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Les futurs experts du solaire se forment à Marseille

Par Agathe Perrier, le 2 février 2023

Journaliste

Sacha, Marin et Lorik font partie des 12 élèves de la première promotion de NRSud, l'école dédiée aux métiers du solaire © Agathe Perrier

NRSud, la première école de production dédiée aux métiers du solaire a ouvert ses portes à Marseille. Destinée aux jeunes de 15 à 18 ans, elle fait la part belle à la pratique, qui représente 80% des cours : les élèves travaillent sur de réelles commandes et acquièrent ainsi les compétences recherchées par les entreprises du secteur. À la clé : des diplômes reconnus et une embauche assurée. 

 

Les énergies renouvelables ont le vent en poupe et feront bientôt l’objet d’une loi pour accélérer leur déploiement. L’État souhaite en effet les développer, notamment le photovoltaïque (bonus). Or, les entreprises font face à un manque de main-d’œuvre, qui plus est qualifiée. Car, aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’existait pas jusqu’à récemment de formation initiale dédiée au domaine du solaire. « Les jeunes se forment dans les filières traditionnelles, notamment de l’électricité. Mais ce n’est pas parce qu’on est un bon électricien qu’on est bon dans le solaire ! C’est un secteur qui nécessite des compétences transversales. C’est pourquoi des entreprises ont eu l’idée de créer une école de production », résume Clémentine Lacroix, directrice de cet établissement baptisé « NRSud ». Reconnue par l’État, la structure a ouvert ses portes le 9 novembre 2022 à Marseille, au technopôle de Château-Gombert (13e arrondissement).

 

 

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Hormis l’âge, l’école choisit les élèves en fonction de leur motivation et leur envie de travailler dans les énergies renouvelables © AP

Un seul critère d’admission : la motivation

12 élèves font partie de la première promotion de NRSud. Âgés de 15 à 17 ans, ils viennent de filières générale ou professionnelle. Certains avaient de bonnes notes au collège ou lycée, d’autres moins. En fait, là n’est pas l’important pour Clémentine Lacroix. « On les choisit sur leur motivation et leur envie de travailler dans le secteur des énergies renouvelables, il n’y a pas de sélection sur le niveau ».

Le cursus s’étale sur quatre ans et se base sur la pédagogie par le faire, propre aux écoles de production (bonus). Ainsi, le travail pratique représente 80% des cours. C’est d’ailleurs ce qui a convaincu les adolescents de se détourner d’une filière classique. « Ça change du cadre scolaire », apprécie Sacha. Et Lorik d’ajouter : « Je préfère être en atelier que de rester assis sur une chaise toute la journée ».

 

♦ Des « journées découverte » auront lieu les mercredis 8 février, 8 mars, 5 avril, 24 mai et 7 juin. Inscription obligatoire par mail, avec CV et lettre de motivation à joindre : contact@nrsud.fr.

 

De la pratique et surtout de la pratique

En ce moment, le petit groupe élabore des coffrets électriques spécifiques aux installations solaires pour une société avignonnaise, sous la houlette du référent électricité de l’école. « Je vérifie chaque boîtier lorsqu’il est terminé. C’est important parce qu’ils seront réellement envoyés au client », indique Rodolphe Ricardo. La qualité professionnelle est donc de rigueur : il en va de la crédibilité et de la pérennité de NRSud. Car l’établissement facture ces commandes aux entreprises. Une manne financière qui constitue un tiers de ses financements et lui permet de rendre la formation gratuite. Les élèves n’ont qu’à régler quelque 150 euros par an pour les frais administratifs (bonus).

La pratique ne se cloisonne pas aux murs de l’école. Les jeunes seront aussi envoyés sur le terrain plusieurs semaines chaque année, au travers de stages et de chantiers en entreprise. Le reste des cours se veut plus théorique et scolaire : français, histoire-géo, maths, physique-chimie, anglais… Ce qui plaît moins à certains adolescents, dont Lorik et Sacha, qui s’en accommodent cependant.

