[au fait !] Un manifeste pour témoigner de la souffrance des étudiants ? Lancé en janvier sur les réseaux sociaux, il a eu des vertus thérapeutiques.
Elles n’en pouvaient plus : « On a réalisé qu’il y avait une détresse généralisée autour de nous, en médecine, aux Beaux-Arts, dans des écoles d’ingénieurs… Partout, des étudiants disaient avoir l’impression de ne pas compter dans la gestion de la crise », se souviennent Anouk Ampe et Clara Porter, toutes deux étudiantes en 4e année à Sciences-Po Aix.
Alors, voilà quelques semaines, les deux jeunes femmes ont lancé un « manifeste de témoignage participatif » sur les réseaux sociaux. C’est une sorte de cahier de doléances , où chaque étudiant peut évoquer sa souffrance liée à la fermeture des facs au temps du Covid.
Plus de 160 témoignages
Clara a écrit le premier message : « [Avec la fermeture des universités], j’ai développé des comportements insomniaques dont j’ai peur de ne jamais me débarrasser. Constater que des milliers de jeunes de mon âge ont le désespoir pour seul horizon me révolte. Je veux que nous retrouvions une voix au milieu d’un chaos sanitaire qui n’en finit pas. »
Très vite, ce manifeste de la souffrance étudiante prend de l’ampleur, plus de 160 témoignages aujourd’hui. Partout en France, de semblables initiatives naissent au même moment. Les lire est éprouvant, l’ensemble dessinant la souffrance des étudiants heurtés par les conséquences sanitaires du Covid. Ils devraient être en train de vivre des années enrichissantes, épanouissantes, joyeuses.
Un double effet thérapeutique
Or, ce manifeste devient celui de la souffrance étudiante. Ils parlent « crises d’angoisse », « perte de motivation », « envie de tout quitter », « insomnies », « troubles anxieux généralisés », « désespoir », « disparition d’ambitions »… La suite de témoignages est un crève coeur . C’est une plongée dans un monde étudiant désespéré d’avoir perdu tout contact direct avec ses pairs, et avec ses professeurs.
Maigre consolation : « Ce manifeste a eu un double effet thérapeutique, à l’écriture et à la lecture, assurent les deux étudiantes. Cela nous a rassuré de voir que nous n’étions pas seules. Mais cela nous a bouleversées de voir autant d’étudiants en détresse ».
Maintien du cap sanitaire
Aujourd’hui, elles espèrent surtout des mesures, dont la réouverture des facs en présentiel, « a minima une semaine sur deux ». Pour l’instant, le gouvernement conserve le cap de la priorité sanitaire.
Seule une journée en présentiel a été annoncée, pour les premières années. Autres mesures : des repas à 1 euro dans les restos U et la mise en place de chèques psy. C’est maigre. Mais elles ne perdent pas espoir : « Quand on voit les magasins bondés, on se dit que c’est injuste de ne pas pouvoir retourner en cours, dans le respect des gestes barrières ». Message transmis. ♦
Bonus
- Une enquête FAGE – Fédération des Associations Générales Etudiantes effectuée par l’IPSOS montre des chiffres alarmants : 84 % des étudiants déclarent que la crise a provoqué un décrochage au sein de leur formation et 23 % des répondants déclarent avoir eu des pensées suicidaires durant le confinement.
-
Tu n’es pas seul·e !est un site qui soutient les étudiants avec une partie qui recense tous les soutiens psychologiques gratuits disponibles dans les 30 académies de France, ainsi qu’une liste de lignes d’écoute nationales. Et une partie autre qui contient des conseils pour s’occuper de son bien-être mental : liens informatifs, astuces pour te sentir mieux à l’instant.
-
Un Collectif de Bienveilleurs se constitue sur Marseille, Lyon et Paris : vous êtes professionnel/elle de l’accompagnement, de la relation d’aide et vous pouvez consacrer au moins 1h par semaine à un/e étudiant/e pour un temps d’écoute de qualité? Un moment de partage et de convivialité avec un/e jeune étudiant/e, pourquoi pas sur un banc du côté du Vieux Port ?
Contactez collectifbienveilleurs@gmail.com
(Re)lire notre article La détresse psychologique des étudiants