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Une plateforme pour réduire les délais d’obtention de son passeport

Par Agathe Perrier, le 27 mai 2023

Journaliste

Si la carte d’identité permet de voyager au sein des pays de l’Union européenne, le passeport permet de se déplacer partout dans le monde © Photo d'illustration - Pixabay

Difficile de décrocher rapidement un rendez-vous en mairie pour (re)faire son passeport ou sa carte d’identité. Le délai est de plus de 60 jours, sans compter le temps de création du document. Pour les plus pressés, la plateforme Vite mon passeport permet de gagner 27 jours. 

 

Les réservations auprès des compagnies aériennes s’envolent ces dernières semaines, annonçant un bel été pour ce secteur. Et de bonnes vacances en perspective pour les Français. Du moins pour ceux ayant leur passeport à jour. Pour les autres, voyager en dehors des frontières de l’Union européenne risque d’être compromis. Car il faut actuellement attendre en moyenne 66 jours afin d’obtenir un rendez-vous dans une mairie. Et ce n’est que la première étape puisqu’il faut ensuite patienter sept semaines pour la création et l’envoi du précieux sésame. Cette situation de saturation, héritée du Covid, pourrait néanmoins s’améliorer dans les mois à venir.

En attendant, il existe une façon de décrocher un créneau plus rapidement. La plateforme Vite mon passeport permet en effet de réduire ce délai de 27 jours en moyenne d’après son fondateur. Comment ? « Car l’utilisateur a une vision des disponibilités de sa mairie, mais aussi de celles des alentours grâce à la prise de rendez-vous en ligne. Il gagne donc du temps en n’étant pas obligé d’appeler chaque collectivité », explique Ludovic Diligeart. Le gain de temps s’apprécie également du côté des administrations : les agents n’ont plus besoin de répondre aux appels et peuvent s’atteler à d’autres tâches.

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Le fondateur de Vite mon passeport définit sa plateforme comme le « Doctolib du passeport ».

Chasse aux doublons

Vite mon passeport enregistre 400 000 visiteurs uniques par mois, correspondant à « des millions » de rendez-vous pris. Surtout, la plateforme a mis en place un système pour éviter les doublons, qui sont responsables de 30% des rendez-vous non honorés, selon Ludovic Diligeart. Il arrive en effet assez souvent qu’une personne valide un créneau dans plusieurs mairies différentes. Or, elle ne se présente qu’à un seul et n’annule pas forcément les autres. Conséquences : des « trous » dans le planning des agents alors que nombre de citoyens attendent désespérément leur tour.

Ici, il n’est possible de réserver qu’un seul créneau. Pour cela, la plateforme demande à l’utilisateur de renseigner son numéro de pré-demande, qui lui est fourni lorsqu’il démarre la démarche de création/renouvellement de titre sur le site de l’Agence nationale des titres sécurisés. « Grâce à ce numéro, on peut savoir si la personne a déjà un rendez-vous à venir », indique le fondateur, et ainsi l’empêcher d’en bloquer d’autres. À moins d’annuler le premier.

 

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Le gouvernement a promis de réduire les délais d’attente de rendez-vous en mairie à 30 jours cet été et même 20 jours cet automne © Pixabay

Des délais réduits à l’été, vraiment ?

Le gouvernement a promis de réduire ce long délai d’attente, qui avait d’ailleurs dépassé le cap des 100 jours en 2022. Il prévoit de réussir à le descendre à 30 jours dès cet été, et même à 20 jours à l’automne, comme l’a annoncé la Première ministre fin avril. Élisabeth Borne a mis en avant deux leviers pour y parvenir. D’une part, généraliser la prise de rendez-vous en ligne à toutes les mairies. Et, d’autre part, augmenter le nombre de créneaux disponibles en élargissant par exemple les plages horaires. « C’est totalement faisable d’améliorer les choses, mais le problème va traîner encore jusqu’à la fin de l’année », estime cependant Ludovic Diligeart.

Selon lui, la situation commence toutefois à se résorber grâce « aux moyens mis en œuvre par l’État ». Le gouvernement ne vient en effet pas de se rendre compte des tensions, qui remontent à l’après-Covid (bonus). En mai 2022, l’Exécutif a lancé un « plan d’urgence afin de pallier la très forte demande de délivrance de titres d’identité ». Parmi les mesures mises en place, une subvention de 500 euros pour les mairies se dotant d’une solution de prise de rendez-vous en ligne, à l’image de Vite mon passeport. De quoi couvrir l’intégralité de leurs frais pour un an.

Les collectivités qui s’y mettent avant le 1er juillet bénéficient même actuellement d’une enveloppe de 1 000 euros supplémentaires. « C’est une mesure très incitative pour les mairies. Elles n’ont plus d’excuses pour ne pas se doter d’un service en ligne », considère Ludovic Diligeart. Au total, l’État a prévu de consacrer 100 millions d’euros pour financer l’ensemble de ces mesures.

 

 

Une plateforme vouée à perdurer

Le retour à des délais plus acceptables pourrait-il signer la fin de Vite mon passeport ? « Notre site a été créé pour contribuer à diminuer les temps d’attente et désengorger la situation. S’il arrive un moment où il ne sert plus, c’est qu’on aura réussi. Mais je pense qu’il restera toujours utile pour les citoyens pressés », considère Ludovic Diligeart.

La plateforme n’a en tout cas pas vocation à disparaître. Encore moins tant que la situation ne se sera pas résorbée. ♦

 

Bonus 

  • Les experts de la prise de rendez-vous en ligne des mairies – Vite mon passeport a été développé par Rdv360, le « spécialiste français de la prise de rendez-vous en ligne pour les passeports et cartes nationales d’identité (CNI) ». L’équipe, basée à Rennes, travaille avec plus de 500 mairies et s’occupe de la gestion de leurs prises de rendez-vous. « On s’est rendu compte l’année dernière qu’il y avait de fortes tensions pour les rendez-vous de passeports et de CNI. D’où idée de lancer la version grand public de ce qu’on faisait déjà », indique Ludovic Diligeart.
  • Des délais à rallonge depuis le Covid – Les confinements de 2020 ont entraîné la suspension de nombreux rendez-vous. Si l’activité a ensuite repris, les mairies n’ont pas réussi à rattraper le retard. Car les demandes ont par la suite explosé, notamment pour obtenir la nouvelle carte d’identité format « carte bancaire ». Ainsi, la France est passée d’environ 9 millions de demandes en 2019 à plus de 12 millions en 2022.