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Le Paysan Urbain sème des pousses dans tout Marseille

Par Maëva Danton, le 28 mai 2022

Journaliste

[au fait !] Figure de l’agriculture urbaine à Marseille, le Paysan Urbain est avant tout connu pour la culture de micro-pousses. Mais depuis deux ans, ce chantier d’insertion porte d’autres activités axées sur la transmission. Pour que les citoyens apprennent, eux aussi, à verdir leur ville.

Tout pousse à belle vitesse chez le Paysan Urbain. Au départ, en 2018, ils étaient quatre. Aujourd’hui, ils sont quarante. Dont la moitié en contrat d’insertion. « Nous n’avions jamais espéré que ça marche si bien », souffle d’ailleurs Benjamin, l’un des quatre fondateurs.

Sous les serres, les micro-pousses continuent de croître, soignées par les mains délicates d’une quinzaine de salariés dont la moitié en contrat d’insertion. Une vingtaine de variétés cohabitent en fonction des saisons. Offrant aux convives des chefs qui les cuisinent – soit environ 500 adresses- une savoureuse explosion de vitamines.

 

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Désormais, les micro-pousses ont pris place auprès d’environ 500 tables de restaurateurs. Elles sont aussi plébiscitées par des acteurs de la cosmétique. @DR

Semer le goût de la nature en ville

Mais depuis deux ans, le Paysan urbain ne se résume plus à cela puisque la moitié de son activité et de ses effectifs se dédient désormais à une autre mission : la transmission. « L’idée, c’est que si l’on veut que la ville soit plus verte, il faut que les riverains et les responsables de zones extérieures apprennent à gérer ces espaces de manière écologiste ».

Alors le Paysan Urbain les sensibilise. Les forme. Accompagne des porteurs de projets. Construit avec eux des jardins partagés. Et ce, en s’appuyant bien sûr sur l’énergie de salariés en insertion. « Ceux sont eux qui assurent cette transmission. Nous les formons aux métiers de formateurs nature et intervenons avec eux sur quinze à vingt sites à Marseille ». Une mission valorisante puisqu’il s’agit souvent, souligne Benjamin, d’assurer un cours pratique de SVT à la place de l’enseignant partenaire. Ces salariés interviennent aussi dans l’accompagnement de porteurs de projet, en lien avec l’agriculture urbaine, notamment des jardins partagés.

 

 

Et pour aller plus loin encore dans sa démarche de transmission, l’association a lancé il y a un an une École du vivant. Un projet qui a permis d’installer des jardins pédagogiques dans tous les établissements du quartier populaire de Malpassé. Et pour que cela profite au plus grand nombre, les jardins sont ouverts à tous les habitants sur plusieurs créneaux hors temps scolaire.

Ce projet doit, dès septembre prochain, s’amplifier avec la coopération de huit associations en charge de la programmation.

 

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Parmi les fleurs que fait parfois pousser le Paysan urbain : des cosmos, des capucines ou encore des tagètes. @B.navez

Faire fleurir l’activité

Côté production, l’association a l’intention d’élargir sa gamme. Et de proposer de façon plus régulière des fleurs comestibles. « Il nous est arrivé d’en vendre de manière épisodique. À chaque fois, tout est parti », sourit Cécile. Mais il faudrait alors disposer d’espaces supplémentaires. Car il n’est pas question d’utiliser de manière intensive les parcelles actuelles, dans un souci de préservation d’une nature sauvage, terreau de biodiversité. « On aimerait bien avoir entre 2 et 5 hectares de plus, en zone urbaine ou périurbaine mais avec un accès aux transports en commun. Idéalement avec un bâti sur lequel on pourrait engager un chantier de rénovation puis réaliser de la transformation de produits ». Jus ou pestos de micro-pousses … les idées sont nombreuses. Autant que les perspectives qui seraient alors offertes aux personnes en parcours en insertion. ♦

 

  • Quelques chiffres – Depuis début 2019, le Paysan urbain a recruté et accompagné une cinquantaine de personnes dans leur parcours de remobilisation vers l’emploi. Son taux de sorties positives (obtention d’un emploi, d’une formation ou création d’entreprise) oscille entre 85 et 90% en fonction des années.