[mer] Elle occupe un cabanon sur les rives d’une plage de Berre l’Étang. Depuis une trentaine d’années, Aline Espana pratique, avec son mentor Jean-Claude, une pêche artisanale soucieuse de la préservation de la biodiversité. Une pratique encore rare, qui la fait se sentir seule certains jours. D’autant qu’il faut parfois savoir se battre contre des géants.
Il est quinze heures sur la plage de Champigny, un mercredi de fin de septembre. Le mistral s’affole. Comme s’il voulait balayer les derniers résidus de chaleur estivale. Les palmiers et les tamaris ploient. Les goélands peinent à avancer, certains se résignant à rebrousser chemin.
Aline Espana habite à quelques pas de là. Dans un des cabanons qui font face à la plage, avec un portail noir en fer forgé. Elle a le teint hâlé de qui a la mer pour patrie et porte un T-shirt bleu ainsi qu’une casquette gris-marron. S’excuse de ses jambes encore tachées de la boue qu’ont remontée les filets. « Désolée, on était en train de décharger ». Ce matin, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Une quinzaine de kilos tout au plus, quand les meilleurs jours, elle peut atteindre les 200. « Surtout des daurades », qu’elle est allée vendre plus tôt à Saumaty, le port de gros de Marseille. « Nous travaillons avec un mareyeur qui vend à des restaurants et des poissonneries locales. Et parfois, quand il y a du stock, une partie de la pêche part à Rungis ».