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La Fondation de France, quinqua tonique !

 
Jane Bouvier de L’école au présent : son association a été soutenue en 2016 par la Fondation de France dans le cadre de son programme Enfance

Elle fête ses 50 ans ce 9 janvier. Tout le monde la connaît sans savoir qui elle est : privée, indépendante, tournée vers des projets philanthropiques, « la Fondation de toutes les causes » rassemble 400 000 généreux donateurs. Cécile Malo, déléguée générale Méditerranée (PACA, Corse et Languedoc-Roussillon), nous ouvre les portes de ce qui est devenu, au fil des décennies, une Institution.

 

Marcelle- Comment est née la Fondation de France ?

La Fondation de France, quinqua tonique ! 1

En 1968, André Malraux, ministre de la culture, missionne son directeur de cabinet aux États-Unis pour observer les Philanthropy Foundations, qui permettent de s’investir de manière volontaire pour telle ou telle cause. En la matière, les States ont un tour d’avance. Le 9 janvier suivant, portée par un collectif de banquiers, la Fondation de France voit le jour, avec l’idée de permettre à tout un chacun de soutenir l’intérêt général autrement qu’en s’acquittant de ses impôts.

 

À quoi sert-elle ?

Les sommes qui nous confiées sont gérées par un comité financier avisé. Elles sont ensuite affectées au repérage, au financement et au soutien de projets portés par des associations, des écoles, des chercheurs. Cette intervention se fait dans le cadre de programmes (enfance, culture, emploi…) ou de fondations abritées par la FDF.

Chaque année, la Fondation de France lance des appels à projets. Chaque année, c’est quelque 1500 réponses qui remontent pour notre seul territoire, de la part de porteurs de projets qui ont répondu en ligne ou ont été repérés par nos experts bénévoles (voir bonus), dans le cadre de nos programmes et de nos fondations abritée. Nous en retiendrons entre 500 et 600 qui se répartiront un budget d’environ 12 millions d’euros. Parmi les projets financés, citons Le Café des familles, à Gap, ou le Fil à initiatives qui œuvre à resserrer les liens dans la cité Félix Pyat, à Marseille.

 

Comment agir avec la Fondation de France ?

Il y a trois portes d’entrée. Faire un don, son montant est adapté aux moyens de chacun.. Faire un legs, vous avez certainement entendu la campagne publicitaire à la radio ! Enfin, dernière possibilité, qui intéresse beaucoup les entreprises, seules ou à plusieurs, créer une fondation sous notre égide. Nous en totalisons environ 850 aujourd’hui.

On peut donner sans mentionner un objet, ou affecter son don à une cause ou un territoire. Ainsi, la Fondation Louise Vauclare respecte les vœux de la légatrice en distribuant ses bourses à des orphelins ou jeunes sans soutien familial vivant dans le Gard ou les Alpes Maritimes.

 

Qui sont vos philanthropes ?

Ils sont 400 000, un chiffre en hausse, et bien-sûr tous singuliers ! Le profil type a beaucoup évolué, s’est modernisé. Longtemps, il s’est agi de personnes plutôt âgées, agissant dans le respect d’une certaine tradition familiale, une certaine éducation qui voulait qu’on donne aux « bonnes œuvres », de façon très discrète. Ces donateurs sont toujours présents à nos côtés, mais une nouvelle génération les côtoie. Plus jeunes, ils souhaitent agir, être partie prenante de leur geste, mesurer son impact, se rendre sur le terrain, rencontrer les porteurs et protagonistes du projet. Mieux que passeur, être acteur. Pour beaucoup d’entre eux, la fortune n’est pas un héritage, ils ont connu une belle réussite, souvent en créant leur entreprise, et estiment qu’il est de leur devoir de participer au mieux-être collectif. Il y aussi un fond de culture religieuse…

 

Religion et philanthropie seraient donc liées ?

