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Les métiers manuels initiés par des retraités motivés

Par Paola Da Silva, le 23 janvier 2023

Journaliste

Pour L'Outil en Main, quelque 67 bénévoles interviennent par roulement à l'antenne de Sainte-Luce-sur-Loire @ Paola Da Silva

Depuis 1987, l’association L’Outil en Main permet à des jeunes de 9 à 14 ans de s’ouvrir à tout un panel de métiers manuels. Ils peuvent les tester tous les mercredis après-midi, un peu partout en France, auprès de bénévoles retraités, experts en leur domaine. Rencontre avec des jeunes et des moins jeunes, au sein de l’antenne de Sainte-Luce-sur-Loire, en métropole nantaise.

 

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L’antenne de Sainte-Luce-sur-Loire accueille 20 jeunes chaque année © Paola Da Silva

C’est un lieu qui grouille de vie et de bruits en tous genres. Tous les mercredis depuis trois ans, cet ancien atelier d’ébénisterie situé à Sainte-Luce-sur-Loire, en proche banlieue nantaise, accueille l’une des 240 antennes de l’association l’Outil en main. « Nous recevons vingt jeunes, pendant deux heures, les mercredis de 14h30 à 16h30 », explique Gilles Charrier, président de l’association, en slalomant entre les différents ateliers. Dans son dos, deux bénévoles retraités enseignent à deux ados, garçon et fille, les spécificités du métier de sculpteur sur bois. « Nous leur présentons une vingtaine de métiers manuels ou du patrimoine, sur une année. Électricité, maçonnerie, paysagisme, dorure sur bois, mais aussi cuisine, horticulture, coiffure… l’éventail est large. »

 

Faire quelque chose de ses mains


L’antenne de Sainte-Luce-sur-Loire n’existe que depuis 2019, mais est déjà victime de son succès. « Nous avons une liste d’attente, confirme Gilles Charrier. Nous sélectionnons les jeunes en fonction de leur motivation et, c’est important, de celle de leurs parents, qui doivent être en accord avec le projet. » Les profils des jeunes sont variés. Certains enfants sont en difficulté scolaire, d’autres non. Peu d’entre eux ont déjà, en arrivant à l’association, un projet précis pour le futur. La plupart du temps, ils viennent grâce à un bouche-à-oreille qui fonctionne bien. Et avec l’envie de faire quelque chose de leurs mains.

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Éléanore, 10 ans, rêve de devenir architecte d’intérieur © PDS

« C’est très enrichissant pour les enfants. On leur offre de découvrir réellement des métiers manuels, en les testant. Ils nous disent souvent que c’est une bouffée d’oxygène pour eux, et un moyen de s’ouvrir l’esprit à des métiers auxquels ils n’auraient pas pensé. » Pendant les ateliers, chaque jeune confectionne un objet (ou un bouquet, une recette…), avec lequel il pourra repartir. « Certains prennent confiance en eux en voyant à quel résultat concret ils arrivent. Ils sont fiers, et en viennent à se dire : je suis capable de faire ça ».

 

 

Transmission et lien social pour les bénévoles

Quelque 67 bénévoles interviennent par roulement les mercredis après-midi auprès des jeunes. Tous retraités, ils ont accepté de venir faire découvrir leur ancien métier, le plus souvent par plaisir de transmettre. « Ce sont d’anciens artisans ou d’anciens techniciens. Chez nous, ils ont entre 62 et 89 ans. Ils viennent pour le plaisir d’être auprès des jeunes, à leur apprendre ce qu’ils savent, et pour le lien social qu’ils trouvent ici. »

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À L’Outil en Main, les enfants signent une charte de bonne conduite © Paola Da Silva

L’atmosphère qui règne dans les locaux confirme que ces moments sont ds plus conviviaux. « Nous essayons de créer une ambiance quasi familiale, explique Gilles Charrier. Nos bénévoles aiment se retrouver ici. » Et, afin de motiver le plus possible de retraités qualifiés à les rejoindre, l’association a adapté ses contraintes. « Nous comptons plus de bénévoles que de jeunes afin que les retraités ne viennent que lorsqu’ils sont disponibles. Il n’y a pas de notion d’obligation, juste du plaisir à accompagner nos jeunes et se sentir utile. »

 

« Je viens avec une copine tous les mercredis. Là, j’ai découvert l’atelier tricot avec Sylvie, c’était intéressant, j’ai appris à faire des points. J’aime tout ce qui est créatif, donc j’aime venir ici. Et je peux découvrir des métiers. J’aimerais devenir architecte d’intérieur plus tard, donc c’est instructif pour moi de connaître ces métiers qui y sont souvent liés » – Éléanore, 10 ans.

Des retours encourageants

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L’Outil en Main permet aussi de gagner en autonomie © Paola Da Silva

Les retours des enfants suite à leur année au sein de L’Outil en Main sont encourageants. « Certains ont choisi leur filière de bac professionnel grâce à l’association », raconte Gilles Charrier. D’autres ont affiné leur projet d’avenir, en réalisant qu’ils souhaitaient se servir d’outils au quotidien. Ou en découvrant de manière concrète dans quel environnement ils seraient amenés à travailler – « et ça, en dehors de nous, personne ne leur montre ! ». Quant aux parents ou aux professeurs, certains admettent avoir vu les jeunes changer au cours de l’année. Gagner en autonomie notamment, et grandir. « Ici, ils doivent respecter une charte de bonne conduite qu’ils ont signée. Ils portent tous une tenue d’atelier dédiée à L’Outil en Main, ils doivent être polis… On leur enseigne aussi un certain savoir-être. On les aide, pour leur devenir, d’une manière générale ». ♦

 

  • D’autres antennes à créer. Si l’association est bien implantée dans le grand ouest, elle dispose de peu d’antennes dans le sud-est de la France. L’Outil en Main essaie donc de se développer dans le plus de communes possible. Plus d’informations sur leur site.