux une relation forte et de qualité. « C’est un métier de relation. Il faut avoir un profil adapté, une certaine expérience de vie, et être capable de soutenir ces personnes. » L’accompagnement a pour but de les aider à aller mieux, les stimuler et leur redonner confiance. « Nous croyons vraiment que ces gens peuvent changer de vie. On leur transmet donc la confiance que l’on a en eux. »

 

 

 

De l’ordre de l’amitié

Des bénévoles s’engagent également au sein de l’association. Pour créer des relations avec les bénéficiaires, qui, petit à petit, vont devenir amicales. « On organise des repas, des sorties… », raconte Mathias Riga, directeur adjoint accompagnement social. L’idée est de redonner un espoir concret aux bénéficiaires. « En passant de bons moments avec des personnes qui ne sont pas dans leur situation, ils peuvent se dire qu’ils ont leur place dans cette société. »

Accompagné par Toit à Moi depuis cinq ans, Michel s’est reconstruit petit à petit, en prenant le temps. « Je suis encore logé par l’association. Il y a un an, ils m’ont proposé de rejoindre l’équipe en tant que salarié afin de réaliser une étude portant sur l’impact concret de l’association. Mon expérience professionnelle précédente me permettait de la réaliser, même si je suis accompagné par un cabinet indépendant. J’avais très envie de travailler pour un projet de l’association, et cette démarche avec également du sens pour eux. C’est très riche, je me sens vraiment utile. »

 

Toit à Moi offre des clés aux personnes à la rue

 

 

Trois aspects pour un système cohérent

Toit à moi œuvre ainsi dans plusieurs domaines en même temps. Et continue de se développer, un peu partout en France. « L’association est en train de changer d’échelle », explique Denis Castin. « Nous essaimons actuellement dans un certain nombre de villes de différentes tailles. » Une nouvelle antenne est notamment en gestation à Marseille, où l’association passe par l’incubateur « Marseille solutions », et cherche de nouveaux bénévoles. D’autres doivent également se créer à Clermont-Ferrand ou dans le secteur de Paris Ouest. « À terme, nous espérons atteindre plusieurs centaines de milliers de donateurs », s’enthousiasme Denis Castin.

« Nous pensons réussir à aider les personnes les plus exclues du territoire. Nous n’avons pas de baguette magique, mais nous proposons une solution citoyenne et apolitique qui donne des résultats. En logeant les personnes, en les accompagnant et en leur offrant du temps de qualité passé avec les bénévoles, nous avons créé un système cohérent qui donne du sens au travail de l’association. » ♦

 

*Tempo One, parrain de la rubrique « Solidarité », partage avec vous la lecture de cet article dans son intégralité *

 

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Bonus

[pour les abonnés] Le financement de l’asso –  Ses chiffres – Plus de 300 000 SDF en France-

  • Le financement de Toit à Moi. Particuliers, entreprises et mécènes peuvent donner à l’association. Leurs dons sont défiscalisables à différents taux (75% pour les particuliers, 60% pour les entreprises). Actuellement, les dons des particuliers financent surtout l’acquisition des logements.

La majorité des entreprises qui soutiennent Toit à Moi sont des PME, même si quelques grands groupes comme AG2R La Mondiale les aident à s’étendre sur le territoire.

 

  • Toit à Moi en chiffres
  • 15 ans d’existence.
  • 8 antennes en France disposant d’appartements. 3 en cours de création.
  • 15 salariés.
  • Environ 80 personnes accompagnées depuis la création de l’association.
  • 40 appartements en tout, dont 10 appartements à Nantes.
  • 3 ans de durée d’accompagnement moyen des bénéficiaires.
  • 2 000 donateurs réguliers.

 

  • Plus de 300 000 SDF. C’est ce qu’a annoncé en 2020 la Fondation Abbé Pierre. Ce chiffre a doublé depuis 2012. Le rapport souligne aussi : « Si les personnes sans domicile sont souvent des hommes seuls, avec une forte proportion d’étrangers, comme le mentionnait déjà l’enquête de 2012, la part des femmes et des familles ne cesse d’augmenter ». Voici la totalité du rapport.