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Une banane chauffante pour calmer les douleurs menstruelles

Par Maëva Danton, le 14 février 2022

Journaliste

[bref] La chaudasse. C’est le nom un brin provoc’ de la dernière invention de la marque marseillaise Cagole nomade. Le but : utiliser la chaleur pour réduire les douleurs menstruelles. Un mal encore tabou, qui concerne pourtant plus de 15 millions de femmes en France.

Dans les publicités vantant les mérites de telle ou telle serviette hygiénique, le sang est de plus en plus représenté en rouge, et non plus en bleu comme il l’a longtemps été. Le marché des culottes menstruelles s’est envolé. On parle de plus en plus du problème de la précarité menstruelle, cette incapacité financière à se procurer des protections périodiques en quantité suffisante. On pourrait donc croire le tabou tombé. Presque.

Car il est encore un sujet qui dérange : celui des douleurs menstruelles. C’est en tout cas l’avis de Lisa Billiard, fondatrice de la marque marseillaise Cagole nomade. Lorsqu’elle sonde des investisseurs pour financer la recherche et le développement d’une solution à ce problème, elle se heurte à une certaine frilosité.

« Les personnes ne veulent pas que leur nom soit lié à cela. On m’a refusé des bourses en me disant que ce n’était pas d’intérêt général ». Un argument difficilement recevable lorsque l’on sait que les douleurs menstruelles concernent 15,5 millions de femmes, avec parfois l’impossibilité de se rendre à l’école ou au travail. « Il y a un vrai marché. Si on ne s’y intéresse pas, je pense que c’est pour de mauvaises raisons. Parce que parler de ces douleurs, c’est se poser la question des congés menstruels par exemple… »

 

 

Bouillotte 2.0

Une banane chauffante pour calmer les douleurs menstruelles 1Un tabou qu’elle veut briser. En apportant une solution concrète avec La chaudasse, un nom « impertinent et décalé, dans l’esprit de la marque ». Il s’agit en fait d’une banane chauffante, équivalent discret et mobile de la bouillotte que l’entrepreneuse utilise habituellement pour calmer ses crampes.

La banane peut être positionnée sur le ventre ou sur le dos en fonction de là où se situe la douleur. Elle contient une compresse à gel à réchauffer une minute au micro-ondes, pour une durée de chauffe de 30 à 45 minutes.

Réalisée à partir de chutes tissus surcyclés obtenues auprès d’entreprises locales, la banane est fabriquée par un atelier d’insertion professionnel.

Face aux réticences des investisseurs à la soutenir, Lisa Billiard a lancé une campagne de prévente sur le site de sa marque. 20 bouillottes ont été vendues à ce jour. Elle espère atteindre les 200, histoire de ne pas être submergée par la demande et par sa trésorerie. Puis renouveler l’opération ultérieurement. Avec l’ambition d’améliorer encore le dispositif. Pour en simplifier l’usage. Tout en réduisant plus encore son impact sur l’environnement. ♦

  • Pour se procurer La Chaudasse – rendez-vous sur le site de Cagole nomade. Tarif : 69 euros. Si la sangle qui entoure la taille mesure par défaut 130 cm, il est possible de demander gratuitement du sur-mesure. Pour qu’aucune morphologie ne soit exclue.
  • Cagole nomade – Se qualifiant d’éco-féministe, cette marque marseillaise prône l’égalité des genres dans la liberté de mouvement. Elle propose donc des vêtements de sport unisexes et des accessoires surcyclés, sensés simplifier les déplacements. Impertinente et décalée, elle s’attelle à briser des tabous et stéréotypes. En témoigne l’usage du mot Cagole, une figure qu’elle veut mettre à l’honneur. Assurant que ce terme est « représentatif d’un état d’esprit de liberté dans l’espace public ».