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Les Casseroles Solidaires de Michel Portos mijotent de nouveau

Par Paul Molga, le 29 novembre 2020

Journaliste

Photo Robert Poulain

[au fait] À Marseille, le chef doublement étoilé et sa brigade de bénévoles relancent l’opération qui a permis d’offrir plus de 20 000 repas aux plus démunis lors du premier confinement.

Nouvelle saison de Casseroles Solidaires pour Michel Portos. Lors du premier confinement, cette opération avait permis de préparer plus de 20 000 repas chauds à destination des plus démunis. Le restaurant Les Jardins du Cloître avait obtenu l’autorisation d’ouvrir ses fourneaux et de s’approvisionner auprès de la Banque Alimentaire. Des dons de nourritures avaient aussi été proposés spontanément, qui par un producteur de légumes, qui par un grossiste, qui par un restaurateur.

« On élaborait nos menus jour après jour, en fonction des arrivages », raconte le chef qui a pu compter sur le renfort de plusieurs confrères pour réaliser sans relâche jusqu’à 750 repas quotidiens empaquetés par une dizaine d’autres bénévoles. « Rien de très sophistiqué : une base de pâtes et de riz pour la consistance, des légumes, parfois du poisson en sauce et une gourmandise en dessert », rapporte Michel Portos.

 

La demande risque d’exploser avec le froid

Avec la deuxième vague, l’opération vient de reprendre, mais plus timidement, faute de moyens : quelque 200 repas sont préparés gracieusement chaque jour pour l’association Vendredi 13 qui organise ses maraudes phocéennes avec une centaine de bénévoles. Avec la crise économique, les autorités s’attendent à une explosion de la demande à l’approche du froid. Des appels d’offres sont dans les tuyaux, sur lesquels la cantine des Casseroles Solidaires se positionnera nécessairement. « Nous avons rodé la logistique », défend le chef. Cette fois encore, il rencontre le soutien sans faille d’Arnaud Castagnède, cofondateur et directeur du pôle d’innovation et d’entrepreneuriat social Le Cloître, dans lequel se loge le restaurant. La dynamique de la première édition est intacte, le collectif peut de nouveau compter sur la Fondation des Apprentis d’Auteuil mais aussi une belle clique d’entrepreneurs engagés, d’associations investies et de bras dévoués.

Michel Portos n’est pas un novice en matière de solidarité. Après avoir quitté le Saint-James de Bouliac, à qui il a fourni sa deuxième étoile, pour revenir sur ses terres marseillaises, puis vendu les deux brasseries gastronomiques qu’il y a lancées avec succès, il s’est investi dans des projets plus emphatiques. En commençant par les Baumettes où il a produit une série de vidéos de recettes en détentions : des pas-à-pas pour cuisiner en cellule les bons de cantines et revisiter les plateaux-repas.

Depuis, les contrats de conseiller culinaire que sa notoriété lui permet de négocier à bon prix, l’autorisent à multiplier ses actions engagées. L’an passé, il a par exemple organisé un concours culinaire pour les détenus des quatre centres pénitentiaires d’Auvergne-Rhône-Alpes. Il n’hésite pas non plus à donner de sa personne quand il s’agit d’offrir un repas gastronomique à presque 2 000 détenus. Ces faits d’armes sont parvenus aux oreilles du restaurateur Elior qui lui confie régulièrement des missions d’expertise et de conseil pour l’amélioration de ses cuisines carcérales. ♦

 

  • À (re)lire : notre reportage en immersion auprès des Casseroles Solidaires, juste avant le déconfinement, en cliquant ici.

Branle-bas de casseroles pour aider les plus démunis