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Polaris met le cap sur la plongée citoyenne

Par Guylaine Idoux, le 26 janvier 2021

Journaliste

Une plongeuse citoyenne formée dans le cadre du programme Polaris recense des espèces sous-marines (c) Septentrion Environnement

Découvrir les fonds marins en aidant au recensement des espèces sous-marines : c’est l’idée innovante de Polaris, un programme de plongée écocitoyenne lancé à Marseille par l’association Septentrion-Environnement. 

Écouter cet article en podcast – 5 minutes

 

Mine de rien, c’est une première. Elle a lieu sous les mers, à quelques encablures de Marseille. Bouteilles sur le dos, à une quinzaine de mètres de profondeur, des plongeurs sont occupés à compter les coraux rouges, les gorgones, les sars et autres dorades… Ni biologistes diplômés, ni scientifiques de métier, ils sont des pionniers. Tous bénévoles et adhérents d’un programme de science participative baptisé Polaris. Celui-ci permet aux plongeurs amateurs de participer à des études scientifiques, un projet développé par l’association Septentrion-Environnement (voir ses autres activités dans nos bonus).

 

Marier plongée de loisir et science participative

Basée à Marseille, la petite structure est animée par huit salariés. Depuis sa création en 2007, l’équipe a toujours milité, entre autres, pour la « plongée environnementale ». Son école de plongée associative encourage cette pratique.

Avec le programme Polaris, Septentrion-Environnement va plus loin. Admirer les paysages et leur biodiversité en les respectant, c’est bien ; participer à leur préservation, c’est encore mieux.

C’est là qu’entre en jeu la science participative, un concept né aux États-Unis dans les années 1970, développé en particulier par les ligues de défense des oiseaux. Le principe est simple : former des amateurs au recensement des espèces afin de transmettre -bénévolement- ces données aux scientifiques.

 

Une stagiaire inspirée
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Laura Barth, la stagiaire aux bonnes idées, depuis devenue référente pour Polaris (c) Septentrion Environnement

L’appliquer à la plongée à Marseille ? L’idée revient à une jeune biologiste, Laura Barth, arrivée en stage chez Septentrion-Environnement : « J’ai mis ce temps à profit pour développer Polaris… et je suis restée ! Je suis aujourd’hui en charge d’animer le projet sous toutes ses formes, de la collecte de données à l’analyse scientifique, en passant par le montage financier ».

Sur 250 adhérents à l’école de plongée environnementale de Septentrion-Environnement, 80 participent à Polaris. Concrètement, d’avril à novembre, l’école sort tous les week-ends. Des créneaux sont réservés à Polaris, dix à douze personnes maximum pour ne pas se gêner une fois sous l’eau, ni déranger les espèces : « En amont, nous avons appris aux participants à connaître et compter les poissons » explique Laura Barth.

 

Plongée-Marseille-Science

Plongées en petit comité

Les plongeurs descendent par « palanquées » (groupes, dans le jargon des plongeurs) de trois ou quatre personnes. « Sur une plongée d’une heure, nous passons quarante minutes à nous balader dans les fonds marins et vingt minutes à dénombrer des espèces, explique Nicolas Legrée, l’un des encadrants bénévoles. Polaris met le plongeur en position d’écocitoyen. Les plaquettes nous donnent un autre regard sur le milieu marin, c’est très enrichissant ».

Selon ce plongeur passionné, professeur d’anglais dans le civil, même les trajets en bateau sont différents de ceux des clubs dits « classiques » : « Notre bateau en bois est moins rapide que les Zodiacs qui foncent sur les sites de plongée. On met une heure pour arriver alors on a le temps d’échanger entre plongeurs ! ».

Polaris met le cap sur la plongée environnementale et citoyenne
Mais qui sont ces poissons ? Les plongeurs de Polaris, eux, connaissent la réponse (c)Septentrion Environnement

 

Les données scientifiques analysées

À l’heure du retour à quai, il y a aussi la satisfaction d’apporter sa contribution à la connaissance scientifique. « Notre association traite directement certaines données recueillies dans le cadre de nos propres recherches, détaille Laura Barth. Mais nous en transmettons aussi à nos partenaires scientifiques. Parmi eux, le Parc National des Calanques et la ville de Marseille, preneuse de données sur les impacts de certaines mesures, telle la mise en place des récifs artificiels du Prado ».

Lancé comme un projet expérimental, le programme de plongée Polaris a désormais fait ses preuves à Marseille. « Avec 80 plongeurs adhérents, nous avons atteint un plateau maximum au sein de Septentrion-Environnement », estime Laura Barth.

Prochaine étape : déployer Polaris dans d’autres clubs de plongée. Selon la biologiste, des contacts sont déjà en cours avec des structures de Marseille, La Ciotat et Cassis. « L’Office Français de la Biodiversité nous a également sollicités pour le développer au-delà » assure Laura Barth.

 

Une application plus sexy

En attendant, la scientifique a sollicité le soutien de la Fabrique Aviva (voir nos bonus), un concours national autour de l’entrepreneuriat social et solidaire. Lancé par l’assureur du même nom, celui-ci permet à 15 structures d’empocher 60 000 euros. « Ces fonds permettraient d’améliorer notre application smartphone destinée aux plongeurs », espère Laura Barth. L’appli, qui existe déjà, pourrait être plus pédagogique et plus intuitive, mais aussi plus ludique. De quoi attirer plus de plongeurs au sein de ce programme vertueux. D’ici le 9 février, les internautes sont invités à soutenir leur projet préféré, un vote qui comptera pour 40% dans la décision finale du jury. À bon entendeur… ♦

 

Bonus
  • Septentrion Environnement – L’association organise ses activités autour de trois pôles : recherche, médiation (plongée à Marseille) et formation autour des métiers de la mer. Forte de huit salariés, biologistes et plongeurs, Septentrion-Environnement porte par exemple des projets de recherche appliquée (sur le corail rouge, les petits fonds côtiers…). L’association participe aussi à des projets de gestion du milieu marin. Que signifie Septentrion ? « En français ancien ou littéraire, septentrion veut dire « le nord », et nous sommes au nord de la Méditerranée. C’est aussi un clin d’œil aux sept membres de départ » décrypte Laura Barth. À savoir : s’il reste accessible, le site Internet de l’association est en travaux. Dans un an, une nouvelle formule sera en ligne.