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Consigne #2 : Bout’ à Bout’, à l’échelle du grand ouest

Par Paola Da Silva, le 6 juin 2023

Journaliste

[série] Une croissance exponentielle pour Bout’ à Bout’. Créée en 2016, la jeune association nantaise dédiée à la filière du réemploi et de la consigne en verre passe la vitesse supérieure. Elle vient en effet de lever 7,3 millions d’euros afin de développer son équipe et financer la création de la plus grande usine de lavage de contenants en verre de France. Ce projet, ainsi que l’ensemble des actions qu’elle met en place, lui permettent de démocratiser la filière et de toucher un public toujours plus important.

 

C’est devant une benne à verre que Célie Couché a un jour eu un déclic. Le bruit du verre cassé, et une interrogation, « mais pourquoi la consigne a-t-elle été abandonnée ? ». L’association Bout’ à Bout’ qu’elle décide alors de , a pour but de faire en sorte que la consigne redevienne une norme en France. Et si elle n’est pas la seule à s’être donné cet objectif, elle peut s’enorgueillir d’un développement rapide de son activité. En effet, cette jeune association très dynamique, créée dans la région nantaise en 2016, s’est tout de suite appliquée à être dans l’action, en intervenant sur trois aspects : l’accompagnement des producteurs, la distribution et, enfin, la logistique (collecte, tri, lavage).

Dès 2018, l’activité prend classiquement auprès des cavistes et autres magasins bio et de vrac nantais. « Nous avons tellement grandi depuis que Célie Couché a décidé en 2021 de faire de Bout’ à Bout’ une entreprise, qui reprend toute l’activité opérationnelle de l’association », raconte Yann Priou, le directeur général.

Consigne #2 : Bout’ à Bout', à l'échelle du grand ouest
Célie Couché, Nicolas d’Aprigny, Yann Priou ©Bout’ à Bout’

 

Innover plus pour récupérer plus

Comme les autres acteurs de la filière, Bout’ à Bout’ intervient donc sur toute la chaîne du réemploi des contenants en verre. Son ambition : essayer d’innover au maximum et de s’ouvrir à des acteurs d’une autre dimension, tels que les grandes surfaces, afin de toucher un public plus large. « Nous venons par exemple de faire installer en janvier deux automates de consigne dans des supermarchés locaux », détaille Yann Priou. Si, au départ, les machines passent inaperçues, quatre mois plus tard, les chiffres de récupération des contenants explosent (1).

Consigne #2 : Bout’ à Bout', à l'échelle du grand ouest 1
L’automate d’un Super U de Carquefou ©Bout’ à Bout’

« Nous faisons un rapport mensuel à Bout’ à Bout’ », explique Yoann Ravard, directeur d’un des deux Super U équipés, situé à Carquefou, en banlieue nantaise. « En janvier, nous avons collecté 390 bouteilles en tout. Aujourd’hui, nous en sommes presque à vider deux fois par jour la machine qui peut stocker jusqu’à 350 bouteilles ». Preuve que le geste prend. Et preuve que les innovations qui simplifient le geste du réemploi fonctionnent.

 

 

La plus grande usine de lavage en France

Projet phare de la start-up, l’usine de lavage de bouteilles de l’entreprise, actuellement en cours d’aménagement, devrait être opérationnelle au deuxième semestre 2023. Également située sur la commune de Carquefou en métropole nantaise, elle permettra de trier, laver et stocker les contenants en verre.

« Ce sont près de 10 000 bouteilles par heure dans un premier temps qui seront lavées dans l’usine puis, à terme ce sera 20 000. Soit une capacité de plus de 60 millions de bouteilles et bocaux par an », détaille Yann Priou. Les bouteilles seront lavées par format, reconditionnées, et ensuite revendues aux producteurs locaux. « Nous avons investi dans une usine, car nous avions besoin d’apporter une qualité de lavage à nos clients. Chaque bouteille sera donc contrôlée par un système optique. Nous réalisons par ailleurs une économie d’échelle avec le lancement de l’usine : en lavant des volumes plus importants, le coût unitaire de chaque contenant devient plus compétitif. »

Les machines à laver et sécher devraient arriver courant juillet. Pour mener à bout ce projet majeur, Bout’ à Bout’ a réalisé une levée de fonds importante, soit 7,2 millions d’euros auprès de multiples partenaires industriels, financiers, et de particuliers (2). Une première dans le milieu du réemploi.

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L’usine de lavage de bouteilles devrait être opérationnelle fin 2023 ©DR

Rester un acteur local

Aujourd’hui, Bout’ à Bout’ emploie 16 personnes. Une équipe qu’elle compte rapidement étoffer grâce aux fonds récemment levés. « Nous allons, grâce à ce montant, structurer l’équipe pour développer notre réseau. Et ainsi rendre accessible le réemploi à tous », précise Yann Priou. Concrètement, l’entreprise vise 800 producteurs et plus de 1000 points de vente et de collecte dans le grand ouest d’ici 2025. « Malgré notre fort développement, il est dans notre ADN de rester dans le secteur ouest, qui va de la Bretagne à la Nouvelle Aquitaine. »

Avec le lancement de l’usine, les principaux brasseurs locaux, la Brasserie du Bouffay en tête, vont bénéficier d’un cercle local complètement vertueux : leurs bouteilles, majoritairement vendues dans la région nantaise, seront bues puis récupérées localement pour être lavées et revendues, toujours dans le même secteur géographique. « C’est là tout notre enjeu majeur. Nous développer, pour que le geste du réemploi fasse de nouveau partie du quotidien de chacun, tout en restant dans l’économie sociale et solidaire. » ♦

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Des bouteilles au coeur d’un cercle local complètement vertueux ©DR

 

(1) Les bouteilles récupérées répondent aux normes de la consigne. L’automate, qui scanne les codes-barres, refuse les bouteilles non consignables.

(2) Bout’ à Bout’ a levé 7,2 millions de fonds auprès de Demeter (acteur européen majeur de l’investissement en capital risque, capital développement et infrastructure dans la transition énergétique et écologique), accompagné d’industriels de la filière, de grands distributeurs de boissons, de fonds d’investissement à impact, des pouvoirs publics et plus de 300 citoyens.