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Plus de filles dans les métiers du numérique !

Par Zoé Charef, le 8 mars 2023

Journaliste

À la fin de la semaine, les lycéennes repartent fièrement avec leurs diplômes... et leurs lunettes de soleil ! © Othilie Pougniet

Pour ouvrir les métiers du numérique à plus de mixité, l’association Objectif pour l’Emploi propose des interventions dans les écoles et des stages d’initiation pour lycéennes, afin que « les filles osent le numérique. » Reportage à Grenoble.

 

« Ce plafond de verre, c’est vous qui allez le faire sauter », s’exclame pleine d’espoir Élisabeth Dubois, responsable de la RSE Région Auvergne-Rhône-Alpes chez CGI, une des plus importantes entreprises de services numériques et de conseil au monde. Le plafond de verre dont elle parle, ce sont ces « freins invisibles » à la promotion des femmes dans les structures hiérarchiques. Pour le « faire sauter », l’association Objectif Pour Emploi a mis en place des sessions d’initiation au numérique pour les lycéennes de cette Région.

Accueillies dans les locaux de l’entreprise à Grenoble, quinze lycéennes volontaires vont donc s’approprier le numérique à travers différents ateliers et, pourquoi pas, changer les choses…

 

Des motivations et des ateliers divers pour découvrir le numérique

Plus de filles dans les métiers du numérique !
Les lycéennes en plein atelier découverte du numérique. ©Othilie Pougniet

Des ateliers de graphisme, d’intelligence artificielle, de codage, de communication digitale, de montage vidéo et des témoignages de professionnels sont au programme. Chaque année, c’est un peu plus de 70 lycéennes qui sont initiées au numérique grâce aux semaines Ell’oweb. Ces stages permettent aux participantes de découvrir « comment ça se passe dans une entreprise », explique l’une d’entre elles. « Je n’ai jamais fait de stage et je ne voulais pas forcément m’engager dans ce domaine, mais ça m’a fait changer d’avis. Je pensais que tout le monde faisait du code, mais le numérique est beaucoup plus varié que ça en réalité ! »

Une lycéenne en classe de seconde aime beaucoup faire du code lors de ses cours de technologie au lycée. Cette semaine l’aide à s’orienter, « parce que le monde du travail est très flou pour moi. Ça m’a permis de comprendre un peu mieux comment tout ça fonctionne. Ce que j’ai appris me servira toujours d’une façon ou d’une autre dans ma vie, donc je suis contente. »

L’une des filles est venue par curiosité, parce que personne ne travaille dans le domaine du numérique dans son entourage. Une autre, au contraire, baigne dans ce milieu. Mais ce qui l’a décidée à participer au stage, « c’est que ce soit un stage juste pour les filles ! »

 

♦ Lire aussi : Prouver aux filles qu’elles aussi sont faites pour les sciences 

 

Ouvrir les métiers à plus de mixité

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Les stagiaires apprennent à réaliser une vidéo, du script au montage. © Othilie Pougniet

Othilie Pougniet est chargée de mission Orientation et mixité. Son rôle est d’accompagner les jeunes de collèges et lycées dans leurs parcours d’orientation pour « favoriser la mixité dans l’ingénierie, le numérique et les secteurs techniques. » L’action de l’association vise plus particulièrement les filles, mais des interventions pour tous sont organisées dans certains établissements de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « C’est notre programme Ingénieur.e.s et techniciens / techniciennes de demain. On anime des ateliers de sensibilisation sur les stéréotypes de genre, puis un professionnel ou un étudiant des secteurs du numérique intervient pour parler de son métier. »

Outre Ell’oweb, Othilie Pougniet travaille sur la mission Mixité orientation famille. « On essaye de favoriser le dialogue entre les élèves et leur entourage sur l’orientation scolaire et les stéréotypes. Avec toujours cette même volonté d’ouvrir sur davantage de mixité, par exemple les métiers du bâtiment ou d’infirmier. Pour que les garçons aussi bien que les filles puissent se projeter dans des professions dans lesquelles ils ne s’imaginaient pas forcément. »

♦ Relire : L’égalité des carrières hospitalières homme-femme n’est pas une option !

Des entreprises très investies

À son origine, en 1995, l’association Objectif pour l’Emploi (OPE) accompagne les jeunes diplômés d’écoles d’ingénieur qui ne trouvent pas de travail. « Ça a été créé par des ingénieurs pour des ingénieurs, détaille Othilie Pougniet. Le pôle orientation est né un peu plus tard. Il s’ajoute au pôle insertion qui accompagne les personnes en reconversion professionnelle dans le numérique ou en recherche d’emploi. » 

OPE est historiquement soutenue par le rectorat pour ses actions. Mais pour mener à bien ses programmes, l’association a besoin d’entreprises partenaires. Car ce sont elles (avec, éventuellement, leurs fondations) qui financent en partie les actions. Et ce sont leurs salariés qui témoignent lors des interventions. 

L’entreprise CGI de Grenoble accueille cette semaine d’initiation au numérique depuis maintenant trois ans. « On apporte notre contribution avec nos témoignages et des activités sur les différents métiers », précise Élisabeth Dubois. Et le vice-président de CGI Grenoble, Marc Dieppedale d’ajouter : « On souhaite faire changer cette idée préconçue que l’informatique, c’est un mec geek devant son ordi. C’est difficile de savoir ce qu’on fait dans le numérique et l’informatique. Et c’est pour ça que ces semaines de découverte sont très importantes. Il faut montrer qu’on peut être dans le codage très technique mais aussi dans des domaines comme la vente ou le médical. »

Moins de 30% de filles dans les études supérieures d’ingénierie

L’association lyonnaise agit ainsi en faveur de l’insertion professionnelle et de l’orientation. Elle œuvre à la mixité dans les parcours scientifiques car les femmes et les hommes y sont très inégalement répartis. On retrouve en effet moins de 30% de filles dans les filières d’ingénierie, les prépas scientifiques ou DUT/BUT scientifiques. Le rapport du ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes révèle qu’il n’y a que 27,5% de femmes travaillant dans les métiers du numérique, tous métiers confondus, en 2022. Le chiffre peut chuter à 20% voire 15% selon les secteurs.

Objectif pour l’Emploi souhaite promouvoir l’égalité des chances, « pour que les jeunes puissent accéder à n’importe quel milieu professionnel, peu importe le sexe », souligne Othilie Pougniet. ♦

 

Bonus
  • Pendant leur semaine de découverte du numérique, les lycéennes ont participé au concours national Je filme le métier qui me plaît, dont l’objectif est la réalisation d’une vidéo de trois minutes sur un métier de leur choix (ici, le numérique).
  • Les semaines Ell’oweb se déroulent pendant les vacances scolaires dans les académies de Lyon, Clermont-Ferrand et Grenoble. Des listes d’attentes sont mises en place afin de permettre à toutes les participantes d’y prendre part. Une première tentative avait échoué à Mâcon en 2022, car les lycéennes et les entreprises n’avaient pas répondu présent. « C’est notre plus grosse difficulté : élargir nos missions à de nouveaux territoires de la Région et faire en sorte de se faire connaître », explique Othilie Pougniet.
  • L’association s’occupe des ateliers portant sur la mixité, l’orientation scolaire et professionnelle. Elle est à la recherche de bénévoles pouvant apporter leur expertise sur l’ingénierie et l’aspect technique du monde du numérique.

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