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Une BD pour parler de l’autisme (mais pas que)

Par Marie Le Marois, le 14 juillet 2022

Journaliste

[bref] Après ‘’J’peux pas, j’ai chimio’’, Alexandra Brijatoff signe une nouvelle BD, consacrée cette fois à l’autisme : ‘’Dans la tête de Tim’’. La talentueuse illustratrice s’empare ici encore d’un sujet difficile, pour le sublimer avec son dessin pétillant. 

 

Marc est un ambitieux promoteur. Un type détestable qui n’hésite pas à écraser les innocents pour parvenir à ses fins. Entre son boulot, son associé et sa petite amie hôtesse de l’air, sa vie à Bruxelles ne souffre aucun obstacle.

Il a donc complètement laissé la charge de son fils de 8 ans à son ex-femme, à Paris. Jusqu’au jour où celle-ci part sans donner d’adresse, en lui laissant Tim.

 

Se débarrasser de ce fils à tout prix

Marc fait tout pour se débarrasser de son fils autiste avec lequel il ne parvient pas à communiquer (mais a-t-il déjà essayé ?). Un IME (Institut médico-social) à Avignon est son seul salut.

L’égoïste qu’il est pourra enfin reprendre sa petite vie tranquille sans être dérangé par cet élément encombrant : ce garçon qui hurle parfois sans qu’il ne comprenne pourquoi. Mais l’institution refuse de le prendre en charge, l’obligeant à prendre ses responsabilités.

 

Puis comprendre ce qui se passe dans sa tête

Commence alors la rencontre entre ce fils et ce père, tous deux handicapés à leur manière. Nous, lecteurs, nous saisissons en même temps que Marc ce qui se passe dans la tête de cet enfant à l’imaginaire débordant. Et les raisons qui le poussent parfois à réagir de manière incontrôlée.

Le plus merveilleux dans cette histoire est que, grâce à Tim, Marc rejoint le monde de l’enfance qu’il n’a jamais vécu. Et trouve ainsi sa part d’humanité. 

 

Pourquoi acheter ce livre ?

Parce que le dessin d’Alexandra Brijatoff est à la fois réaliste et aérien; l’histoire, écrite par Bernard Villiot, bien ficelée. Et le sujet inspirant : toute personne singulière, quelle que soit sa différence, a des choses à nous apprendre.

Pour peu que nous soyons prêts à nous laisser toucher. ♦

 

Bonus

  • Alexandra Brijatoff. Avec son joli trait, elle est devenue la spécialiste des sujets complexes, parfois tabous, dans lesquels elle apporte légèreté et poésie pour les dédramatiser.

Son précédent album, ’’J’peux pas j’ai chimio’’, a obtenu en 2019 le Prix Solidarité créé par l’Union Harmonie Mutuelles.

Alexandra Birjatoff a interviewé une quarantaine de patients, oncologues et accompagnants. Grâce à ces entretiens et sa sensibilité, elle a saisi le parcours de combattant des personnes atteintes de cancer, le travail du personnel soignant, la solitude, la peur mais aussi l’espoir. Le résultat est un album positif qui donne des clés de compréhension aux malades et à leurs proches, avec humour et bienveillance.

 

  • Et aussi ‘’L’ami colocataire’’ de Pog et Séverine Levebvre (Edition Marabout, juin 2022). Ana est une étudiante un peu en marge. Elle fuit tout contact humain. Atteinte d’éco-anxiété, elle éprouve des difficultés à se nourrir. Sa vie s’articule entre ses cours à la fac, ses visites chez le psy et ses conversations avec Olm. Un être protéiforme qui connaît les blessures d’Ana, victime de violences sexuelles.