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Pourquoi le PLUi va changer notre quotidien

Par Rémi Baldy, le 30 août 2019

Journaliste

PLUi par-ci, PLUi par là…. Vous avez sûrement aperçu ces quatre lettres au cours des derniers mois. Et pour cause, il s’agit du plan local d’urbanisme que s’apprête à voter la Métropole Aix-Marseille. Un sujet technique, que j’ai défriché pour vous permettre d’y voir un peu plus clair.

 

Transformer un champ en lotissement, empêcher qu’une tour vienne gâcher la vue sur la mer ou les collines… Voici le genre de modification urbaine qui impacte directement le quotidien des citoyens. Pour réguler tout cela, la Métropole s’apprête à voter son PLUi ou plan local d’urbanisme intercommunal. Un dossier initié en 2015 et qui entre dans sa dernière ligne droite. On vous aide à tout comprendre en cinq questions.

 

À quoi sert-il ?

Le plan local d’urbanisme intercommunal, le plus souvent abrégé avec le sigle PLUi, est une feuille de route dédiée aux communes pour définir ce qu’il est possible de faire en termes d’urbanisme, pour les 15 prochaines années. Concrètement, c’est ce document qui définit quelles sont les zones constructibles, agricoles ou commerciales et dictent ce que les maires peuvent construire ou non.

En l’occurrence, 18 villes sont concernées et découpées en une centaine de  Pourquoi le PLUi va changer votre quotidien 2planches. Soit des cartes recentrées sur des zones précises. Chacune comporte ensuite différents codes, zones de couleur ou des symboles qui définissent les « éléments remarquables » comme les sites patrimoniaux, les espaces boisés ou encore les « prescriptions de vue » pour éviter que des constructions bouchent l’horizon. Voilà un exemple d’une planche qui définit les règles sur une partie d’Allauch et du quartier de la Treille à Marseille.

Si cela vous fait peur, c’est normal, pour les citoyens l’intérêt du PLUi se concentre surtout dans les lieux qu’ils fréquentent. Si vous voulez savoir à quoi votre quartier pourrait ressembler, il faut trouver la planche dans laquelle il se trouve. Là est la limite du document qui reste complexe à appréhender, avec ses différents codes et légendes, malgré un résumé non-technique qui compte tout de même 48 pages.

 

Qu’est-ce qui est différent par rapport au précédent ?

Jusqu’à présent, chaque maire avait son propre PLU, or c’est désormais la Métropole qui chapeaute cette fois un seul et même document pour 18 communes d’où le nom de plan local d’urbanisme intercommunal. Une simplification qui se traduit notamment par la réduction drastique du nombre de planches passées de 450 à une centaine.

Voilà la liste des communes concernées : Châteauneuf-les-Martigues, Sausset-les-Pins, Marignane, Carry-le-Rouet, Ensuès-la-Redonne, Gignac-la-Nerthe, Saint-Victoret, Le Rove, Septèmes-les-Vallons, Marseille, Plan-de-Cuques, Allauch, Cassis, Carnoux-en-Provence, Gémenos, Roquefort-la-Bédoule,  Ceyreste et La Ciotat. Ce territoire concentre 1,04 million d’habitants.

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Pourquoi toutes les villes de la Métropole ne sont-elles pas concernées ?

Comme son nom l’indique, le PLUi est intercommunal et non métropolitain. Un cadre restreint choisi avant tout pour des raisons politiques puisque, lors de la difficile création de la métropole Aix-Marseille, l’une des concessions faites aux maires opposés à ce projet a été de laisser aux conseils de territoire la compétence pour leur plan local d’urbanisme. Raison pour laquelle les 18 communes concernées par le nouveau PLUi sont celles du conseil de territoire Marseille-Provence.

Le territoire métropolitain compte six conseils de territoire plus ou moins grands puisque celui du pays de Martigues ne réunit que Martigues, Port-de-Bouc et Saint-Mitre, alors que le pays d’Aix compte 36 communes.

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Quel a été le bilan de l’enquête publique ?

En début d’année, du 14 janvier au 4 mars, l’ensemble des documents qui constituent le PLUi ont été mis à disposition pour procéder à une enquête publique. Un moyen pour les citoyens de consulter les changements prévus, ou pas, dans leur quartier et de donner leur avis en ligne ou dans des registres physiques.

Ce sont ensuite 18 commissaires enquêteurs qui ont compilé les plus de 7 000 requêtes reçues. Leur rapport de 1 400 pages publié en mai, consultable ici pour ceux qui en ont le courage, émet un avis plutôt favorable. On y trouve tout de même quelques réserves, notamment sur les logements sociaux pour lesquels la métropole est invitée à rééquilibrer l’offre entre les arrondissements de Marseille. Il est également recommandé de renforcer la protection du parc Longchamp, dont une partie doit être déclassée pour rendre plus simple la possibilité de construction.

En revanche, on ne sait pas quels avis seront pris en compte par la Métropole et quelles modifications cela pourrait entraîner.

 

Quand le PLUi entrera-t-il en vigueur ?

Les nouvelles règles s’appliqueront début 2020 après une adoption en décembre 2019, sans passer par la case débat public. Le calendrier a été confirmé par la Métropole alors que sa présidente, Martine Vassal, a suspendu le vote de tous les dossiers stratégiques tant que le gouvernement ne détermine pas les contours de la fusion avec le Département. ♦