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Ankore, une mode durable et océan friendly

Par Paola Da Silva, le 9 août 2023

Journaliste

PET recyclé, coton biologique, coton recyclé, laine mérinos recyclée… les collections sont conçues avec des matières durables ©Ankore

[mer] Ils avaient à cœur de dépolluer l’océan. Lola Moy et Romain Durand, jeunes trentenaires bretons, ont créé fin 2020 « Ankore », marque de vêtements éthiques. Sa particularité ? Utiliser, pour une partie des produits, du polyéthylène recyclé issu de déchets plastiques directement récupérés en mer dans les filets des pêcheurs. Pour en faire du beau, et du costaud.

 

« Notre action ne suffit pas à dépolluer l’océan mais, au moins, on sensibilise ». La tête sur les épaules. Lola Moy et Romain Durand, en couple, tous deux âgés de 32 ans, regardent la réalité en face. Créateurs de la marque de vêtements éthiques Ankore, ils savent que leur démarche ne représente qu’une goutte dans l’océan des actions à mener en matière de lutte contre la pollution plastique. Ni stylistes, ni modélistes de formation, fortement attachés à l’océan, ils ont décidé de créer une marque de vêtements liant leur goût pour la mode à leur envie d’agir pour la planète et de consommer différemment.

 

Une fibre 100% PET récupérée dans l’océan

Ankore, une mode durable et océan friendly
Romain Durand et Lola Moy ©PDS

En octobre 2020, le couple de Bretons, qui vit à Nantes, a ainsi lancé sa marque, Ankore. Au préalable, une campagne de financement participatif très réussie (1 200 préventes sur 100 espérées) leur a permis de financer leur stock initial. Dès le départ, leur démarche est claire : une partie des vêtements sera créée à partir de polyéthylène (PET) recyclé issu de la mer.

« Le PET recyclé existe déjà dans la confection, explique Romain Durand. Mais il provient de bacs de tri sélectif. Nous, nous voulions que la matière vienne directement de déchets récupérés en mer ». Pour cela, le couple s’est tourné vers l’initiative Seaqual©. « Cette fibre vient des déchets trouvés dans la Méditerranée, et dans l’Atlantique. Elle ne contient que des déchets, pas de restes de filets ».

 

De la laine recyclée, du coton bio…

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La fibre 100% PET recyclé ets idéale pour les casquettes © Ankore

Si la démarche est intéressante, il reste que la fibre de PET recyclé ne peut être utilisée pour confectionner l’ensemble des articles de la marque. « La fibre 100% PET recyclé donne une matière technique. Nous l’utilisons donc telle quelle seulement pour nos shorts de bain et casquettes », détaille Lola Moy.

Pour fabriquer les autres pièces de la collection – pulls, vestes, chemises et autres tee-shirts-, la jeune marque utilise d’autres matières. Parfois mixées au PET recyclé. « Nous avons opté pour du coton biologique ou du coton recyclé, de la laine mérinos recyclée… des matières avec lesquelles nous sommes en accord. Des matières durables, surtout, à l’opposé de la fast fashion, qui vont tenir dans le temps et sont simples à entretenir. »

 

♦ (re)lire : Frip’Insertion lance sa ligne upcyclée

 

Du made in France dès que possible

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La « veste de travail », confectionnée dans un atelier qui collabore d’ordinaire avec les plus grandes maisons du luxe français © Ankore

Autre engagement pris par la jeune marque : faire fabriquer, autant que possible, ses articles en France, le plus près possible de Nantes. « Nos bonnets, vestes, casquettes, pulls en laine… En tout près de la moitié de la collection est produite à moins de 100 kilomètres de Nantes », précise Romain Durand. Leur « veste de travail » est même confectionnée dans un atelier qui collabore d’ordinaire avec les plus grandes maisons de luxe françaises. « Le made in France est risqué, car son coût est dix fois plus élevé que le made in Bangladesh par exemple. Nos marges sont donc réduites. Mais le pays de fabrication et les conditions de travail des ouvriers étaient des critères importants pour nous ».

Trouver de nouveaux sites de confection leur prend ainsi beaucoup de temps. Comme ces ateliers du Portugal, où est fabriqué le reste de la collection, où Lola et Romain sont sûrs que leurs critères sont respectés. « Être une marque éthique, c’est être humain et transparent sur ces aspects. Mais c’est très challengeant. »

 

Continuer à innover, surprendre, garder ses valeurs

Ankore, une mode durable et océan friendly 3Deux ans après son lancement, la marque est rentable, même si les jeunes fondateurs ne souhaitent pas encore se rémunérer afin de privilégier le développement de l’entreprise. « Notre objectif dans le futur est d’agrandir la collection sans surproduire, explique Romain Durand. Nous souhaitons continuer à innover en ayant l’empreinte carbone la plus faible possible. Et puis surprendre ! Ne pas faire comme tout le monde. »

Les deux fondateurs envisagent de refaire une campagne de financement participatif l’an prochain, pour tester de nouveaux produits dont une partie utilisera certainement du PET recyclé. « Il est également très important pour nous de rester indépendants. De ne pas être obnubilé par la rentabilité. De ne pas faire une levée de fonds pour faire une levée de fonds. Même si cela implique une croissance plus lente de l’activité.  Nous pouvons de la sorte garder nos valeurs ». ♦

*article publié le 28 novembre 2022