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Comment parler du Coronavirus aux enfants ?

Par Nathania Cahen, le 18 mars 2020

Journaliste

Les jeunes enfants peuvent se trouver désemparés par les événements liés au Covid-19. Déscolarisés, coupés de leurs copains, privés d’activités. Parfois perturbés par des images d’hôpitaux ou des discours alarmistes. Mais autorisés à regarder la télé ! Nous avons interrogé le Dr Hervé Aubin, pédopsychiatre à Marseille, sur les bonnes pratiques à instaurer avec eux.

 

Comment les enfants vivent-ils cette période inédite ?

« Avec la télé et la radio, les enfants reçoivent énormément d’informations, souvent sans filtre. Selon leur milieu socioculturel, ils auront des explications sur ce qu’ils voient ou entendent. Et même là, selon leur sensibilité, tous les parents ne réagissent pas de la même façon. Il est donc difficile de donner un conseil général ! Mais à l’exception des histoires intimes, il est préférable de tout dire à un enfant. A fortiori s’il est concerné par ce qui se passe autour de lui.

L’information du Covid 19 est du même ordre que celle du 11 septembre 2001 lors de la chute des tours à New-York. Il y a un impact très traumatique quand on n’est pas préparé. Une déflagration liée à l’excès d’infos et d’images qui peuvent préoccuper ou angoisser.

Les plus petits vont alors tout faire pour se connecter sur la même longueur psycho-affective que leurs parents. Ils vont tenter de dévier leur sujet de préoccupation sur eux-mêmes. Montrer une forme de désespoir pour qu’on s’occupe d’eux. »

 

Quoi faire, que leur dire ?

« La seule chose à faire est de les rassurer. Comme le fait avec nous le Gouvernement, qui s’est placé en posture parentale. Leur expliquer simplement qu’il s’agit d’un microbe. Un microbe comme celui qui donne le rhume. Sauf que celui-ci fait attraper une maladie plus grave que le rhume, mais que les enfants ne peuvent pas attraper. Parce que vous les enfants développez en permanence des défenses immunitaires qui vous rendent beaucoup plus résistants que les adultes.

Il faut les rassurer, parfois en dépit du bon sens, leur dire que tout va bien se passer et qu’il ne va rien leur arriver. C’est ce que disent les parents à leurs enfants, y compris quand ils sont réfugiés dans une cave avec des bombes qui pleuvent dehors. »

 

Est-il nécessaire de les impliquer ?

« Il y a bien évidemment une dimension éducationnelle et civique. Il est nécessaire de leur inculquer qu’il ne faut pas faire n’importe quoi. Or cela n’a rien d’évident avec l’individualisme qui prévaut souvent.

Le plus simple est de faire jouer la fibre narcissique, de dire « attention, tu peux être contaminé par quelqu’un d’autre », qui le concernera plus que « attention, tu peux contaminer quelqu’un d’autre », qui sous-tend un devoir, une contrainte. »

 

Poursuivez-vous vos consultations ?

« J’ai annulé tous les rendez-vous. Les enfants viennent accompagnés la plupart du temps, cela génère trop de passage. Mais mon cabinet va devenir virtuel, je vais mettre Skype en place bien que je ne reçoive pas d’appel pour le moment, les gens sont encore abasourdis. Dans certaines familles, le confinement va mettre en place des Cocotte-Minute, et j’espère pouvoir me rendre utile à ce moment. » ♦