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Une pièce de théâtre pour démystifier le harcèlement scolaire

Par Lorraine Duval, le 2 juillet 2022

Journaliste

©le bus digital

[bref] La metteure en scène marseillaise Marie Provence (1) s’est attaquée à Revanche, texte contemporain et dynamique sur le sujet du harcèlement scolaire. Cette pièce enlevée constitue une entrée en matière parfaite pour prolonger le débat au-delà du baisser de rideau. À découvrir en famille au Théâtre du Balcon*, dans la programmation Off du Festival d’Avignon.

 

Le propos de cette pièce est le harcèlement, mais encore ?
Une pièce de théâtre pour démystifier le harcèlement scolaire 2
Marie Provence ©Olivier Allard

Revanche (2) se passe au collège qui est en quelque sorte une école de la vie, avec l’entrée dans l’adolescence. On fait l’expérience du collectif, de l’exclusion, de la violence sous toutes ses formes.

C’est ici l’histoire de Tom qui ne supporte plus les élèves qui imposent leur loi. Qui va créer une bande avec les malmenés, les victimes de chantage et les boucs émissaires comme lui. Le groupe prend le nom de Revanche, signe ses actes anonymes d’un grand R et finit par ébranler la confiance des dominateurs. Mais ce succès va signer sa perte : des luttes pour le leadership vont germer, le climat va se détériorer et le groupe va finir par se scinder.

J’ai été séduite par le principe de mettre sur le devant de la scène les dominés plutôt que les harceleurs. Et par le principe de la revanche, plus fair-play que la vengeance. C’est comme aux cartes, on veut aussi son moment de gloire.

 

La pièce a été jouée devant des collégiens. Quel accueil a-t-elle reçu ?
Une pièce de théâtre pour démystifier le harcèlement scolaire 1
©le bus digital

Ados et adultes ont beaucoup aimé. Il faut dire qu’on ne s’ennuie jamais, le rythme est soutenu, une belle énergie est déployée : des battles, du rap, de la musique live. Les cinq comédiens (des trentenaires issus d’écoles dramatiques nationales) se dépensent sans compter. Le décor, fait de gros volumes en carton rappelant les Kaplas, accentue encore le côté jeu et cour de récréation. Il y a du burlesque, de la fraîcheur, de la dérision, mais sans jamais verser dans la caricature.

Les adultes eux ont été touchés par leurs souvenirs, par la maladresse de l’adolescence, par l’humour des situations. Les enseignants et CPE y ont de surcroît vu un bel outil.

 

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Derrière la pièce, quelle est l’idée sous-jacente ?

Les collégiens rencontrés à l’occasion de représentations dans leur établissement nous disent toujours qu’ils en ont marre des discours et des leçons de morale sur le harcèlement scolaire. De la part des infirmières, du corps enseignant, des parents… Donc la pièce ne se veut surtout pas moralisatrice, elle propose une situation et des actions. Elle suggère néanmoins que si la violence est une possibilité, elle n’est pas une solution.

Chacun en fera une lecture personnelle. L’analysera à l’aune de son vécu et de son caractère. Elle pourra être le terreau de débats ou de travaux sur ce sujet. ♦

 

*du 7 au 30 juillet, à 14h15 (sauf les mardis) au théâtre du Balcon , 38 rue Guillaume Puy. Avignon.

 

(1) Marie Provence dirige depuis 2010 7e Ciel, une compagnie marseillaise. Elle signe ici sa cinquième mise en scène.

(2) La pièce Revanche, écrite en 2019 par l’autrice Marjorie Fabre est éditée aux éditions Koïnè.