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Cook in potes : un grain de fantaisie et une dose d’art dans les repas professionnels

Par Louis Petre, le 12 février 2022

Étudiant

La cuisine du chef Yvan Cadiou est ouverte et fait partie intégrante du show © Robert Poulain

À Marseille, trouver des espaces de travail et de restauration qui sortent du lot pour réunir les collaborateurs n’est pas une mince affaire. Aux antipodes d’un hall d’hôtel aseptisé, voici Cook in Potes, un cocon artistique privatisable, inspiré par le mouvement de l’art total.

Le ventre plein, se retrouver en immersion dans une installation d’art, au milieu de tableaux et d’objets de caractère, tout en débattant le PowerPoint du jour avec ses collaborateurs… Voilà ce que nous propose Yvan Cadiou. On vient dans cette bulle atypique entre collègues le temps d’un événement business, d’une journée boulot, ou d’un atelier cuisine. Une tanière pensée pour les entrepreneurs en tout genre, en quête d’un bol d’art frais.

 

Une cuisinière éclairée comme un Van Gogh

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Cuisinière star pour pop cuisine © Louis Petre

À l’instar d’un cabinet de curiosité rempli par les coups de foudre de son propriétaire, Cook in potes est un dédale d’objets (surtout lié au monde culinaire). Suspendus, entassés, exposés. À contempler, voire à manipuler : un bataillon de machines à laver, une série de poêles de tous acabits et coloris, une vieille trancheuse à jambon, une famille de poteries hétéroclite…

Les outils et ustensiles du cuisinier sont en effet exposés ici comme autant d’œuvres d’art. Positionnés pour être vus, comme cette grande cuisinière sur piédestal, éclairée comme un Van Gogh. La cuisine du chef, ouverte aux yeux des hôtes, fait partie intégrante du show. S’ajoute à ces outils manufacturés la vision picturale d’Yvan, qui compose ses plats entouré de ses propres toiles et de celles de ses amis artistes.

 

Baignés dans un univers créatif

L’inspiration de Cook In potes émane du concept artistique d’œuvre d’art totale, apparu au 19e siècle. L’idée est d’être totalement immergé dans une vision créative en mixant plusieurs disciplines pour exalter les cinq sens et éveiller la curiosité. Musique, architecture, design, peinture… tout est possible. Suivant une interprétation personnelle et actuelle de ce mouvement, Yvan inclut les objets actuels de sa profession de cuisinier. Selon lui, c’est surtout ses visiteurs qui sont une composante essentielle à sa création. “Cook In Potes est une gare d’aiguillage, indique-t-il. Les gens arrivent et sont libres de déambuler dans le lieu, de se poser ici ou là. Chaque personne qui pénètre ici fait partie de cette œuvre vivante. Car chacun est irremplaçable et va y faire quelque chose ”, considère-t-il.

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Les outils et ustensiles sont exposés comme autant d’œuvres d’art © Louis Petre

La raison d’être du lieu est de participer à l’émergence de nouvelles idées, à stimuler de nouvelles conversations, dans un cadre le plus apaisant possible et pour des personnes qui sont dans l’action. Amener de l’art dans un contexte professionnel nous amène à lâcher prise, à nous ouvrir dans nos relations aux autres”, nous confie encore le gardien des lieux.

Ce jour-là, Pascale, sa comparse, commence une toile en direct de cet atelier improvisé pendant qu’Yvan s’attèle à la cuisine.

 

La cuisine libre de Yvan

Une grande cocotte à partager, un saumon gravlax mariné la nuit d’avant, une tarte au citron, Yvan concocte pour sa tablée du jour un menu complet sur mesure. Une « pop’ cuisine », comme il l’aime l’appeler. Une cuisine populaire de choses simples mais bonnes.

Notre plat attend sagement dans la marmite et on peut se resservir à l’envi. Les odeurs du repas se diffusent doucement dans l’espace pendant que l’on ouvre soi-même une bouteille de vin.

Le chef nous confie détester le format classique d’un restaurant. Ici, on pose son assiette où bon nous semble. Sur la table basse du rez-de-chaussée (le corps d’un piano à queue). Un peu plus loin sur le comptoir ambiance café. À l’étage, assis sur un guéridon voisinant une chaise Wassily du designer Marcel Breuer. Ou encore sur l’imposante table en bois à l’entrée.

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Yvan Cadiou mêle une cuisine et une scénographie originales © Louis Petre

C’est ensuite le même principe de liberté pour travailler dans le lieu. On utilise librement l’espace pour aller converser en équipe ou au contraire s’isoler dans un coin et jeter quelques regards aux tableaux. Yvan adapte ainsi volontiers son lieu en fonction des besoins, (utilisation d’une télé pour projeter des travaux, déplacer les meubles ou adapter l’ambiance sonore).

 

Des références, des livres, des télés

Ce cuisinier-artiste est un voyageur aux multiples références. Passé par les brigades du Ritz et du Crillon. Chroniqueur dans l’émission culinaire de Stéphane Bern “Comment ça va bien !” sur France 2. Auteur de plusieurs livres, il a notamment croisé la route de Jean-Michel Basquiat et de Pascal Morabito. En 2019, Yvan jonglait déjà parmi des woks frétillants dans un joyeux bazar, à l’occasion de Marseille Provence Gastronomie, une première mouture de Cook in potes. Il investit désormais les Voûtes de la Major, à quelques pas du Mucem, donnant ainsi un second souffle à son projet.

Yvan Cadiou diffuse dans ce lieu les souvenirs de ses expériences à travers une scénographie personnelle. Une installation pensée comme un hommage à sa passion brûlante pour la cuisine. C’est la vision d’un repas décomplexé à partager.

Qui sait, votre idée business du siècle naîtra peut-être de l’immersion dans l’une ou l’autre des toiles qui pavoisent cet restau atypique. ♦

 

Infos pratiques. Cook In potes – 8 Bd Jacques Saadé, Marseille 2e. Réservations (entreprise et groupe) : 06 63 48 75 75