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Une société marseillaise brille dans l’énergie verte de proximité

Par Rémi Baldy, le 4 mars 2020

Journaliste

L’entreprise Cap Vert Énergie produit de l’électricité et du gaz verts, une énergie distribuée en circuit court qui représente aujourd’hui la consommation de 380 000 personnes. En se lançant, le fondateur Pierre de Froidefond espérait avoir un impact positif sur l’environnement tout en s’impliquant socialement. Il raconte son aventure à Marcelle.

 

Elles se tiennent à l’écart des centre-villes, souvent héritées d’un passé industriel et polluant : les friches peuvent devenir de lourds fardeaux pour les municipalités, qui peinent financièrement à réhabiliter ces terrains, parfois immenses. Bonne nouvelle à Mallemort, dans le nord des Bouches-du-Rhône : un ancien site de stockage de déchets a trouvé son nouveau souffle. Celui-ci promet d’être exemplaire puisque l’immense terrain (aussi vaste qu’une quinzaine de stades de foot ! ) est en passe de devenir le lieu de production d’électricité renouvelable. D’ici 2021, une centrale photovoltaïque devrait y sortir de terre, de quoi alimenter 4 000 habitants (soit près de 3 mégawatts). « Cela évitera de produire 430 tonnes de CO2 », assure Pierre de Froidefond. Le directeur de Cap Vert Énergie, qui pilote ce projet, y voit un symbole de ses aspirations, celles qui l’ont poussé à créer, avec Christophe Caille et Hervé Lucas en 2009, cette société basée à Marseille. « Nous voulions créer une entreprise porteuse d’un des grands enjeux de société, aujourd’hui nous proposons de l’énergie verte et en circuit court », explique Pierre de Froidefond.

Un succès international

Sur la scène de la filière énergétique, Cap Vert Énergie se place en développeur de centrales solaires, hydroélectriques et d’unités de méthanisation (autrement dit du gaz vert). « Nous finançons ces projets, les construisons, les exploitons et vendons l’énergie, soit à des opérateurs qui la redistribuent, soit directement à des consommateurs », détaille Pierre de Froidefond. Ainsi, à Mallemort, c’est Enercoop (bonus) qui achètera l’électricité de Cap Vert Énergie pour ensuite la proposer à ses propres clients.

cap-vert-energie-marseille« Produire à proximité des sites de consommation est important, le monde va vers cette tendance », insiste le dirigeant. C’est d’ailleurs à plusieurs milliers de kilomètres de Mallemort que Cap Vert Énergie a fait ses preuves. D’abord au Chili, puis aux États-Unis et en Afrique. « Dès le départ, nous voulions être à l’international, dans des pays qui permettent la vente directe de l’énergie, surtout qu’il est plus difficile de se déployer en France avec cette vision locale de l’énergie renouvelable », raconte Pierre de Froidefond.

Un modèle qui fonctionne si l’on se fie aux 32 millions d’euros de chiffre d’affaires générés en 2019. L’entreprise annonce un parc de 295 mégawatt-crête (MWc, l’unité de mesure du secteur), autrement dit une production équivalente à la consommation d’une ville de 380 000 habitants. Autre preuve de la bonne santé de la société, ses recrutements, avec une cinquantaine d’arrivées l’an passé.

La société marseillaise emploie désormais 160 salariés, dont 20 en Amérique du Sud et 12 aux États-Unis. Les six personnes en charge de l’Afrique travaillent pour l’instant dans les bureaux phocéens dans le quartier de la Joliette.

 

Un jour et demi de mécénat de compétences par an

Ces locaux, Pierre de Froidefond en est très fier. Car, au-delà de ses projets dans la filière énergétique, l’entrepreneur défend des ambitions d’exemplarité… managériale. « Notre envie était d’avoir un projet humain, de réconcilier le travail avec le collectif », affirme-t-il. « Une entreprise doit avoir un impact positif sur l’environnement, c’est notre métier, et sur la société dans laquelle elle se trouve », poursuit-il. Cela se traduit dans la gestion des équipes au quotidien. « Nous mettons en avant des valeurs d’autonomie, de responsabilité, de bienveillance ou encore de solidarité », liste le dirigeant, qui a fait inscrire ces grands principes sur les murs !

Plus concrètement, Cap Vert Énergie a mis en place le télétravail. Les salariés bénéficient d’avantages financiers (intéressements sans considération du niveau hiérarchique dans l’entreprise ou augmentations de capital réservées aux salariés). « Nous avons aussi une salle de sport dans nos locaux et organisons des matchs de foot entre midi et deux », sourit Pierre de Froidefond.

Depuis cinq ans, Cap Vert Énergie s’est également mis au mécénat de compétences. La PME soutient sept associations marseillaises, principalement dans les domaines de la scolarisation et l’employabilité de personnes éloignées du marché de l’emploi (voir bonus). Tous les salariés qui le souhaitent peuvent ainsi utiliser du temps de travail (jusqu’à un jour et demi par an) pour mettre leurs compétences au service de l’une de ces associations. Aujourd’hui, 15% des effectifs se sont inscrits dans cette démarche, mais la direction espère que cela donne envie aux équipes de s’engager au-delà de leur temps de travail et que cela fasse effet « boule de neige ».

« Nous voulons créer de la mixité », ajoute Pierre de Froidefond qui évoque un projet « de créer deux équipages de voile pour la Massilia Cup et une autre régate à Port-Camargue et d’emmener des jeunes pour leur faire découvrir cet univers lors de sorties en mer en juin ». De la proximité et du management humain. Tout ce que le dirigeant souhaitait en se lançant avec Cap Vert Énergie. ♦

 

Bonus :

  • Enercoop est un fournisseur d’électricité un peu particulier. Il s’agit en effet d’une coopérative composée d’un réseau de 11 antennes régionales. Une énergie 100% verte est impossible à garantir, car le réseau est unique pour tous, afin de garantir son maintien et sa qualité. Tous les fournisseurs utilisent le même chemin, ce qui mélange l’électricité verte et celle du nucléaire. Pour parer à cela, Enercoop achète directement auprès des producteurs le montant consommé par les clients. Ce qui permet de garantir que la facture finale est de l’argent qui soutient le producteur et non des intermédiaires.

 

> Les associations que soutient Cap Vert Énergie :

  • Entrepreneurs Pour la Planète, est un mouvement qui propose, via une plateforme digitale, à des chefs d’entreprises d’un territoire de les guider vers un projet environnemental dans lequel ils pourront s’investir sous forme de mécénat de compétences.
  • Les Apprentis d’Auteuil, se consacre à l’accueil, la formation et l’aide à l’insertion des jeunes en difficulté sociale. Nous vous en parlons dans un article ici.
  • Le Cours Ozanam, est un projet éducatif alternatif qui vise à aider les enfants des cités en travaillant l’estime de soi.
  • Le Contact Club, est une association qui œuvre pour la jeunesse du centre-ville à travers des animations et de la prévention.
  • AAJT, l’Association d’Aide aux jeunes Travailleurs mène diverses actions pour l’hébergement, logement, l’insertion sociale et professionnelle des jeunes travailleurs défavorisés
  • Force Femmes agit pour l’emploi et l’entrepreneuriat des femmes de plus de 45 ans
  • Le Plan Vert Education, développé pour les établissements d’enseignement supérieur afin de permettre leur transition écologique.