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Refugee Food Festival #5

Par Marie Le Marois, le 14 juin 2021

Journaliste

[au fait !] À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin, onze villes accueillent la 5édition du Refugee Food Festival. Le concept de cette 5e édition reste le même : des chefs partagent leurs fourneaux avec des cuisiniers réfugiés.

 

Pendant quatre jours, le temps d’un repas, la carte des restaurants marseillais s’enrichit de plats afghans, kazakhs, éthiopiens ou encore soudanais. Cette collaboration entre chefs et cuisiniers réfugiés se traduit par une carte blanche ou un menu à quatre mains. Et pour les clients, une découvertes de saveurs d’ailleurs, plus diversifiées et plus saines.

Le Refugee Food Festival se déroule également à Strasbourg, Paris, Lille, Lyon, Rennes, Nantes, Dijon, Bordeaux, Montpellier et Genève. Sa mission va bien au-delà du partage des fourneaux : il s’agit de faire évoluer les regards sur les personnes réfugiées grâce au pouvoir universel de la cuisine. Et favoriser leur insertion professionnelle dans la restauration.

 

Déjà 400 réfugiés accompagnés
RFF
@Marcelle. Tina Demeke Eneyew, Éthiopienne, lance son service traiteur (Fidèle Traiteur)

Depuis la création de ce festival, en 2016, près de 400 cuisiniers réfugiés ont participé à ce projet – en étant rémunérés. Et 50 000 citoyens ont découvert leurs talents. Selon une étude d’impact de 2019, 70% des personnes participantes considèrent que, grâce à ce festival, ils ont changé leur regard sur les personnes réfugiées. Et 59 % des cuisiniers réfugiés ont eu accès à au moins une opportunité professionnelle.

Certains ont même pu monter leur propre restaurant ou activité traiteur. Citons Magda Gegenava (Chez Magda) à Paris, Hussam Khodary (Restaurant Damasquino) à Strasbourg ou Bassem Ataya (Ataya Traiteur) à Lille.

À Marseille, Tina Demeke Eneyew, Éthiopienne, lance son service traiteur (Fidèle Traiteur) et Abdul Rahman El Khatib, Syrien, projette d’ouvrir son restaurant, sans doute au Panier.

 

Formations qualifiantes

Cet événement ne se limite pas, en effet, au festival. Les cuisiniers sont accompagnés par Food Sweet Food, association qui porte le Refugee Food Festival. Ils peuvent ainsi accéder à des formations qualifiantes avec les programmes Sésame et Tournesol dans certaines régions. Multiplier les expériences avec le restaurant d’insertion de l’association, La Résidence à Ground Control à Paris. Et le service traiteur, à Paris également.

 

2021, Marseille va plus loin
@RFF. La Résidence, restaurant du RFF

Marseille est une « terre d’immigration, d’hospitalité » possédant un « réseau associatif et une scène culinaire importants », souligne Iris Liberty, qui gère le festival à Marseille depuis le début. Et ce, bénévolement, comme dans les autres villes de province.

Il était logique donc que le projet à fort impact social Food Sweet Food se déploie dans la cité phocéenne. Aujourd’hui chargée de projet pour l’association, cette jeune fille pétillante peut dès lors assurer « un accompagnement plus intensif et à l’année des cuisiniers (remise à niveau en français, recherche de stage, recherche de local pour ouvrir un restaurant…) ».

 

Refugee Food Education

La responsable de l’antenne marseillaise peut également lancer le Refugee Food Education. Sous forme d’ateliers de sensibilisation dans des collèges à Marseille, Aix, Arles… qui possèdent leur propre cantine. Deux enjeux : « l’émigration forcée et l’alimentation durable ». Cet événement se déroulera autour du 18 décembre – Journée internationale des migrants. Avec l’intervention de cuisiniers réfugiés dans les cantines et des associations, dont SOS Méditerranée. L’après-midi, des ateliers de cuisine seront proposés avec les cuisiniers réfugiés, autour de l’alimentation durable.

 

Partenariat avec l’association Départ
@RFF. Tina avec Ginko

Le développement de l’antenne marseillaise existe grâce à un partenaire de choc : l’association Départ spécialisée dans l’insertion de public vulnérable à travers la cuisine. Elle porte La Table de Cana (lire notre article ici), Des Etoiles et des Femmes (notre article ici) et le projet Les Beaux Mets (notre article ici). L’alliance avec cette association a « beaucoup de sens ».

Même si le public est différent, « il y a pleins de choses à mutualiser : un réseau de chefs, des formations… », se réjouit Iris Liberty. Et pourquoi pas utiliser le labo de cuisine de La Table de Cana « pour développer une activité traiteur avec les cuisiniers réfugiés qui le souhaitent » ?

Marseille est la première ville à développer une antenne. La prochaine pourrait être Lyon. ♦

 

 

  • Programme
Refugee Food Festival #5
@RFF. Carte avec les restaurants accueillant l’événement.

Mardi 15 juin : LA BALEINE Dîner & 2 projections • Cuisine syrienne par Asieh Kentar

Mercredi 16 juin : LA FEMME DU BOUCHER Dîner • Cuisine afghane par Mohammad Amin

Mercredi 16 juin : CITÉ DE L’AGRICULTURE • Atelier de cuisine turque avec Enès Bilgin

Jeudi 17 juin : BAR GASPARD Pairing cocktails • Cuisine kazakhe par Roza Akhmetova

Vendredi 18 juin : OUREA Déjeuner • Cuisine afghane par Homa Karimi

Vendredi 18 juin : COUVENT LEVAT x ALF Street food • Cuisine syrienne par Abdul Rahman El Khatib

Samedi 19 juin : OPÉRA ZOIZO Dîner • Cuisine libanaise par Rita El Laffee

Samedi 19 juin : LES EAUX DE MARS Déjeuner • Cuisine turque par Enes Bilgin

Du 15 au 19 juin : BOULANGERIE PAIN PAN Pain afghan par Suleyman Khanfiroz

Du 15 au 19 juin : LA LAITERIE MARSEILLAISE. Fromages éthiopien et syrien par Tina Demeke Eneyew et Abdul Rahman El Khatib

Dimanche 20 juin : MAISON MONTGRAND x LA CRÈME Food market • Cuisines éthiopienne, vénézuelienne, libanaise et syrienne. Par Tina Demeke Eneyew, Veronica Garcia Rodriguez, Rota El Laffee et Asieh Kentar

Détails ici, réservation conseillée

 

Bonus
  • Les soutiens du RFF. Le Fonds Epicurien, Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Ville de Marseille, Association Départ, Hammerson (Terrasses du Port).

 

  • Réfugié(e). Personne qui a fui son pays car elle risquait d’y être victime de persécutions et de graves atteintes à ses droits humains, en raison de son appartenance ethnique, religieuse, de ses opinions politiques, de sa nationalité, de son orientation sexuelle ou de son appartenance à un certain groupe social.

 

(re)lire notre reportage

La cuisine pour changer le regard sur les réfugiés