Il y a trois ans, nous avons réalisé une étude comparative sur la générosité des Français et remarqué que la carte de la France des dons, si on observait la part des foyers qui donnent, épousait celle de la pratique religieuse d’il y a 40 ans, avec une large bande traversant le pays en diagonale, du sud-ouest vers le nord-est. Au regard de ce critère, notre région n’est pas la plus généreuse !

 

Et sur d’autres critères ?

Paradoxalement, le don moyen est plus élevé à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône qu’ailleurs : environ 400 euros, soit 50 euros de mieux. Nous l’expliquons par la physionomie de ce territoire où les personnes les plus aisées côtoient les plus pauvres, observent et ressentent les difficultés sociales.

 

Les entreprises s’engagent de plus en plus !

Bien-sûr, car la philanthropie est un excellent outil pour fédérer, impliquer les salariés, renforcer le sentiment d’appartenance. S’inscrire sur un territoire avec la conscience de ses fragilités. L’engagement sociétal flatte également l’image des entreprises en externe. Ces dernières privilégient souvent un projet de court ou moyen terme, entre 3 et 5 ans car, au-delà, la donne peut changer du tout au tout dans leur organisation.

Parmi les fondations abritées, nous comptons une centaine de fondations créées par des entreprises,

La plus importante est la fondation Daniel et Nina Carasso, très tournée vers l’environnement et la culture. Plus près, nous avons à Marseille la fondation Regards de Provence (autour de la culture), ou encore la fondation des Aéroports de la Côte d’Azur. Certaines sociétés permettent à leurs salariés de choisir la cause qui sera soutenue, à l’image de la fondation du groupe marseillais Bourbon : ce sont les cadres qui ont porté le projet en interne (soutien à des projets éducatifs, sanitaires et sociaux pour des populations démunies), et le comité d’administration a validé.

 

Quels sont vos principaux champs d’action ?

Nous sommes multi-spécialistes, notre fondation a une expertise tous azimuths : recherche, environnement, culture, éducation, logement…. Dans notre région, quatre causes émergent. La lutte contre les inégalités sociales et la pauvreté (nous avons soutenu par exemple plusieurs fois les Compagnons Bâtisseurs, qui aident les plus vulnérables à accéder à un logement décent). L’accompagnement des migrants par le biais de l’insertion sociale et professionnelle (avec le collectif aixois Agir, par exemple), l’environnement (avec la fondation de la Tour du Valat, en Camargue, qui effectue des recherches sur les écosystèmes en Méditerranée). Et, enfin, la lutte contre les replis identitaires, sujet brûlant depuis l’attentat de Nice. Ceci passe par l’éducation, mais aussi la pratique artistique et la culture. Nous épaulons ainsi des établissements scolaires (comme le collège Alexandre Dumas à Marseille) ou encore l’association Méta 2 dans le quartier de Saint-Mauront.

 

Pourquoi et comment devient-on déléguée générale de la Fondation de France ?

Après une école de commerce et un début de carrière professionnelle dans la gestion financière, j’ai voulu donner un nouveau sens à mon engagement et mettre mes compétences au service de l’intérêt général. J’occupe ce poste depuis juin 2003 et je ne m’en lasse pas. Je suis au plus près de l’humain et de sa complexité. La philanthropie permet d’agir et d’apporter sa contribution à la société. Elle rassemble, crée des liens. Nous sommes des sentinelles, à l’affut des nouvelles failles de notre société, à même d’inventer dans l’urgence comme dans la durée des pratiques nouvelles, de changer les regards. C’est passionnant.

 

Bonus
  • Les bénévoles de la FDF Méditerranée sont 40. Une moitié affectée à l’accueil et l’accompagnement des philanthropes. L’autre moitié composée d’experts compétents dans les champs d’action de la FDF. Tous sont recrutés sur CV, lettre de motivation et entretien, souvent de jeunes retraités qui apportent leur expertise technique, leur connaissance dans certains domaines et dossiers ainsi que leurs réseaux. Ils repèrent et accompagnent dans le montage, la réflexion, la résolution des aléas. C’est un bénévolat exigeant. Le recrutement est permanent, n’hésitez pas à postuler : mediterranee@fdf.org