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Des étudiants de grandes universités coachent des élèves du secondaire

Par Agathe Perrier, le 26 mai 2020

Journaliste

Les casseroles s’activent pour aider les plus démunis 6Une jeune vauclusienne inscrite à l’université américaine de Harvard a lancé Covaide France. Cette plateforme met en relation des étudiants de cycle supérieur avec des collégiens et lycéens. Le but : leur apporter un accompagnement individuel pour compléter les cours à distance assurés par les enseignants depuis la fermeture des établissements scolaires. Et même poursuivre au-delà.

 

Les élèves français expérimentent l’école à distance depuis deux mois en raison de l’épidémie de Covid-19. Et si une partie des collégiens a pu reprendre le chemin des classes le 11 mai, seuls les 6e et 5e sont concernés. Le doute plane d’ailleurs toujours quant à une éventuelle reprise des niveaux supérieurs, lycées compris. Et avec lui, les craintes d’une accentuation des inégalités de niveau entre les élèves, malgré la mobilisation des enseignants pendant le confinement.

C’est face à ce constat qu’un groupe d’étudiants d’Harvard (bonus) a lancé Coved, une plateforme de soutien scolaire pour les enfants et les adolescents privés d’aide à domicile. Une initiative dupliquée et adaptée en France sous le nom « Covaide ». À la barre, Maria Guramare, membre de l’équipe de France de basket des moins de 20 ans et également étudiante dans la prestigieuse université américaine (bonus).

 

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Maria Guramare, fondatrice de Covaide France © DR
Un outil qui s’adresse à tous les niveaux scolaires

Le fonctionnement de la plateforme est simple. Des collégiens et lycéens s’inscrivent en ligne* et choisissent deux matières. Ils entrent alors en relation avec un étudiant qui prend le rôle de tuteur, pour une heure de soutien hebdomadaire au minium. Les cours se font ensuite par visio via les applications Zoom ou Skype. « Le rôle de Covaide est uniquement de faire le lien entre tuteur et élève. C’est eux seuls qui décident ensemble du contenu des séances, en fonction des besoins de l’élève », explique Maria Guramare.

Cela peut consister, pour ceux qui connaissent de grosses difficultés, à revoir les bases ou recevoir une aide pour les devoirs. Mais les adolescents de bon niveau sont également acceptés. Ils peuvent à leur guise approfondir des cours, demander des conseils de méthodologie ou des choix d’orientation… « On veut offrir cette plateforme à l’ensemble des élèves. Peu importe leur niveau, tous sont impactés par cette crise et l’isolement qui en découle », considère la jeune étudiante.

 

Des étudiants de grandes universités en soutien d’élèves du secondaire 1Tuteur attend élève

Une centaine d’étudiants se sont déjà portés volontaires en tant que tuteurs. Tous sont scolarisés dans des grandes écoles et universités françaises ou étrangères. C’est l’un des critères à l’inscription, « pour des raisons de sécurité », précise Maria Guramare. Car ces établissements fournissent à leurs étudiants des adresses e-mail avec leur nom de domaine, ce qui garantit qu’il s’agit bien d’étudiants inscrits chez eux et non des personnes qui se feraient passer pour tel. La jeune femme laisse néanmoins la porte ouverte à tout étudiant et examine les candidatures au cas par cas.

Le nombre de tuteurs est actuellement supérieur à celui des collégiens et lycéens inscrits. Des places sont donc encore disponibles, sachant que le dispositif n’a pas vocation à s’arrêter, y compris si la réouverture des établissements se généralise dans les semaines à venir. « Les conséquences du confinement vont se ressentir même après », alerte Maria Guramare qui tient à souligner le travail fourni par les enseignants. « On ne se positionne absolument pas en compétition avec eux. On veut au contraire les aider au maximum en proposant un suivi individualisé qu’il leur est difficile d’aménager actuellement ». Un outil supplémentaire mis à la disposition des élèves pour tenter de limiter les impacts négatifs de cette crise sur leur scolarité. Car elle risque malheureusement d’impacter la scolarité de nombre d’entre eux ♦

Les casseroles s’activent pour aider les plus démunis 5

Bonus – Covaide
  • Des étudiants de grandes universités en soutien d’élèves du secondaire 4Maria Guramare vient de Bédarrides dans le Vaucluse (84). Elle a commencé le basket à 11 ans à Avignon. Prise de passion et douée, elle intègre le CREPS (centres de ressources, d’expertise et de performances sportives) d’Aix-en-Provence à 13 ans. Puis l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) où elle obtient un bac scientifique avec deux ans d’avance. Face à la difficulté de mener des études supérieures en France en combinant le sport de haut-niveau et ayant l’opportunité d’intégrer Harvard, elle part pour l’université américaine en 2016. Elle y suit depuis un bachelor en mathématiques appliquées à la biologie et l’informatique. Un cursus de quatre ans dont elle démarrera la dernière année à l’automne prochain, à seulement 20 ans. Maria fait en parallèle partie de l’équipe de basket d’Harvard et de l’équipe de France des moins de 20 ans. Elle espère d’ailleurs jouer en ligue professionnelle dans les années à venir. Puis basculer sur une carrière dans la recherche ou dans une entreprise de biotechnologie.
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  • Harvard, est une université privée américaine située à Cambridge, dans le Massachusetts. Fondée le 28 octobre 1636, c’est le plus ancien établissement d’enseignement supérieur des États-Unis. De nombreux classements, dont celui de Shangaï qui fait référence, la considèrent comme la meilleure université au monde. Son taux d’admission est de seulement 4,7 % en 2020. Huit présidents américains, une trentaine de dirigeants mondiaux ou encore 188 milliardaires vivants sont notamment sortis de ses rangs.

 

  • À (re)lire : nos précédents reportages sur des étudiants tuteurs: le Labo Sociétal de Centrale Marseille, dont la carte maîtresse est le tutorat : cliquez ici. Ou l’association Arpej qui propose du soutien scolaire, par des étudiants notamment, aux écoliers de Saint-Mauront : cliquez ici.