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Unéole : l’éolienne urbaine, hybride et économe

Par Virginie Menvielle, le 20 avril 2023

Les éoliennes d’Unéole ne s’installent pas dans les champs, mais sur les toits des bâtiments © DR

Unéole construit des plateformes mêlant éoliennes plates et panneaux photovoltaïques. Ces structures hybrides, entièrement fabriquées à partir de matériaux en provenance des Hauts-de-France, sont une véritable alternative aux énergies fossiles. 

 

Dans les Hauts-de-France, on n’aime pas les éoliennes. Et pour cause, la région concentre près de 40% du parc français, avec 2500 éoliennes (sur les 6500 présentes dans l’hexagone). Pourtant, c’est à Ronchin (Nord) que Quentin Dubrulle a décidé d’installer sa société Unéole, en 2014. Il a réussi à convaincre une quinzaine d’investisseurs de le suivre.

Le pari était osé, mais ces éoliennes n’ont rien à voir avec les grands mâts à trois pâles qui hérissent les campagnes du nord de la France. Il s’agit d’une version hybride : elles sont plates et adossées à des panneaux photovoltaïques. Encore plus étonnant, les éoliennes d’Unéole ne s’installent pas dans les champs, mais sur les toits des bâtiments. Les premiers prototypes ont été montés sur le toit d’une médiathèque à Roubaix (59), sur celui d’un des bâtiments de l’université de Béthune (62) ou encore au sommet d’un immeuble à Vieux-Condé (59). 

 

Les éoliennes hybrides en pleine expansion

Les éoliennes d’Unéole sont avant tout urbaines. Majoritairement implantées dans le Nord-Pas-de-Calais, elles sont en pleine expansion. Des spécimens vont par exemple être installés sur un immeuble de 18 étages en région parisienne. Un autre projet doit voir le jour au Btwin Village de Lille, un autre encore, à Marseille (aux Terrasses du Port). Au total, une quarantaine de projets sont en cours (phase d’études comprises – ndlr) dans toute la France.

Pour l’heure, le peu de toits plats présents sur les habitations individuelles ne permet pas d’installer les plateformes chez les particuliers, leur coût pour un foyer est aussi trop élevé. Mais les constructions évoluent et les financements aussi. Prix de départ pour une éolienne seule fabriquée à partir de matériaux recyclés 5 000 euros, pour une production estimée de 1 000 kWh/an. La présence de panneaux photovoltaïques permet d’augmenter le rendement global. Par rapport à l’installation de panneaux photovoltaïques seuls, les éoliennes hybrides permettent d’augmenter la production énergétique du bâtiment de 40%. 

 

Zéro bruit, zéro vibration 

 Raison de plus, a priori, de sinquiéter des nuisances quelles peuvent causer. « On est sur une éolienne totalement silencieuse », affirme Louis Dubar, responsable commercial de la société. Il insiste : « souvent les habitants aux alentours de l’installation ont peur des vibrations et du bruit. Mais nous avons de très bons retours. Des personnes vont même jusqu’à dire qu’elles trouvent les installations très belles, ou alors qu’elles n’y font plus du tout attention ». 

Pour rassurer les plus angoissés, la société Unéole a installé un module de démonstration à Loos-en-Gohelle (62) pour que les personnes concernées se rendent compte du visuel, mais aussi de l’absence de bruit. Une étude du Cerema sur les impacts environnementaux des éoliennes urbaines a démontré qu’elles divisent par plus de cinq le coût carbone, en passant de 2170 kg CO2 eq (1) pour la première version de l’éolienne à 378,62 kg CO2 eq aujourd’hui.

 

Besoin urgent de fonds

Question efficacité, si les éoliennes dUnéole ne permettent pas l’autosuffisance des bâtiments, elles garantissent de fortement réduire la facture d’énergie. « Nous ne conseillerons jamais à nos clients de se débrancher du réseau Enedis. S’il n’y a ni soleil ni vent, nos éoliennes ne produisent pas. » Reste qu’en cette période de crise énergétique, Unéole a le vent en poupe. « Avec la hausse des prix, la rentabilité de notre solution s’est largement améliorée. » Résultat, le chiffre d’affaires de la société a grimpé en passant de 65 000 en 2021 à 170 000 euros en 2022. Et la liste des clients s’est allongée.

Le bémol est que l’équilibre budgétaire de cette jeune start-up reste encore fragile. Pour pouvoir assurer les projets annoncés pour 2023 et donc se développer, l’entreprise lance une nouvelle levée de fonds. La troisième de son histoire. La première a eu lieu en 2014, suivie d’une autre entre 2017. Un bridge (financement à court terme) a dû être mis en place en 2020 pour sauver l’entreprise qui a récemment reçu des subventions de l’Ademe (l’agence de la transition écologique). La société a également été précédemment soutenue par l’incubateur Innov’up. Pour le reste, Unéole assure sa trésorerie grâce à un prêt contracté auprès de BPI France.

(1) La tonne équivalent CO2 (eq CO2) est un indice introduit dans l’ « IPCC First Assessment Report » du GIEC. Ce dernier permet de comparer les impacts que les gaz à effet de serre (GES) ont sur l’environnement en simplifiant cette comparaison mais permet également de les cumuler grâce à un unique indice. En vidéo, c’est encore mieux.