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Quand nos recherches internet financent la protection de la biodiversité

Par Agathe Perrier, le 23 mai 2022

Journaliste

La moitié des bénéfices générés par les liens sponsorisés de Karma sont reversés à trois associations (illustration : capture d'écran)

La liste des moteurs de recherche éthiques s’allonge avec le lancement de Karma. Aussi performant que Google, il s’en différencie en reversant une partie de ses bénéfices, non pas à des actionnaires, mais à des associations agissant en faveur de la biodiversité et du bien-être animal. Il est opérationnel depuis ce 22 mai, Journée mondiale de la biodiversité.

 

90% des Français utilisent Google comme moteur de recherche. Il existe pourtant depuis plusieurs années des alternatives au géant américain, plus éthiques et/ou respectueuses de nos données (bonus). Un nouveau venu, créé par un duo marseillo-parisien, vient justement de faire son apparition. Baptisé Karma, il se distingue de ses concurrents par sa finalité : financer des actions en faveur de la biodiversité et du bien-être animal. « La perte de la biodiversité étant liée aux activités humaines, il nous revient de changer la situation. La nature est résiliente et la tendance peut s’inverser si nous arrêtons de dégrader les écosystèmes », considère Antoine Maurel, co-fondateur du moteur de recherche avec Yann Kandelman.

Dans ce but, la moitié des bénéfices générés par les liens sponsorisés qui s’affichent sur Karma lors d’une recherche internet (ils apparaissent en haut de la page) sont reversés à trois associations. L’Aspas, pionnière du ré-ensauvagement en France, qui lutte contre les abus de la chasse et crée des espaces sans chasse ni exploitation forestière. Notre affaire à tous qui défend l’intérêt général contre ceux qui détruisent la planète. Et L214 qui dénonce les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux. Elles ont été choisies car elles partagent la philosophie de Karma. À savoir l’idée qu’il vaut mieux protéger que réparer et qu’il faut prendre les problèmes à la racine.

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Karma utilise les mêmes algorithmes que les principaux moteurs de recherche © DR

 

 

Détourner l’argent de Google

Le marché des liens sponsorisés représente 185 milliards de dollars par an au niveau mondial, d’après le site Statista. Soit la plus grosse source de monétisation sur Internet devant la pub vidéo, les bannières ou encore les abonnements premium. Or, cette manne est accaparée presque intégralement par Google, qui possède 92% de part de marché.« Si seulement 1% des utilisateurs de Google décide d’utiliser Karma, cela permettra de financer des actions de protection du vivant à hauteur de plus d’un milliard de dollars par an, soit plus du double du budget annuel du programme pour l’environnement des Nations unies », expose Yann Kandelman.

L’autre moitié des bénéfices de Karma est réinvestie dans la plateforme pour la faire grandir au plus vite. « On ne sort pas d’argent pour un enrichissement personnel en dehors des salaires. On va d’ailleurs demander l’agrément ESUS (ndlr : entreprise solidaire d’utilité sociale) afin de le graver dans le marbre », assure-t-il.

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L’interface de Karma conserve une ergonomie familière pour ne pas perturber les internautes © DR

 

 

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Yann Kandelman et Antoine Maurel, les deux co-fondateurs de Karma © DR

Plus qu’un simple moteur de recherche

Dans la pratique, rien ne change pour un internaute lorsqu’il fait ses recherches sur Karma. La plateforme utilise les mêmes algorithmes que les principaux moteurs de recherche et l’interface conserve une ergonomie familière. Comparé à certains de ses concurrents, il se veut de plus respectueux de la vie privée de ses utilisateurs. Leurs données ne sont donc pas revendues à des tiers et il n’y a pas non plus de script pour enregistrer les recherches ou suivre leur navigation sur le web.

Outre le volet moteur de recherche, Karma dispose d’un module « Learn & Act ». Il s’agit d’un fil d’actualité proposant à ses usagers des ressources pour s’informer au quotidien sur la crise de la biodiversité et la cause animale (articles, podcasts, vidéos, rapports) et pour agir concrètement à travers des pétitions, des actions à mener, du bénévolat… « Ce module reste optionnel pour l’utilisateur et est non intrusif dans l’expérience de recherche », précise Yann Kandelman.

Créé en mars 2021 et testé en version bêta ces derniers mois, Karma est opérationnel depuis le 22 mai. Le moteur de recherche a été lancé officiellement en cette journée mondiale de la biodiversité. Reste le plus dur : se faire connaître et adopter par le plus grand nombre. ♦

 

Bonus

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    Photo d’illustration © Pixabay

    Faire de Karma son moteur de recherche par défaut – Karma est accessible sur tous les appareils (iPhone, Android, ordinateurs, tablette). Une extension Chrome est également disponible. Pour en faire son moteur de recherche par défaut, la plateforme propose une explication (très simple) étape par étape en cliquant ici.

  • Les financements de Karma – Le moteur de recherche vit grâce aux fonds propres de ses deux fondateurs. Il est accompagné par l’incubateur Belle de Mai depuis le début 2022, ce qui lui a notamment permis de décrocher une avance remboursable. L’entreprise va désormais chercher de nouvelles sources de financements, notamment auprès de fondations et d’investisseurs non lucratifs.
  • Qwant, Ecosia, Lilo, les alternatives françaises et éthiques à Google – Plutôt que d’enrichir les actionnaires de Google, optez pour un moteur de recherche français qui se veut éthique. Qwant, par exemple, ne collecte aucune donnée personnelle sur les internautes. Idem pour Ecosia qui, en plus, utilise une partie de l’argent qu’il génère pour planter des arbres partout dans le monde. Même démarche du côté de Lilo, mais les projets financés sont plus larges (environnementaux, sociaux et solidaires). Ces moteurs de recherche sont aussi performants que le géant américain mais beaucoup plus vertueux. Alors, vous changez ?