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L’école est destinée aux jeunes dès l’âge de 15 ans qui souhaitent se former aux métiers de l’électricité, chauffage et climatisation basés sur les énergies propres © AP

 

Une formation adaptée aux besoins des entreprises

Si les diplômes et certifications obtenus n’ont pas vocation à changer avec le temps, le contenu pédagogique de NRSud est lui voué à évoluer. « On implique les entreprises dans son élaboration car l’objectif est de former des techniciens correspondant à leurs besoins. Le but est de s’adapter aux mutations du secteur », indique Clémentine Lacroix. La première année n’est pas encore terminée que le programme a déjà été revu. Dans les mois à venir, les élèves devaient initialement aborder les centrales solaires résidentielles. Un dispositif désormais accessible aux particuliers sans que n’intervienne forcément un professionnel, d’où l’inutilité de les former dessus.

Au terme des quatre ans, les adolescents ressortiront avec un CAP électricien ou un bac pro « Maintenance et Efficacité Énergétique », les certifications et habilitations du secteur. « Ils seront de véritables techniciens des énergies renouvelables. 100% d’entre eux pourront signer un CDI, j’ai déjà des promesses d’embauche », assure la cheffe d’établissement. Les entreprises fondatrices et partenaires se sont en effet engagées à attendre la fin de la formation pour les recruter. Les élèves pourront néanmoins poursuivre sur des études supérieures s’ils le souhaitent. Une porte que ne se ferme pas Marin. « Je verrai à ce moment-là. Cette école coche déjà toutes les cases que je cherchais : me former aux énergies renouvelables, un cursus pas trop long et des perspectives d’avenir et de salaire corrects ».

 

 

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Si la première promotion est entièrement masculine, les filles sont évidemment les bienvenues © AP

C’est le moment pour candidater !

Le processus de recrutement pour la rentrée 2023 est d’ores et déjà lancé. NRSud organise des « journées découverte » une fois par mois pour permettre aux intéressés d’en savoir plus sur sa formation. Ouvertes à tous sur inscription, il faut néanmoins envoyer CV et lettre de motivation pour y participer (bonus). Une façon pour la directrice de jauger le degré d’implication des futures recrues. Et si la première promotion est entièrement masculine, les filles sont évidemment les bienvenues. ♦

 

Nos soutiens 9parraine la rubrique « Environnement » et vous offre la lecture de cet article *

 

Bonus

[pour les abonnés] – les financements – La Fédé des écoles de production – Le retard de la France dans les renouvelables –

  • Les financements de NRSud – L’école a été fondée par Bao Formation, Dual Sun, Engie, Total Energies, SysENR et Tenergie (cette dernière entreprise parraine par ailleurs la rubrique « environnement » de Marcelle. Plus d’infos sur ce rôle en cliquant ici). À terme, 30% du budget sera assuré par la production des élèves. Le reste se partagera entre des subventions publiques de l’État et des collectivités locales (60%) et privées (10%). L’école occupe actuellement des locaux au technopôle de Château-Gombert, mais déménagera dès la rentrée prochaine du côté de Capitaine Gèze (15e).
  • Avec les écoles de production, apprendre par le faire – NRSud fait partie de la Fédération nationale des Écoles de Production. Il s’agit d’établissements privés d’enseignement technique, à but non lucratif, reconnus par l’État. On en compte une cinquantaine en France dans différents secteurs : industrie, automobile, bâtiment, restauration… Plus d’infos en cliquant ici.
  • La France en retard sur les renouvelables, dont le solaire – Selon le Baromètre annuel Observ’ER publié ce mois de janvier. Les énergies renouvelables ne représentent en effet actuellement que 19,3% de sa consommation énergétique finale, contre un seuil censé être à 23%… depuis 2020. L’Hexagone est d’ailleurs le seul État membre de l’Union européenne à ne pas avoir atteint son objectif. L’Assemblée nationale et le Sénat planchent en ce moment sur un projet de loi pour justement rattraper le retard dans l’installation d’infrastructures d’énergies renouvelables, en simplifiant les procédures de lancement des chantiers. Son adoption définitive est attendue ce 7 février. Pour rappel, Emmanuel Macron a pour ambition pour 2050 de multiplier par dix la capacité de production d’énergie solaire – pour dépasser les 100 gigawatts – et de déployer 50 parcs éoliens en mer, pour atteindre 40 GW.