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La collecte des déchets alimentaires monte en puissance avec Les Alchimistes

Par Marie Le Marois, le 15 janvier 2024

Journaliste

Les Alchimistes Provence traitent 10 tonnes de déchets par jour @DR

De Lille à Montpellier, en passant par Paris et Nantes, Les Alchimistes collectent les biodéchets des professionnels et des collectivités. Et les transforment localement en compost. L’obligation du tri à la source dès le 1ᵉʳ kilo généré, entrée en vigueur le 1er janvier 2024, a accéléré l’activité de cette entreprise de l’ESS. Coup de projecteur sur Les Alchimistes Provence.

La cofondatrice des Alchimistes Provence se réjouit du changement réglementaire du 1er janvier 2024. Par conviction écologique bien sûr, mais également pour l’impact sur son activité. « Nous avons un joli pic. De plus en plus d’entreprises font appel à nous, notamment des communes en charge de la restauration collective dans les écoles, les Ehpad et les crèches », précise Lorraine Guers. Les Alchimistes, implantés dans la Métropole Aix-Marseille, le Grand Avignon et à Manosque, a ainsi gagné ce mois-ci 50 clients supplémentaires, « ce qui nous en fait en tout 350 ».

Pas de quantité minimum pour être client. « C’est large : ça va des petits producteurs qui ont moins de 100 kilos par mois, comme le café-fleuriste La Butinerie,  jusqu’à plusieurs tonnes par mois pour les très gros producteurs comme le CROUS ou les Grandes Halles ».

10 tonnes de déchets organiques traitées chaque jour à Marseille

Les Alchimistes collectent le compost des particuliersCréés en septembre 2019 à Marseille, Les Alchimistes Provence ont reçu l’agrément ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale) en avril 2021 et étoffé leur équipe avec vingt salariés. Puis déménagé dans le 15ᵉ arrondissement dans un bâtiment mis à disposition par Euromed dans le cadre du MOVE. Leur nouveau site de prétraitement est « un bel outil industriel » de 800 m2 « Tous les jours, nous collectons, pesons, trions et massifions 10 tonnes de déchets », raconte cette jeune femme. Et de se réjouir du nom de leur rue – boulevard Lavoisier. Antoine Lavoisier, père de la chimie moderne, avait en effet énoncé : ‘’Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme’’. « C’est une super adresse, bien plus jolie que notre ancienne, impasse du pétrole ! »

Collecte à vélo dans le centre-ville 

Les Alchimistes Provence possèdent désormais sept véhicules diesel et un véhicule électrique, l’objectif étant de tendre vers  « la décarbonation ».  La collecte des centres-villes se poursuit à vélo, mais Les Alchimistes ont délégué cette partie à Tout en vélo, pour Aix-Marseille, et La Roue Tourne, pour Avignon. Ces partenaires apportent dans « des points de massification les bacs de collecte que nous venons ensuite chercher ». 

Chaîne de tri et cabine de lavage

[Série] Biodéchets #1 Les Alchimistes transforment les déchets des chefs en or vertLe site possède une chaîne de tri, car, bien que Les Alchimistes forment leurs clients pour qu’ils trient correctement, « il arrive qu’on retrouve couverts, canettes, pots de yaourt, étuis de sauce, etc. dans les bacs », étaye la directrice. Ces erreurs représentent 240 litres environ. « C’est peu au regard de notre production : 1% seulement ». Pour encourager les entreprises à mieux trier, l’entreprise fait payer moins cher les bacs ne contenant aucune erreur.

Le site a également une cabine de lavage pour les bacs souillés par les déchets alimentaires. Ces bacs vides et propres sont échangés avec les bacs pleins des clients. « Le fait d’être en échange de bacs nous permet de peser et mesurer la qualité du tri par bac et remonter les informations au client ».

Créer son propre site de compostage

Une fois triés, les déchets organiques partent sur les sites de compostage industriels, à Ensuès-la-Redonne, Septèmes-les-Vallons, Istres et Tarascon. Ou bien de manière « très ponctuelle » chez des partenaires agriculteurs urbains engagés : Le Paysan Urbain au Cloître, Terre de Mars à Sainte-Marthe et La Ferme Capri dans le 15ᵉ arrondissement. Les Alchimistes Provence ambitionnent de fonder leur propre site de compostage, « mais pour cela, il faut trouver un terrain d’un hectare ». L’entreprise propose néanmoins la vente de compost local et de qualité, produit avec ses déchets alimentaires, en vrac ou en sac de 2 ou 20 litres, grâce au système Click & Brouette.

