Économie
Produire c’est bien, encore faut-il pouvoir vendre !
Le cynisme oblige à reconnaître que les trois dernières savonneries de Marseille – Le Sérail, la Savonnerie du Midi et celle du Fer à Cheval – ne pouvaient rêver meilleure campagne publicitaire. Se laver les mains plusieurs fois par jour figure en effet parmi les gestes barrières. « L’hygiène des mains » aura même droit à sa journée mondiale, sous l’égide de l’OMS, le 5 mai prochain. D’où l’idée d’un focus sur celle du Fer à Cheval sauvée de la faillite il y a 7 ans.
Acquérir des labels est un des combats stratégiques menés par les repreneurs de la savonnerie, les frères Seghin. La bataille autour de l’IGP (Indication Géographique Protégée) est essentielle car des multinationales vendent du « savon de Marseille » made in China ou India. En attendant que les autorités reconnaissent ce qui, pourtant, devrait couler de soi, ils tentent d’alerter le consommateur avec le sigle UPSM (Union des Professionnels du Savon de Marseille), un label sur-mesure. Leur usine a obtenu deux marques de reconnaissance officielles : le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) qui met en avant les métiers ancestraux qui perdurent, mais aussi, pour ses bâtiments, l’estampille Monument Historique en France. L’ensemble des façades et toitures de l’atelier de production de savon, le bâtiment des chaudrons avec ses sept cuves en tôle rivetée et la salle du sous-sol sont désormais protégés et à l’abri des promoteurs.
« Les mesures barrières ont été appliquées ici début février » !

L’ambiance est assez particulière quand vous pénétrez dans la cour de l’usine. C’est un monde clos où tout le monde porte un masque sur le visage, même ceux qui travaillent en extérieur. « J’ai fait une grande partie de ma carrière en Asie », explique Raphaël Seghin. « Quand la pandémie a éclaté en Chine, mon premier réflexe a été de commander des masques et du gel en grande quantité. Puis, dès le mois de février, d’imposer les gestes barrières. Tout le monde me prenait pour un fou. À ce moment-là… ». Un temps d’avance qui s’est avéré précieux. L’usine, au plus fort de la tourmente, était en ordre de marche. Les habitudes avaient été prises. Raphaël Seghin a rajouté chaque matin un contrôle de la température. Via une application et un thermomètre-pistolet laser, il peut contrôler la courbe de chacun et voir immédiatement le changement s’il s’en produit un. « Paradoxalement, cela a renforcé les liens et soudé les équipes dans cette période très anxiogène. Car je vois et parle à tout le monde chaque matin ».
150 tonnes de savon par semaine !

Comment écouler des produits quand les magasins sont fermés ?

Bonus
* Pour être incollable – Il est une profession méconnue du grand public mais essentielle pour nous les journalistes : attaché de presse. Les attachés de presse appartiennent aux métiers de la communication, servent d’interface avec les interlocuteurs que nous souhaitons rencontrer mais aussi de force de propositions en attirant notre attention sur des thématiques, des personnes ou des évènements. Certains confrères parfois se contentent de pomper leur travail en se l’appropriant. Je suis allé à la savonnerie pour réaliser ce reportage. Pour ce qui est des chiffres et des informations pratiques (bonus), je préfère rendre à César ce qui lui revient : Ève Leporq (copié/collé de ses communiqués de presse).
- Le savon de Marseille c’est quoi ?
Le savon de Marseille, mondialement renommé, est reconnu pour ses propriétés nettoyantes Il est important 
- À propos de la savonnerie Fer à Cheval !
Fondée en 1856, Fer à Cheval est la plus ancienne savonnerie marseillaise à perpétuer la fabrication 
- Un savon nommé Fer à Cheval ?
La tradition d’antan voulait que les savonneries portent un nom évocateur de chance pour faire prospérer l’activité sous les meilleurs auspices… Le nom Fer à Cheval a été choisi à l’époque pour porter bonheur, mais ce fer comporte 7 trous de clou (étampures), au lieu de 8 habituellement, car 7 est également un chiffre porte-bonheur. Un symbole qui a plutôt réussi à la fabrique qui,163 ans après sa création, est le plus gros producteur de Savon de Marseille de la région.
- La savonnerie en chiffres !
45 salariés dont 20 salariés recrutés depuis 2013 – 8,1 millions d’euros de chiffre d’affaires (savons et détergents) – 50 % du chiffre d’affaires réalisé avec le Ssavon de Marseille – 50 % du chiffre d’affaires réalisé dans la détergence – 1,4 million de cubes, savons et barres, fabriqués en 2019.
Fer à Cheval est distribué chez plus de 600 revendeurs en France et dans une vingtaine pays – Corée, Japon, Taiwan, Chine, Grande Bretagne, Etats-Unis, Allemagne, HK, Espagne, Suède, Belgique, Suisse, Italie, Finlande, Canada, Australie, Roumanie, Singapour, Lettonie…
- Pour répondre à la problématique soulevée dans l’article : où trouver du Savon de Marseille Fer à Cheval ?
Boutique en ligne : www.savon-de-marseille.com • France : liste des points de vente sur le site : www.savon-de-marseille.com • Paris : Bulles de Paris, La Grande Pharmacie Bailly, La Super Marquette, La Trésorerie, Welcome Bio Bazar… • Marseille : Argana, Au Savon de Marseille, Jupiters, Made in Méditerranée, Maison Empereur, Place des Huiles, La Sélection par Sophie Ferjani… • Boutique d’usine ouverte du lundi au vendredi de 10h00-12h30, 13h30-18h00 au 66, chemin de Sainte-Marthe, 13014 MARSEILLE – 04 91 10 30 80 • Pour venir : La savonnerie est à 15 minutes du Vieux-Port et de la Gare Saint-Charles / Bus 31 et 33 – arrêt Sainte Marthe La Bougie / Autoroute A7 sortie 35