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Cité La Castellane, le football ouvre de nouveaux horizons aux jeunes

Par Lorraine Duval, le 27 octobre 2022

Journaliste

Connu pour être le club du très jeune Zinédine Zidane, le FC La Castellane avait disparu avant de reprendre vie, sous l’impulsion des acteurs sociaux du quartier et de la Fondation OM. Avec l’ambition d’en faire un club à visée sociale, pour offrir de nombreux débouchés aux jeunes.

 

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Pour lancer la saison, le club a organisé un moment aux airs de kermesse, au cours duquel les jeunes se sont vu remettre leurs nouveaux équipements @MGP

Capri-Sun à la main. Mines durcies par le soleil. Quelques dizaines d’adolescents attendent de se voir remettre leurs équipements de football. Sweat, short, chaussettes et autres maillots sont peu à peu évacués des cartons pour être déposés avec soin – et astuce – dans l’étroit sac à dos de chacun.

Nous sommes sur un terrain de tennis du complexe sportif de La Castellane, cité marseillaise connue pour être celle où a grandi Zinédine Zidane. Et aujourd’hui, le site revêt des airs de kermesse. Ballons que l’on se passe. Dribbles. Rebonds. Cris d’adolescents. Mines facétieuses de gamins enfourchant leurs minuscules deux-roues. Fanions colorés. Et lettres en papier froissé pour célébrer comme il se doit un club qui connaît depuis trois ans un nouveau souffle : le FC La Castellane.

Car Zidane a beau y avoir fait ses premières passes, le club a fini par s’éteindre. « Cela faisait un moment qu’on n’avait plus de club », observe Hacene Tachekaft, entraîneur et président du FC La Castellane. « Les jeunes jouaient chacun dans leur coin dans des terrains éloignés, sans cadre homologué ». Alors, après des années à « se tâter pour créer un club », il discute avec Jacques-Henri Eyraud, qui occupe alors la fonction de président de l’Olympique de Marseille. Naîtra ce qui deviendra un projet-phare de l’OM Fondation : la remise en forme du FC La Castellane.

 

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Hacene Tachekaft et Emmanuel Daher, figures du club. @MGP

Potentiel sportif et social


« Entre nous, il y avait déjà une relation sur le long terme », complète Lucie Venet, directrice de la Fondation. « Nous avons vu tout le potentiel de ce club ». Parce qu’au-delà de l’histoire, l’envie de foot est là. Autant que le besoin social.

En 2019, le partenariat est scellé. Au programme : structuration du club, désormais rattaché au district de Provence qui finance une partie des licences sportives. « La Fondation nous aide beaucoup sur la gestion administrative, sur le développement du club, l’encadrement et la formation », explique Hacene Tachekaft. Les jeunes ont par ailleurs l’occasion de participer à des dispositifs sportifs portés par l’Olympique de Marseille comme l’OM Next Génération, un programme de suivi et de formation des joueurs de 8 à 15 ans. « Une fois par mois, une catégorie d’équipes participe à une épreuve. Cela nous permet de voir leur progression ». En mai, les joueurs sont également invités à se frotter à tous les clubs de l’OM Next Génération ainsi qu’à des équipes internationales dans le cadre d’un grand tournoi printanier.

 

♦ Lire aussi : Remettre un peu de Grande bleue dans les yeux des Marseillais

 

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Du sport mais aussi un accompagnement scolaire et social @MGP

Culture, aide aux devoirs, permanence médicale

Mais le partenariat entre la Fondation et le club ne se cantonne pas au sport. Il est aussi social.

En invitant jeunes et éducateurs à se rendre à des matchs de l’OM et à des animations d’avant-match, il propose une ouverture au monde. « On est allé voir OM-Lille, OM-Naples, et aussi OM-Lazio où on était dans le virage Sud », se rappelle ainsi avec enthousiasme Adem qui, bien qu’âgé de quinze ans, garde de grands yeux noirs d’enfants.

Le partenariat a également contribué à la mise en place d’une permanence médicale et à de l’aide aux devoirs assurée par des salariés de l’OM pour une trentaine d’enfants. Des salariés qui sont autant de représentants des différents métiers -souvent insoupçonnés- qu’il est possible d’exercer au sein de l’OM et plus largement dans le sport.

Cette dynamique a permis de tripler les effectifs alors que le club ne comptait que 68 licenciés au démarrage. Autour d’eux : une quinzaine d’encadrants professionnels et autant de bénévoles qui ont vocation à passer des diplômes pour se professionnaliser. « On est devenu le premier employeur de la cité », sourit Emmanuel Daher, acolyte de Hacene.