Déchets des particuliers

L’équipe des Alchimistes DR

Durant deux ans, Les Alchimistes Provence ont collecté les déchets des particuliers dans certains arrondissements marseillais grâce à la mise en place de 12 points d’apport volontaire. Depuis le 31 décembre 2023, la Métropole Aix-Marseille, à l’initiative de cette expérimentation, a repris le flambeau. 

Le premier déploiement a démarré en janvier 2024 à Marseille dans les arrondissements du 9e au 16e. Suivront les arrondissements du 1er au 8e en cours d’année. Puis l’est de la métropole à l’horizon 2025, et enfin l’ouest et le centre en 2026. Objectif 1200 bornes. La Métropole met à disposition un bio-seau gratuit pour tous des habitants. Ils sont invités à déposer leurs déchets alimentaires en vrac ou dans un sac papier kraft dans les bornes de couleur marron. Ces déchets sont acheminés vers un centre de compostage industriel du territoire. Ils subissent un processus de décomposition progressif jusqu’à devenir un engrais naturel : du compost prêt à enrichir les sols agricoles locaux.♦

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Bonus

  • Opération couches fertiles. En 2020, Les Alchimistes ont fondé le Couches Fertiles Lab sur la friche René.e, à Pantin. Ils ont étudié la compostabilité en conditions réelles de prototypes de couches 100% compostables, écoconçues par leurs partenaires industriels comme Celluloses de Brocéliande et Mundao, fabricants de couches breton et bordelais. Ces prototypes ont été testés dans des crèches à Paris et Lyon, puis collectés et compostés par Les Alchimistes, localement. 

Après cette phase test, Les Alchimistes ouvrent un nouveau chapitre de précommercialisation du service dans d’autres crèches et d’autres villes. Et préparent l’industrialisation de la solution. Dernière étape : la commercialisation des couches par les fabricants. « Les prototypes sont quasiment définitifs, nos partenaires travaillent dessus. Ce sera prêt d’ici la fin 2024 », explique Mathilde Chataigner, chef de projet Couches Fertiles chez Les Alchimistes.

 

  • En bref, par Galaad Schnerb, stagiaire de 3e

Le tri des déchets est un acte concret pour réduire notre empreinte écologique. En séparant les déchets recyclables, compostables et non recyclables, nous contribuons à diminuer la quantité de déchets enfouis dans les décharges, favorisant ainsi la préservation des ressources naturelles.

Le tri est obligatoire pour les déchets recyclables :

Papiers, cartons, plastiques, métaux, verre. Ces matériaux seront acheminés vers des centres de recyclage pour être transformés en nouveaux produits.

Les déchets compostables :

Déchets organiques tels que les épluchures, restes de repas et déchets de jardin. Le compostage permet de produire un engrais naturel tout en réduisant la quantité de déchets transportés vers les sites d’enfouissement ou les incinérateurs.

Les déchets non recyclables :

Certains déchets, tels que les emballages souillés, les couches jetables et les objets en plastique non recyclable, doivent être jetés dans la poubelle classique.

Galaad : Salut ! Penses-tu que trier les déchets organiques à la maison est important ?

Rose*, jeune fille d’une vingtaine d’années : « Oui, absolument ! Ça réduit notre empreinte carbone et ça permet de créer du compost super utile pour les plantes ».

Est-ce que tu savais que dans certaines régions, c’est obligatoire de trier les déchets organiques ?

R : « Vraiment ? Eh bien, je pense que c’est une bonne idée. Ça encourage tout le monde à participer et à faire sa part pour l’environnement ».

Quels avantages vois-tu dans le tri des déchets organiques au niveau environnemental ?

R : « Eh bien, ça évite que ces déchets finissent en décharge, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Et puis, tu peux créer du compost qui nourrit le sol. C’est du gagnant-gagnant ».

Comment penses-tu que les gens peuvent être mieux informés sur le tri des déchets organiques ?

R : « Hmm, peut-être à travers des campagnes sur les réseaux sociaux, des affiches dans le quartier ou même des ateliers communautaires. Il faut rendre ça accessible et cool ! »

*Le prénom a été changé