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Un pacte « bas carbone » pour les nouvelles constructions lilloises

Par Régis Verley, le 26 juillet 2021

Journaliste

Image @ Viviane MONCONDUIT de Pixabay

L’accord autour du Pacte Lille Bas Carbone est présenté comme « inédit ». Pendant des mois, les acteurs locaux de la construction et de l’aménagement – promoteurs, bailleurs sociaux, architectes ou bureaux d’études parmi lesquels Vinci, Enedis ou encore Engie – ont élaboré une charte de 90 exigences. À respecter à Lille, et dans les communes associées de Lomme et Hellemmes.

 

« Nous savons tous que nous devrons aller vers des constructions plus écologiques et plus sobres. Autant s’y mettre tout de suite ». Signataire du Pacte Lille Bas Carbone, comme 140 autres responsables lillois, Arnaud Delannay, bailleur social et PDG de la société 3F-Notre Logis, salue l’engagement local.

 

Réduire l’impact du bâtiment

L’objectif est de permettre l’application immédiate à tous les projets résidentiels et tertiaires, publics ou privés, d’exigences visant à réduire l’impact du bâtiment. Sur le climat, l’environnement et la santé.

Six priorités régissent ces engagements. Dont l’énergie et l’eau, la mobilité durable, les matériaux bas carbone et l’économie circulaire. Tous les signataires s’engagent à maximiser le nombre de logements traversants. À récupérer l’eau de pluie pour arroser les espaces verts. À atteindre un taux de valorisation des déchets issus de la démolition supérieur à 50%. Ou encore à développer les informations sur les bonnes pratiques à destination des habitants.

Il s’agit, selon Martine Aubry, de « faire en sorte d’aller plus loin que la réglementation et de trouver des solutions innovantes dans tous les domaines. Que ce soit la récupération des déchets, la place de la nature ».

 

Planter trois arbres lorsqu’on en abat un
Un pacte « bas carbone » pour les nouvelles constructions lilloises 1
Centre-ville de Lille @Pixabay

Le pacte Lille Bas Carbone prévoit par exemple de « construire avec le plus de matériaux locaux. Planter trois arbres lorsqu’on en abat un. Faire en sorte de développer les stations et garages à vélo…, a listé la maire PS de Lille. Cela nous permet de prendre de l’avance dans la lutte contre le réchauffement climatique (…) Aujourd’hui nous ne pouvons plus construire comme hier. »

« C’est un pacte engageant et pas seulement une charte déclarative« , complète Audrey Linkenheld. La première adjointe à la maire de Lille déléguée à la Transition écologique et du développement soutenable précise que les engagements feront l’objet d’un contrôle régulier. Ce qu’approuve Arnaud Delannay, promoteur de logements sociaux sur la métropole. « Nous ne sommes plus, comme trop souvent, dans de belles déclarations en faveur de l’écologie, mais dans l’opérationnel. Le pacte servira de grille de lecture aux services de la ville lorsqu’ils instruiront les permis de construire. Et nous devrons tous l’intégrer dans nos projets de construction. » Les signataires du pacte pourront d’ailleurs ajouter d’autres clauses aux 90 premières exigences.

Cet accord, qui s’appuie sur plusieurs rapports d’expertise, intervient alors que la ville de Lille a multiplié les initiatives en faveur de l’environnement. Comme le zéro déchet, le développement des espaces verts et de l’alimentation durable. L’objectif étant de réduire l’émission des gaz à effet de serre de 45% d’ici 2030.

 

 

Finaliste du prix de capitale verte européenne

La ville de Lille était candidate au prix de « Capitale verte européenne 2021 ». Finaliste avec Strasbourg, elle a dû concéder le titre à la ville finnoise de Lahti (lire bonus). Mais le dossier, retenu dans la « short list » par les experts européens, a impliqué nombre de partenaires engagés pour le développement de la ville. Tous sont regroupés au sein d’un « club d’entreprises inclusives », en faveur de la production de logements, du climat, de l’environnement et de la santé. Dans le respect des solutions éprouvées et efficaces

Le pacte est issu d’ateliers qui se sont déroulés sur plusieurs années. Il va permettre de développer à grande échelle les techniques déjà testées ponctuellement. Qui contribueront à réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre en limitant l’impact des activités du territoire sur le changement climatique. Et dans le même temps, s’adapteront aux changements climatiques en cours, afin de préserver l’environnement et d’améliorer le bien-être des habitants.

« C’est bien sur des contraintes nouvelles que nous nous imposons, reconnaît Arnaud Delannay. Mais en contrepartie, la ville nous apporte un guide de pratiques qui va nous permettre d’adapter nos modes de faire. Et surtout, nous le ferons tous, ce qui est important ».

 

L’indispensable ne suffit pas

Fait nouveau et original, les priorités définies et approuvées pourront se décliner à un niveau « socle » rassemblant les actions qui s’appliquent systématiquement à tous les projets. Mais les différents promoteurs devront en sus opter pour des actions encore plus poussées, adaptées aux différents projets.

Le niveau « Socle » correspond à un ensemble d’actions considérées comme indispensables pour répondre aux enjeux immédiats d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. En cas d’infaisabilité avérée, elles devront donc être compensées par d’autres actions favorables au climat.

En complément des exigences de niveau « Socle », des exigences de niveau « Avancé » s’appliquent également. Pour chacune des opérations qu’il porte, tout signataire du Pacte retient au minimum quatre actions plus performantes ou innovantes que celles du niveau « Socle ». Celles-ci peuvent être différentes d’une opération à l’autre. Elles constituent un minimum que les partenaires sont invités à dépasser. ♦

 

Bonus
  • Capitale verte européenne. Ce titre a été lancé en 2008 par la Commission Européenne avec pour slogan « Green cities – fit for life ». Soit « Villes vertes – douces à vivre ». Il récompense des villes qui remplissent des objectifs ambitieux en matière d’environnement, de développement durable. Qui peuvent agir comme modèle pour entraîner d’autres villes dans leur sillage. Le titre est attribué pour une année, au cours de laquelle l’Europe fait du territoire élu un territoire ambassadeur au niveau national et européen.

Les concurrentes sont évaluées sur la base d’un dossier et une ville est choisie après étude des candidatures et passage devant un jury. La mobilisation des acteurs locaux sur ces enjeux est également un élément-clé évalué.

En 2022, c’est la ville de Grenoble qui sera la reine des capitales vertes.

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