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Quand des patrons s’engagent pour former de futurs… patrons !

Par Olivier Martocq, le 17 mai 2022

Journaliste

Saison 4 de « Make the Choice ». Inspiré de « the Voice » le programme culte de TF1, l’incubateur initié par le patronat des Bouches-du-Rhône (UPE13) accompagne 50 jeunes porteurs de projets sur huit mois, de mai à décembre. Après une sélection draconienne, un coaching personnalisé doit les porter jusqu’à la création de leur propre entreprise.  

 

Pas de mineurs même talentueux ici. Les porteurs de projet retenus sont âgés de 18 à 35 ans. Ils ont en général fait des études et même, pour beaucoup d’entre eux, déjà tâté à la vie active. Comme à la télévision, pour pouvoir tenter leur chance, il leur a fallu convaincre un jury via des vidéos limitées à une minute et demi. Une prise de tête pour beaucoup de postulants pour parvenir à résumer le concept innovant qu’ils ont imaginé, mais aussi son marché potentiel et la façon de le capter. Le tout sans barber l’auditoire. Trente postulants seront éconduits lors de cette épreuve du pitch, où certains révèlent plus de talent que d’autres.

 

L’exemple des sandales Cacatoès

« Ce n’est pourtant pas l’essentiel », regrette Jordane Assouline qui va animer une « master class » le 20 juin prochain. Piètre oratrice en public car le stress lui fait perdre le fil de sa pensée, la fondatrice de la marque de sandales Cacatoès n’en est pas moins un exemple pour ces jeunes qui rêvent de créer une marque. En 2016, elle a lancé une sandale en PVC. Il y a la forme et la couleur, le fait qu’elle soit recyclable et que donc le client est incité à la déposer dans des points de collecte quand elle est usée. Mais ce qui va marquer les esprits, c’est qu’elle est parfumée. Sept ans plus tard Cacatoès est présente dans vingt pays et distribuée dans pas moins de 900 points de vente sans compter, bien sûr, internet. « Imaginer, créer et réaliser son rêve n’est pas évident. D’où mon engagement dans cette aventure car j’ai envie de favoriser l’émergence de nouveaux talents ».

 

Des coachs bénévoles motivés !

Quand des patrons s’engagent pour former de futurs… patrons ! 1
David Layani, Pdg de Onepoint et parrain de la promotion 2022 ©UPE13

David Layani, parrain de la promotion 2022 de The Choice, est sur la même longueur d’onde. Président fondateur de Onepoint, entreprise spécialisée dans la transformation et l’accompagnement numérique des organisations, ce Parisien qui compte plus de 2500 salariés dans le monde et affiche un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros a décidé de s’investir et donc cautionner cette saison 4. « Il y a beaucoup d’énergie. Des jeunes qui peuvent apporter des réponses concrètes au pays. On est là pour leur dire que tout est possible à condition d’être déterminé. Surtout, il faut les accompagner sur le long terme car s’il y a beaucoup de créations d’entreprise en France, c’est souvent le pari du court terme et l’échec. Moi je m’inscris dans le temps long. » 

Philippe Korcia, le patron des patrons au niveau du département, est particulièrement satisfait de l’affiche côté coachs. Des chefs d’entreprise emblématiques comme Ghislain Foucque, fondateur de la plateforme de collecte d’argent Le Pot Commun. Ou Christophe Juville, le patron de la franchise de restaurants Spok, animeront des master classes. Des entreprises emblématiques du territoire -CMA CGM, Deloitte, Smalt Capital, la Caisse d’Épargne CEPAC, le groupe La Varappe ou Total Énergies- accueilleront les jeunes en immersion durant quatre mois.

 

♦ (re)lire : Une écurie solidaire pour les étudiants de médecine

 

Des jeunes à la recherche de réseaux !

Le casting des porteurs de projets retenus est lui aussi intéressant. Les diplômés sortis d’écoles de commerce sont minoritaires. « Ceux à qui nous pouvons apporter le plus sont les autodidactes », reconnaît David Layani. Comme Olivia Vinapon 30 ans, l’archétype du profil recherché par ces patrons reconnus et établis. Elle a travaillé dans la grande distribution, vendeuse dans les rayons de cosmétiques. Désormais, elle veut créer sa propre marque à partir de plantes naturelles que l’on ne trouve qu’en Afrique de l’Ouest. « Je veux les importer, les distribuer en France dans des magasins bio et bien sûr en e-commerce ». Dans cette business académie qui va lui demander de dégager du temps, elle vient chercher des compétences pour adopter une posture et des réflexes managériaux. Mais aussi et surtout un réseau qu’elle n’a pas.

Mohamed Doumbia, qui a participé à la saison 3, illustre cette quête. Il a imaginé un logiciel qui permet au client un essayage virtuel du vêtement qu’il projette d’acheter via internet. « L’objectif est d’éviter les retours de produits qui déçoivent parce que la coupe ou la taille n’étaient pas adaptées. Mais au-delà de l’économie pour le fabricant cela permet de limiter l’impact environnemental de toute la chaîne logistique en France ». Son coach a été Jocelyn Meire qui a lancé il y a trois ans Fask, le réseau des professionnels de la mode en région sud. Mais aussi la Fask Academy, l’école de production de confection textile qui forme les jeunes aux métiers industriels du textile.

 

Des patrons à l’affût d’une future licorne

« Sur les 150 projets accompagnés depuis trois ans, dix seulement ont échoué », affirme Philippe Korcia, qui évoque aussi le chiffre de 43 entreprises créées. « Avoir du réseau facilite la réussite », admet le président de l’UPE13. Et les chefs d’entreprises qui acceptent de coacher, justement ont du réseau. Ils savent comment s’adresser à un banquier, monter un dossier financier, aller chercher les subventions et les aides de toutes natures qui existent au niveau local, régional, national, européen. Ils vont dans la phase très délicate de l’amorçage occuper une place centrale.

D’où un non-dit. Accompagner un jeune créateur permet en effet d’appréhender un nouveau modèle économique, une vision disruptive ou tout simplement une vraie découverte. Le coach se retrouve au cœur du système. Il a de l’argent. Peut financer et prendre une part significative du capital de la société en devenir à coût très bas. Parmi les chefs d’entreprises présents certains ont développé des fonds d’investissement, se revendiquent business angels. La loi du capitalisme n’épargne pas « Make the Choice » ! ♦

À quoi peut ressembler une start-up sociale ? 5

*RushOnGame, parrain de la rubrique « Économie », vous offre la lecture de l’article dans son intégralité *

 

 

Bonus
  • Un « Village des possibles » au Delta Festival. Cet espace de 100m2 est dédié aux 50 porteurs de projet « Make the Choice ». Une opportunité exceptionnelle de rencontrer des entreprises, des organismes de formations, des écoles, des associations ainsi que des organismes d’accompagnement à l’emploi et l’orientation, tout en vivant une expérience unique dans une ambiance conviviale et festive ! Objectif : développer le réseau et activer des opportunités business. Le Delta Festival se tient du 29 juin au 3 juillet.

 

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