 

 

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Depuis cet été, le club s’est doté d’une section féminine. Avec des joueuses bien déterminées à montrer ce dont elles sont capables. @MGP

Une première équipe féminine

De par son ambition sociale, le club a vocation à inclure un public toujours plus large. Ainsi, malgré un retard causé par le covid-19, le FC Castellane s’est doté cette année de sa première équipe féminine.

Chaïla, douze ans, qui porte des tresses plaquées et des perles sur ses oreilles, en fait partie. Jouant à un poste de défenseuse, elle s’entraîne les mardis et jeudis de 18h à 20h, tout comme sa coéquipière Nana, 13 ans, canette de coca à la main, qui a préféré endosser pour l’occasion le maillot du Real de Madrid. Ce qu’elles aiment dans le foot, « c’est la tactique, le mental », assurent ces fans de l’OM, et en particulier de son milieu de terrain Mattéo Guendouzi. « Avec le foot, on veut montrer qu’on peut être plus fortes que les garçons car ils disent trop souvent que les filles ne savent pas jouer au foot. Et c’est ce qu’on a fait hier, quand on les a gagnés », assurent-elles, l’air fier et revanchard. Contentes d’avoir désormais un club au sein duquel se retrouver.

L’autre nouveauté, c’est une équipe U17, pour les moins de 17 ans, avec une visée d’insertion plus forte. « On voit si on peut les orienter vers des Bafa, des diplômes d’entraîneur… », explique Hacene Tachekaft.

 

♦ À (re)lire : Le tennis aère les minots des quartiers

 

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Adem, joueur et Rany, jeune entraîneur adjoint qui compte se former avec le soutien de la Fondation @MGP

Une bouffée d’insouciance pour le quartier

De quoi offrir des perspectives à des habitants d’un quartier qui en manque, étouffé par un trafic de drogue qui ne se cache pas. Points de deals, drives et barrages constellent la cité. La recroquevillent. Et face à cela, la petite fête que donne le club semble apporter une bouffée d’insouciance.

Rany, entraîneur adjoint de 17 ans est convaincu des bienfaits du club pour le quartier. « Comme on sait, il n’a pas une très belle image. Mais dedans, il y a des choses magnifiques. Et on aime beaucoup le ballon. Le club ré-éclaircit le quartier. Les petits et les grands peuvent jouer ensemble au lieu de traîner », se réjouit-il de son air tranquille et assuré.

Encore bénévole, le jeune homme qui a déjà été animateur au sein du centre social s’apprête à passer son Bafa grâce au soutien de la Fondation. « Puis pourquoi pas un diplôme d’entraîneur. Je sais qu’ils pourront m’aider », poursuit celui qui a la transmission comme passion.

Reste un enjeu pour le club : celui de l’infrastructure. Car le quartier ne disposant pas de terrains de foot, les entraînements se font dans le quartier voisin de Saint-André et les matchs, à l’Estaque. Un sujet sur lequel les équipes du club et la Fondation devraient se pencher au travers du projet Capitale du foot de la Fondation. Projet visant à réhabiliter des infrastructures sportives de la ville pour que plus de jeunes aient le loisir de se dépenser sur des terrains de foot dignes de ce nom. De rêver. Et peut-être de feinter le déterminisme social.♦

 

Bonus

  • La Fondation OM – Créée en 2017, elle permet de mettre en œuvre les projets à vocation sociétale et caritative portés par l’Olympique de Marseille. OM Fondation porte des projets comme le FC la Castellane. Mais aussi le projet Rêves de minots qui vise à réaliser les rêves d’enfants malades. Ou encore OV School, pour permettre à des jeunes de milieux défavorisés de participer à des programmes éducatifs et culturels pendant leurs vacances. En 2021-2022, ses actions ont bénéficié à 28 500 personnes, mobilisant joueurs et salariés du club. Trois salariés se dédient pleinement à la Fondation.
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    L’équipe de la Fondation @MGP

    Les projets de la Fondation – Fin août, la Fondation a défini ses ambitions pour les cinq années à venir. Parmi ses nouveaux projets : Capitale du foot, qui vise à réhabiliter des infrastructures sportives de la ville. Mais aussi un programme d’accompagnement de sept structures de l’innovation sociale. Parmi lesquelles L’École de la deuxième chance, Les Déterminés, le Grand bleu, ou encore l’association Voyons plus loin. Le but : les aider à se développer en répondant à leurs besoins en matière de compétences et d’infrastructures. L’OM leur fait également bénéficier de leur visibilité.